dimanche 27 octobre 2013

samedi 26 octobre 2013

Les Grands Présents

 
 

 
Comme son nom l'indique, il s'agit là de Grands Présents, alors que sous la dictée les Assis les disent absents, tout est venu de la lecture à l'ombre d'un Murier, des premières pages de La dernière lettre de Rimbaud, aller retour entre le New Jersey, Aguascalientes et le Harar. Aller retour, A. R., comme Arthur Rimbaud, le roman solaire de Frank  Charpentier y trouve sa source, d'autres s'aventurent ici, un pianiste, un torero, et au bout du compte trois musiciens qui avaient, qui ont, une idée certaine du silence, donc de la poésie, tant de bavards chichiteux devraient s'en inspirer.






Les Assis, toujours aussi néfastes aujourd'hui qu'hier, aiment à se pâmer lorsque les poètes perdent leur adresse ou, c'est selon, lorsqu'ils désertent, - leurs encyclopédies continuent à noter qu' A. R. n'a plus rien écrit après avoir quitté Marseille !, que Monk resta silencieux dans son exil aux côtés de son amie la Baronne Pannonica de Koenigswater ! que Tomas se fait trop rare pour être sérieux !  -. Leur pauvre mémorial artistique ne repose que sur ce qu'ils croient savoir d'eux, et finalement leur rêve est de les enterrer vivants. Perdu,  nous dansons, et ils demeureront le reste de leur vie des Assis.
 
 


à suivre

Philippe Chauché

dimanche 13 octobre 2013

La Rose des Lettres



" Les roses des sables, que l'on ramasse dans le désert, doivent leurs formes en pétales à l'évaporation de l'eau infiltrée en elles, qui les laisse, après avoir rejoint l'air chaud, écloses. "
Nicolas Idier

" Qu'est-ce qui fait que l'instant est l'instant ? Est-ce ceci, qu'il se dresse brutalement, et dise : " Je suis l'instant " ? Il le dit, sans le dire. Pas d'excès dans la voix, à peine une voix, une petite voix. Mais c'est lui, on le sait. A quoi le sait-on ? Peut-être à ceci précisément, qu'il affirme avec douceur : " Je suis, donc tu es. Tu es, tu as été, tu seras. "
Jacqueline Risset



Sur l'instant, une rose des sables. Sur l'instant, un certain art littéraire, dont la lourdeur s'est évaporée. On ne dira jamais assez l'effet instantané et vital des masses d'air chaud sur la phrase, elle se vide de ses scories, pour retrouver sa nécessaire simplicité, sa netteté, sa légèreté, sa fluidité. La phrase rose des sables ressemble à s'y méprendre à un dessin de Watteau.

à suivre

Philippe Chauché











vendredi 4 octobre 2013

Une Plaisanterie



Ce tout petit roman est une plaisanterie, un badinage social et sexuel, ce qui ne peut que nous réjouir en ces temps où la boursouflure romanesque s'impose et en impose.
Théâtre des opérations : Rome et Paris, une actrice pornographique reconvertie dans la défense du christianisme, un journaliste un rien truqueur et charmeur, un mari dans le placard qui se remet par miracle d'un traumatisme crânien, une femme qui trompe son amant,  quelques secrets qui pourraient faire beaucoup de bruit dans le crâne de  quelques militaires et politiques français s'ils sont divulgués, en somme des plaisanteries !
David di Nota est une sorte de maître chantre littéraire, qui fait en chanter son petit roman - précis et ciselé comme une partition de bel canto - et son lecteur amusé.

" Bien que sa dernière fellation fût encore dans toutes les mémoires, chacun se mit à parler d'elle avec déférence, comme si la vie n'était qu'une suite de politesses et que nous nous étions tous donné rendez-vous au Jésus Christ Country Club. "

" Même affublé d'un sac isotherme dans lequel ma mère avait entreposé mes slips, même ennuyé par le constant dédain affiché par mon père envers la profession que je m'étais choisie, la joie de marcher dans Paris l'emportait sur le reste. Comme la ville était belle ! Comme je comprenais Balzac ! "

" - Comment se fait-il que vous n'ayez rien écrit sur le Darfour ? a-t-elle insisté.
- J'aime bien réaliser des interviews, mais je n'aime pas la suite.
- C'est-à-dire ?
- Je n'aime pas monter au créneau.
- Quel mal y aurait-il à monter au créneau, si la cause le mérite ?
- Je me méfie des débats.
- Mais les débats font partie de la vie, non ?
Pensez à Albert Camus. Que deviendrait l'humanisme sans la possibilité de combattre ?
- On voit que vous n'êtes jamais tombée entre les griffes des humanistes. Les hommes de bonne volonté son effrayants. Ils peuvent vous détruire en un rien de temps.
Elle a trouvé ça drôle. "

" - Quelque chose ne va pas ?  m'a-t-elle demandé.
J'ai planté mon coude dans les draps.
- Écoute, ça te dérange si on cache ces revues ?
- Quelles revues ?
- Les revues de ton association.
J'ai désigné un numéro spécial consacré à la vivisection animale. "

à suivre

Philippe Chauché

mardi 1 octobre 2013

D'un Divertissement l'Autre


Cela pourrait s'appeler un roi et ses divertissements, une manière toute naturelle, non d'oublier les mauvais tours du Diable ( Probablement ! ), mais de passer d'agréable façon le temps qu'il faut bien occuper à autre chose  qu'à ressasser. Point de ressassement littéraire ici, mais le style implacable, l'art de la dentelle romanesque.
L'heure de l'oral du baccalauréat sonne pour Pierre, alors que le coq de la mort a chanté trois fois, l'heure d'écouter avec toute l'attention ces jeunes gens qui doivent à lui se présenter, ils vont ainsi occuper l'espace du roman qui par subtils croisement de fils livre ses terribles secrets de famille, qui conduisent au pire, le pire est parfois l'ange protecteur du romancier qui sait aussi par instant, autre croisement de fils, se faire moraliste, d'un divertissement, l'autre.  
" C'est exactement de cela que Pierre a besoin. S'installer dans une morne routine, c'est oublier ou nier l'exceptionnel qui l'a frappé. Se désespérer qu'on puisse prétendre au bac sans savoir lire, que Montaigne ou Rimbaud soient devenus muets, que la langue qu'on a aimée se meure, c'est déjà ne plus pleurer sur moi. "
" Le professeur qui, année après année, surjoue ses enthousiasmes, se force à l'optimisme, sourit à ses collègues, lénifie, encourage : imposteur. "
" Pierre, qui fréquentait La Rochefoucauld, transforma en maxime d'amour la réflexion retorse et quelque peu forcée dans laquelle le moraliste règle son affaire à la fidélité. Il s'efforça d'aimer sa femme avec système, pour une raison et une seule à chaque fois. La pureté, l'éclat de son regard lui suffit pour l'aimer un an. "  
" Dans la voiture, en rentrant, il ne cherche plus à se distraire. Les nouvelles de l'univers attendront, la radio se tait. Il se raconte les évènements, non par besoin morbide de ressasser, mais pour élaborer une histoire cohérente, début, milieu et fin qu'il puisse lire comme un roman. "
Un divertissement est ce roman, drôle, touchant, intriguant, pétillant et divertissant, seule chose qui nous console de nos misères.

à suivre

Philippe Chauché