lundi 29 avril 2013

Fais ce que tu voudras


Lire et relire Nicolas Chamfort, histoire de désespérer les amateurs de Terreur et autres penseurs fâcheux d'un nouvel espoir, d'une nouvelle révolution, d'une société nouvelle, ces naïfs aux idées et à la plume lourde, ne peuvent que détester cet aristocrate au désespoir léger, et aux amours gracieux.

" Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà, je crois, toute la morale. "

" Pour les hommes vraiment honnêtes, et qui ont de certains principes, les commandements de Dieu ont été mis en abrégé sur le frontispice de l'abbaye de Thélème : Fais ce que tu voudras. "

" La fausse modestie est le plus décent de tous les mensonges. "

" Il y a des sottises bien habillées, comme il y a des sots très bien vêtus. "

" On est plus heureux dans la solitude que dans le monde. Cela ne viendrait-il pas de ce que la solitude on pense aux choses, et que dans le monde on est forcé de penser aux hommes ? "





à suivre

Philippe Chauché

dimanche 28 avril 2013

Sade et les Fielleux

Nous y sommes comme jamais :  ces temps manquent décidément de talent, d'un côté des fâcheux qui veulent en finir avec l'aimable Marquis, l'accusant de mille maux, sans avoir le moindre mot juste pour en débattre, de l'autre un féminisme dominant qui n'a que faire de l'art de la vie, et qui ne rêve que de domination inversée, mais aussi, une manière de tout  montrer et de tout dire du vide des élites, ce qui ne manque pas de piment, les rois sont nus et ils se croient vêtus de velours et de soie, ou encore un bavardage néo-marxiste qui fait des émules dans les poulaillers.
Nous sommes dans une nouvelle Terreur sociale, où à chaque instant le Marquis a sa place quoi que puisse en écrire un fielleux néo-philosophe de comptoir, et les fâcheux gâteux rabougris qui ne savent pas lire, n'y trouveront point leur compte et c'est heureux, nous ne mangeons pas du même pain, nous ne buvons pas du même vin. Peu nous importe, nous lui réservons quelques éclats, à l'image de ceux que nous accordent quelques fées libres et uniques. Être là où l'on ne nous attend pas, voilà notre politique, elle ne concerne que trois ou quatre personnes qui ont, d'une certaine manière la langue bien pendue, qui fait trembler les imprécateurs de tout poil.

" On  a bien raison de dire, ma chère amie,  que les édifices construits dans la position où je suis ne sont bâtis que sur du sable, et que toutes les idées qu'on se forme ne sont que des chimères détruites aussitôt que conçues. "

" De la prison, Messieurs ! de la prison, vous dis-je ! et demain nos cousins, nos frères se feront capitaines de vaisseaux. - Prison, soit, répond d'une langue empâtée le président Michaut, qui vient de faire un somme. -  Prison, Messieurs, prison, ! dit d'une voix aigrelette le beau Derval griffonnant à la sourdine sous son manteau un billet doux à une fille d'opéra. Prison, sans contredit, ajoute le pédagogue Damon, la tête encore échauffée du déjeuner à la buvette. - Eh ! qui peut douter de la prison ? conclut d'un gosier glapissant le petit Valère, huché sur la pointe des pieds et regardant sa montre pour ne pas manquer l'heure du rendez-vous de Mme Gourdan.
Et voilà donc, en France, à quoi tient l'honneur, la vie, la fortune et la réputation du citoyen ! La bassesse, la flatterie, l'ambition, l'avarice, commencent sa ruine et l'imbécillité la finit. "


à suivre

Philippe Chauché














vendredi 26 avril 2013

Une Femme Légère


L'art d'écrire est un art de la légèreté, parfois même un certain art d'aimer, rien ne mérite que l'on ne s'acharne sur les scènes agitées du monde, tout mérite que l'on ouvre les yeux sur les mouvements du Temps, sur une fleur, un arbre, une lune, un sein, une plage, un dos, un livre, un dessin, un lapin sauvage, tout mérite de notre amusante inutilité et notre douce futilité.
L'art d'écrire dans la folie fâcheuse et parfois monstrueuse du monde, est un art de la distance distinguée, un art profondément solitaire. Vivre dans une solitude luxueuse et soyeuse, pourrait être sa devise, et il lui arrive de la partager, ou plus précisément de croiser une autre solitude joyeuse qui se laisse faire par ce qu'elle écrit.

