samedi 31 mars 2012

Près du Large



Les Sables d'Or - quel nom ! - face à l'Océan bleu-vert, ciel bleu qui au large se fond dans le gris, des moineaux, quelques surfeuses sulfureuses, le compte à rebours du temps qui n'en finit pas, il ouvre l'Infini : lecture solaire, Venise-Biarritz aller retour, retour permanent sous la protection visible du phare - Ode Maritime - Marcelin Pleynet lui fait signe  : " Venise a quelque chose de poétiquement romanesque qui implique la musique... et c'est aussi ce qui accentue nerveusement ma sensibilité : l'incessant dialogue ( répons ) du ciel et de la mer avec les lumières mouvantes sur de multiples, infinies partitions : le cri des mouettes, leur envol... " même sensation ici, dans le frémissement régulier des vagues qui n'en finissent, le sable est une partition que lit l'océan, et où il écrit d'un pied leste, ce qui sera dit demain, et qu'effacera une main inconnue à la tombée de la nuit.
Prés du large il écrit, et cela s'appelle une éclaircie.

à suivre

Philippe Chauché 

mercredi 28 mars 2012

Loin de Lui





" Ce qui fait que les amants et les maîtresses ne s'ennuient point d'être ensemble, c'est qu'ils parlent toujours d'eux-mêmes. "

La Rochefoucauld

à suivre

Philippe Chauché

lundi 26 mars 2012

Choses Lues et Vues



" Si je lis Pascal, si je l'aime comme la victime la plus instructive du christianisme - lente victime de corps, puis d'âme, logique victime de la forme la plus horrible de la cruauté humaine, - si j'ai quelque chose de Montaigne dans la pétulance de l'esprit et - qui sait ? - peut-être du corps, si mon goût défend, non sans âpreté, l'art de Molière, Corneille et Racine contre la barbarie géniale de Schakespeare, je n'en goûte pas moins non plus la société charmante des tout derniers français. Je ne vois vraiment pas en quel siècle le filet pourrait ramener d'aussi nombreux, et curieux, et délicats psychologues que ceux qu'on peut pêcher dans le Paris de nos jours : je nomme, au hasard - le nombre est trop grand - MM. Paul Bourget, Pierre Loti, Gyp, Meilhac, Anatole France, Jules Lemaître ; ou encore, pour distinguer un écrivain de la forte race, un vrai Latin que j'aime entre tous, je citerai Guy de Maupassant. Je préfère même, entre nous, cette génération à celle de ses anciens maîtres toute gâtée par la philosophie allemande (M. Taine, par exemple, par Hegel auquel il doit de s'être mépris sur les grands hommes et les grandes époques). Partout où va l'Allemagne elle corrompt la culture. Il a fallu la guerre, en France, pour affranchir enfin les esprits... Stendhal, l'un des "hasards" les plus beaux de ma vie - car tout ce qui fait époque en moi m'a été donné d'aventure et non sur recommandation, (c'est moi qui souligne) - Stendhal possède des mérites inestimables : la double vue psychologique, un sens du fait qui rappelle la proximité du plus grand des réalistes (ex ungue Napaleonem), - enfin, et ce n'est pas la moindre de ses gloires, un athéisme sincère qu'on rencontre rarement en France, pour ne pas dire presque jamais. (Saluons au passage le nom de Prosper Mérimée). Peut-être suis-je même jaloux de Stendhal. Il m'a volé le meilleur mot que mon athéisme eût pu trouver : " La seule excuse de Dieu, c'est de ne pas exister " ... J'ai dit moi-même quelque part : " Quelle a été jusqu'à présent la plus grande objection à l'existence ? Dieu... " (1)

D'aventure, il s'est retrouvé devant le 38 de la rue Ségurame à Nice, et la situation (au sens qu'en donne Gracian) l'a ensuite conduit à longuement fixer l'espace qui s'ouvrait à lui sur les hauteurs de la ville, prendre de la hauteur pour mieux embrasser l'espace maritime, prendre de la hauteur pour lire les quelques auteurs qui à ses yeux méritent, non seulement de ce qu'il entend par littérature,  mais d'évidence aussi de lui, d'autres ont nommé cela les affinités électives.
Cette position hautement stratégique doit aussi être entendu sur le terrain de l'amour - guerre permanente diraient certains - où il convient de s'avancer avec toute la légèreté et les réserves d'usage - qui sait se donner, sait se réserver, qui sait se découvrir, sait se dissimuler - comme lorsque l'on s'aventure sur les monts et dans les ravins de la littérature.