" La plage est à l'origine de mes plus sûres découvertes, de celles dont je continue de vivre, malgré leur ancrage en un terrain friable, sur lequel, par définition, rien de durable ne s'édifie. "

" Traînée à l'échafaud, la proximité du supplice ne provoque chez Mme du Barry aucun sursaut d'héroïsme. Sur la charrette elle gémit, se débat, crie qu'il s'agit d'une erreur. Au lieu de se projeter dans une image plus grande qu'elle - ce que, la précédant, on su si bien faire Charlotte Corday, Marie-Antoinette, ou Mme Roland -, elle se ratatine de terreur, fond en larmes, tombe en faiblesse. Elle n'a pas de dignité et démontre avec éclat qu'une existence abonnée à la volupté n'est pas meilleure préparation de la mort. Mme du Barry a perfectionné d'autres talents ; elle a su jouir et faire jouir. Elle a aimé les parfums, les rubans, les bijoux, le regard des hommes, leur sexe, leurs mains. Et c'est de ce fond délicieux de frémissements, de caresses, d'orgasmes qu'au moment d'être précipitée sous le couperet de la guillotine monte en elle cette supplication : " Encore un petit moment, monsieur le Bourreau. "

" Dans ces années studieuses, dédiées à l'art d'aimer et d'habiter sans lendemain, le voyage me paraissait la seule vocation possible ; une activité dont l'objet était si vaste qu'il excédait les ressources d'une vie. "




" Vous avez passé la journée dans les cafés, à calmer une soif que rien n'apaise. Et maintenant, sans hésiter, sans lire les lettres éteintes de son enseigne de néon, vous entrez dans le premier hôtel venu. Vous demandez une chambre. On vous dit que la chambre 34 est libre, voulez-vous la visiter ? Ce n'est pas la peine. On vous tend la clef avec un sourire absent, tandis qu'au dehors, dans le tournoiement des hirondelles, le carillon des vêpres se déchaîne... Vous notez, par réflexe, qu'il n'y a aucun éclairage pour lire. C'est une chambre comme une autre. Une chambre où l'on ne fait que passer.  "

à suivre

Philippe Chauché



mercredi 24 avril 2013

Le Meilleur des Mondes


" je ne suis pas naturiste
je porte un tee-shirt noir
je suis végétalien
et alors qui ça dérange ?
ils disent que nous sommes éco-terroristes
c'est quoi leur problème au juste ?
leur système ne marche pas
nous vivons dans ses ruines
j'ai le soutien du Dalaï Lama

l'amour de l'île n'a pas de limites "


Alors qu'ici et là, des écrivains naïfs pour le moins, racornis pour certains, fâcheux pour le pire, ne rêvent que de meilleur des mondes, en écrivant comme d'autres éternuent, un certain Jean Marc Flahaut, dont celui qui écrit ces lignes ne savait rien il y a quelques semaines, offre ici un petit ouvrage piquant et drôle, pas très éloigné à bien y regarder de ce qu'écrit un autre écrivain  amateur de la possibilité d'une île, détesté par les humanistes camusiens et lecteur amusé de Shoppenhauer, qui s'il nous accompagnait signerait avec nous ce petit billet.
Jean Marc Flahaut sait qu'une certaine dérision conduit au meilleur et le meilleur n'est jamais l'ennemi du pire, surtout quand le pire naît d'une plume audacieuse et moqueuse.

" d'un côté

une organisation opaque se réclamant du climato-scepticisme

tous ses membres portent des cache-oreilles en forme de bénitier preuve qu'ils ne s'en laisseront pas conter par les mensonges de la communauté scientifique sa politique de compensation écologique et la mise en place de zones protégées

de l'autre

de protestataires venus du monde entier qui dansent chantent et manifestent bruyamment d'une même voix quel que soit leur âge leur apparence et leur origine en brandissant à bout de bras des panneaux sur lesquels on peut lire

nous sommes tous des réfugiés climatiques ! "

à suivre

Philippe Chauché

dimanche 21 avril 2013

L'Incertain




" Trait hors des chemins, sûr de son chemin, qu'avec nul autre on ne saurait confondre.
Trait comme une gifle qui coupe court aux explications.
Peinture pour l'aventure, pour que dure l'aventure de l'incertain. Après des années toujours encore l'aventure. "

Écrire, peindre, dessiner avec en tête la permanence de la certitude de l'incertain, le doute est toujours au bout de la phrase, du crayon et du pinceau. Les pigments s'accordent à ce mouvement, ils n'ont au bout du compte point d'autre destinée, ils ne méritent que de celui  qui les manie, comme les phrases ne méritent que de celui qui s'évertue tant bien que mal de les assembler. Leur beauté, si beauté il y a, vient de là.




" Malgré tous les progrès de la recherche, un sein bien formé reste, jusqu'à présent, le type idéal du résonateur. "

" Elle repose, sa grande langue, soigneusement enclose en sa bouche aux lèvres imperceptiblement entrouvertes, sa grande et désirable langue bien cachée. "

" Je frôlai en la frôlant un abîme de joie. "

Fidèle à quelques incertaines fréquentations, il lui arrivait parfois de douter de la réjouissante effusion d'un rire, de l'instabilité d'un corps qui se repose de la jouissance, et de la beauté troublante d'un coucher de soleil, mais à bien y regarder il finit par se dédire.





à suivre

Philippe Chauché

samedi 20 avril 2013

Retour au Même



" Entre l'Ennui et l'Extase se déroule toute notre expérience du temps. "

" La mélancolie : le temps devenu affectivité. "

" La musique est du temps sonore. "

" Rien ne s'explique, rien n'est prouvé, tout se voit. "



Henri Michaux

" Montaigne, un sage, n'a pas eu de postérité ; Rousseau, un hystérique, remue encore les nations.
Je n'aime que les penseurs qui n'ont inspiré aucun tribun. "

à suivre

Philippe Chauché




jeudi 18 avril 2013

Le Regard et le Crime


" Le bourreau et ses aides veulent me lier les pieds. Je refuse. La loi l'exige. Dura lex, sed lex. Alors, je me laisse faire. Et puis on me coupe les cheveux. J'enfile ensuite la chemise rouge, réservée aux condamnés à mort pour crime d'assassinat. J'avais pensé garder mes gants mais le bourreau m'a assuré qu'il saurait me lier les mains sans me faire aucun mal. Il serre le moins possible. Je prends congé du citoyen Richard et de sa femme, qui ont été si bons pour moi.
On sort dans la cour.
La charette m'attend. On me donne un tabouret, mais je sais déjà que je resterai debout. Je veux regarder la foule dans les yeux. On ne meurt qu'une fois. C'est la fin qui couronne l'oeuvre. " 


On ne meurt qu'une fois. On n'écrit qu'une fois un tel livre. Je veux regarder la foule dans les yeux. L'écrivain regarde la Terreur dans les yeux, comme il regarde le roman dans les yeux, avec un talent rare, un art du saisissement de ces femmes et de ces hommes qui passent dans ces pages lumineuses leurs derniers jours, leurs dernières heures, avant d'être livrés à la folie meurtrière des spectateurs, lorsque le peuple devient spectateur de ses propres turpitudes, lorsque la folie terroriste du pouvoir s'arme de haine sauvage, l'écrivain de talent est là, loin cela va s'en dire, de ce que l'on marchande ici et là sous le nom de roman historique.
L'art romanesque se saisit de ces mouvements du Temps, dans ce roman, il est habité d'ombres que les révolutionnaires ont voulu fondre dans les raisons de la Révolution, leur disparition était leur programme, pas de chance pour ces vampires fâcheux, l'écrivain écoute, regarde, il voit, il entend, il écrit et c'est admirable, comme le regard de Charlotte Corday.