" Il n'y a qu'une très petite partie de l'art d'être heureux qui soit une science exacte, une sorte d'échelle sur laquelle on soit assuré de monter un échelon chaque siècle, c'est celle qui dépend du gouvernement (encore ceci n'est-il qu'une théorie, je vois les Vénitiens de 1770 plus heureux que les gens de Philadelphie aujourd'hui).
Du reste, l'art d'être heureux est comme la poésie ; malgré le perfectionnement de toutes choses, Homère, il y a deux mille sept cents ans, avait plus de talent que lord Byron.
En lisant attentivement Plutarque, je crois m'apercevoir qu'on était plus heureux en Sicile du temps de Dion,  quoiqu'on n'eût ni imprimerie, ni punch à la glace, que nous ne savons l'être aujourd'hui. (c'est moi qui souligne)
J'aimerais mieux être un Arabe du V° siècle qu'un Français du XIX°. " (2)

Venise, Avignon, tour détour de l'histoire !

à suivre

Philippe Chauché

(1) Ecce homo / Nietzsche / traduc. Alexandre Vialatte / 10-18 / 1988
(2) De l'amour / Stendhal / édition d'Henri Martineau / Le Divan / 1957

vendredi 23 mars 2012

Choses Lues


" Les livres que je n'ai pas écrits, n'allez surtout pas croire, lecteur, qu'ils soient pur néant. Bien au contraire (que cela une bonne fois soit dit) ils sont comme en suspension dans la littérature universelle. Ils existent dans les bibliothèques, par mots, par groupe de mots, par phrases entières dans certains cas. Mais il y a autour d'eux tant de vain remplissage, ils sont pris dans une telle surabondance de matière imprimée, que moi-même à vrai dire, malgré tous  mes efforts, n'ai pas encore réussi à les isoler, à les assembler. Le monde en fait me paraît rempli de plagiaires, ce qui fait de mon travail une longue traque, la recherche têtue de tous ces menus fragments inexplicablement dérobés à mes livres futurs. " (1)

Il prend toujours les écrivains aux mots, comme d'ailleurs, note-t-il, il prend les siens à la lettre, il aggrave aussi parfois son cas en se faisant passer pour tel ou tel écrivain dont il a lu le nom dans l'annuaire des écrivains vivants ou en passe de l'être, point n'est ici besoin, ajoute-t-il, de décliner leurs noms, ils se reconnaîtront, s'ils le lisent, ce qui est improbable, et comme on lui dit souvent " qu'en matière d'improbabilité, il bat tout les records ", il en sourit, car, pense-t-il, sourire avec les écrivains - même s'ils sont absents, - est toujours plus réjouissant que pleurer tout seul sur son absence de talent, un constat qu'il prend aussi très au sérieux, et même à la lettre, mais là n'est finalement pas l'objet, il livre ici pour le plus grand délice de sa plume, c'est la première avertie, quelques phrases qu'il n'a jamais écrites, mais qui encombrent son bureau depuis des semaines :

" Comme si j'étais à l'intérieur du livre de Joyce, je sens le poids de la ville endormie, le silence de ces heures, une ballade lointaine, la querelle de quelques ivrognes au loin, que le vent apporte par rafales. " (2)
" Ma vie radote. " (3)
" Tout à ma joie, je regardais le ciel, la lune, pleine, point sur l'i de la Giralda : j'ai marché dans du crottin. " (4)
" Le dernier jour de l'année, elle commanda le bois et le vin, ouvrit le portes et les fenêtres de la villa Pauline, et suspendit les draps au soleil. " (5)
" Que prépares-tu ? " me demandent parfois mes proches. " (6)
" Ton conseil est profitable, s'il y a du profit dans le pire. (7)
" Ainsi êtes-vous parvenu à ce que les peintres lettrés de la Chine ancienne appellent " l'art sans art ". " (8)