à suivre

Philippe Chauché


vendredi 12 avril 2013

Du Mensonge et de la Cour


 " Il ne reste plus de bonne foi, les obligations sont mises à l'oubli, il y a peu de bonnes correspondances. Au meilleur service la pire récompense. Aujourd'hui le monde est ainsi fait. Il y a des nations entières enclines à mal agir : des unes, la trahison en est toujours à craindre ; des autres, l'inconstance ; et de quelques autres, la tromperie. Sers-toi donc de la mauvaise correspondance d'autrui, non comme d'un exemple à imiter, mais comme d'un avertissement d'être sur tes gardes. L'intégrité court risque de biaiser à la vue d'un procédé malhonnête ; mais l'homme de bien n'oublie jamais ce qu'il est, à cause de ce que sont les autres. " (1)

De sa tour, il s'amuse des indignations et des surprises, comme si les sectateurs du pouvoir perdu ou gagné découvraient en ce printemps les  Mensonges de Cour, comme si la suffisance des courtisans n'était point l'ombre des hommes, qui mise en lumière ne dévoilait pas autre chose que leur véritable nudité.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Baltasar Gracian / L'Art de la prudence / traduc. Amelot de la Houssaie / Rivages poche / 1994

jeudi 11 avril 2013

Au Risque des Phrases


" A chaque livre on assigne d'être le " produit agréé courant ", dont parlait déjà Mallarmé. D'où une amnésie, qui prive les êtres parlants du libre usage de leur tête et de leur souffle ; et donc qui les ampute de la vie la plus vivante. Mais d'un autre côté, au moment même où la parole est attaquée et avilie, réduite à son utilisation la plus étroite, il est possible de mettre en face de soi ce qui a pourtant l'air d'avoir disparu. On peut d'ailleurs reprendre le jeu de beaucoup plus loin, en accueillant dans chaque langue, par un dimanche de Pentecôte de la traduction, toutes les langues à partir du vide qui les sépare. Cette dernière précision afin d'exclure le nivelage du syncrétisme. Les " stocks d'études ", comme dit Rimbaud, ne demandent qu'à s'éclairer sans fin : à qui se tourne vers elles, les lumières du grec, de l'hébreu, de l'arabe, du chinois ou du sanscrit, en plus de celles qui étincellent du français, font jaillir leurs richesses, et ce ne sont pas des hallucinations ! "

Reprenant à son compte ces phrases tirées de l'Editorial de François Meyronnis et Yannick Haenel, il se dit qu'aujourd'hui trois revues s'imposent, s'il peut l'écrire, trois revues donc se démarquent de ce qui s'écrit et se pense ici ou là - Ligne de risque, Sprezzatura, L'Infini - où à chaque ligne le corps écrivant est un corps pensant et inversement, où  un corps musical est souvent un corps peignant, pour y voir plus clair rien n'interdit, sauf dans le coeur de la domination, rien n'interdit donc de voir ce qu'en disent les kabalistes, les soufis, mais aussi la voie tantrique, la musique d'outre-vie et la liberté libre de la littérature.
En attendant la prochaine livraison de Ligne de risque qui ne saurait tarder, feuilleter sans illusion et loin de toute hallucination et de tout bavardage, ces Éclats divins II :

" L'être humain, dans la vision tantrique, et partie du cosmos. Il est pénétré, animé par les mêmes puissances, les mêmes divinités, qui sont à la fois dans et hors du cosmos et ont place dans son corps, qui est vécu cosmiquement. "

" ( Glenn Gould ) a désiré la perfection et il a pensé la trouver dans le montage, dans les micros, dans la technique, au coeur du contrôle et de la mesure. J'ai passé la main sur mon front, je sentais comme une fièvre qui montait, mes mains étaient froides et humides, je les serrais fort, tendue. " La perfection ne peut surgir qu'au coeur de l'instant ", voilà ce que j'ai pensé. Parce que l'instant n'est pas mesurable, qu'il est tout, et que le reste est une image, oui parce qu'il est tout ce qu'il y a. "

" Ce n'est, certes pas faute d'en avoir voulu sa part et de l'avoir su, comme toujours, avec un coup d'avance. Il l'écrivait dans l'I.S., dès 1958 : " Nous serons des " romantiques révolutionnaires ", au sens de Lefebvre, exactement dans la mesure de notre échec. "
L'échec ? Évidemment celui de la volonté et de ses espérances communautaires.
Sa mélancolie ? Celle d'un qui aurait préféré ne pas... "

" C'est toujours le langage qui va chercher une singularité, et qui lui attribue un destin, pas l'inverse. Une singularité est toujours dans une situation précise, déterminée par les circonstances,et soudain la parole la trouve. "

à suivre

Philippe Chauché

samedi 6 avril 2013

De Madrid à Nîmes

" Au début des années 2000, apparut José Tomas. Il représente les valeurs dont notre monde est en quête. Ses gestes entraînent la charge des taureaux dans des accords dont le temple et le duende sont dignes des plus lumineuses symphonies. Quelle que soit l'intensité des clameurs, José Tomas demeure solitaire. Il ne semble exister que pour accomplir son œuvre. Dès qu'il apparaît dans la lumière du soleil, il ignore la foule et s'enferme avec la bête dans un ghetto de tristesse. Alors avant chaque passe, s'échappe de ses lèvres un soupir pareil à un dernier souffle, et son engagement est si profond que sa vie semble s'arrêter dans chaque segment de sa faena. Lorsqu'il torée, José Tomas suspend le temps, la vie et la mort se fondent en une unité à la grâce inconnue. José Tomas nous transporte au-delà des angoisses que la mort impose. " 

Il y a ce 16 septembre 2012, pas au passé mais au présent, cette corrida parfaite, unique, qui ne cesse d'occuper nos pensées et notre vie, de la transformer irrémédiablement, comme l'écrit avec tant de justesse, de sitio, Simon Casas. 
Le très médiatique directeur des arènes de Madrid et de Nîmes a retrouvé sa vie réelle de Madrid à Nîmes durant ces minutes suspendues, durant cette incroyable geste, sa vie de torero avec Alain Montcoucquiol, l'homme qui fume ses souvenirs taurins et littéraires. L'un dans la lumière, l'autre dans l'ombre, le silence de l'un, les éclats et les colères de l'autre, le visible et l'invisible, et la vive lumière, qui comme une corne vous remet à votre juste place. 
Il a donc fallu que cela ait lieu, pour que tout s'accorde, il a fallu l'incroyable pour voir le croyable. 

La corrida est toujours une affaire personnelle, privée, et ce qu'elle découvre ne se partage qu'après, lorsque les clameurs cessent, lorsqu'il ne reste que le silence du geste, que la phrase des passes, que l'intense mélodie secrète.

La corrida parfaite réactive le temps, les temps passés, présents et futurs, deux hommes qui se croisent un instant, deux vies qui se saluent, et qui s'écrivent alors que sur le sable du ruedo, un héros devient ce je ne sais quoi, seuls ceux qui le comprennent voient leur vie.

" Alain avançait dans l'ombre sous les voûtes romaines, il s'est approché de moi. Notre échange s'est réduit à un courtois " ça va ? " José Tomas venait d'affronter six taureaux, quinze mille spectateurs, sa solitude, sa peur et, tel un empereur solaire, il avait dominé tout cela. Sorti de son exil pour deux heures seulement, il venait de résoudre une équation impossible : se livrer corps et âme à la mort et que cette dernière l'épargne. " 

à suivre

Philippe Chauché 

mardi 2 avril 2013

Liberté de Marcel Conche


" Par les gestes silencieux de l'amour, nous avons élargi le champ du langage. "

" Joie de l'amour : de participer à la puissance créatrice de la nature, de connaître non plus la triste liberté subjective, repliée sur elle-même, ne rencontrant qu'elle-même, mais la profonde, irresponsable liberté des arbres ; joie de se sentir devenir force de la nature, feu vivant. " 

Lecteur vivant et brillant de Montaigne, Marcel Conche, ne s'en laisse point compter tout en se livrant à de lumineux exercices d'admiration, le corps ne dit pas autre chose que ce que disent les arbres, il suffit de lever les yeux vers leur jeune feuillage, comme on les lève vers de jeunes lèvres de printemps.

à suivre

Philippe Chauché