à suivre

Philippe Chauché

(1) Pourquoi je n'ai écrit aucun de mes livres / Marcel Bénabou / Perspectives Critiques / Puf / 2002
(2) Chet Baker pense à son art / Enrique Villa-Matas / traduc. André Gabastou / 2011
(3) Frédéric Beigbeder / L'amour dure trois ans / Grasset / 1997
(4) Maestranza / Jack-Alain Léger / L'Arpenteur / Gallimard / 2000
(5) Brève vie de Katherine Mansfield / Pietro Citati / traduc. Brigitte Pérol / Quai Voltaire / 1987
(6) Une fille pour l'été / Roland Jaccard / Zulma / 2000
(7) Antigone / Sophocle / traduc. Jean Lauxerois / Arléa / 2005
(8) Cézanne un grand vivant / Charles Juliet / P.O.L. / 2006


mercredi 21 mars 2012

Choses Vues 2





" L'artiste n'est pas un homme comme un autre. Sa sensation, sa recherche constante de la beauté l'écartent du contact des laideurs, son idéal des réalités. " (1)

" Faire avec ses mains ce que l'on voit, voilà la loi souveraine " (1)

Rodin, le sculpteur absolu de la Porte de l'Enfer - fréquenter Dante comme l'on fréquente les corps de ses modèles - de Balzac - les génies finissent toujours par se rencontrer - du Penseur - saisir le corps dans son silence admirable - Rodin, le dessinateur, et quel dessinateur, note-t-il, corps qui dansent sous les mains du sculpteur, le dessin loi souveraine, loi fondamentale, loi fondatrice, comme chez Matisse, comme chez Picasso, comme chez les anciens, les Grecs, les Romains, ils traversent le temps et l'espace, ils sont tous là sous les mains et les yeux de Rodin, six mille feuillets dont plus de quatre mille sont protégés par le Musée qui porte son nom ; passion du geste, du mouvement de la main, de la main qui saisit le mouvement du corps, son érotisme lumineux,  comme jamais, saisis sur le motif, les formes, l'espace et les couleurs qui surgissent comme surgit le modèle, jamais, ajoute-t-il, la main ne tremble, le tremblement, il vient après, lorsque l'on fixe le dessin, lorsque l'on fixe l'art qui se livre ainsi, trait à trait, touche à touche, lumière à lumière, comme chez Dante, Balzac et le Penseur.







" Le corps humain, quelle source de joies et de surprises inespérées pour l'oeil de l'artiste ! " (1)
" Quel talent dans l'orgueil du corps ! " (1)


" Pratiquement, pour dessiner ;  la recherche de l'aplomb est nécessaire à toutes les figures. Sans lui, elles tomberaient ; mais les aplombs sont aussi nombreux que les mouvements et ceux-ci sont aussi nombreux que les mouvements et ceux-ci sont aussi nombreux que les flots de la mer. Pour bien comprendre ce que l'on peut tirer de l'équilibre, regardez ce qu'en ont fait l'Antiquité et la Renaissance. " (1)

Point n'est besoin de se demander qui aujourd'hui sait encore ainsi dessiner, qui encore pense ce mouvement du corps comme une nécessité absolue.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Auguste Rodin / Éclairs de pensée / Écrits et entretiens / Éditions du Sandre / 2012


mardi 20 mars 2012

La Musique Seule.



à suivre

Philippe Chauché

samedi 17 mars 2012

Le Roman du Désastre 2

Hokusai Kanagawa
" Par instants, le courant prend la forme d'un vortex ou d'une trombe, il accélère sa rotation, écrase les immeubles, tourbillonne et se contracte, et ce n'est plus bientôt qu'une sorte de cri rauque au fond d'une caverne pleine d'échos et d'ombres. Ce sont comme des stades entiers qui se soulèvent, des gradins qui se décrochent dans une huée de foule désarmée.
La mer s'acharne et vocifère. Les toits s'arrachent, enflent, se lèvent, s'envolent. Les maisons sont comme des bateaux qui ont perdu leurs amarres. Par groupe de trois ou quatre, elles se brisent et affluent, toit sur toit. Les poutres sont emportées comme des fétus, les voitures comme des jouets. Vous allez voir la puissance de l'eau. " (1)

Le tsunami remet les pendules à l'heure, et l'homme à la place qui lui revient, barque de pêcheurs qui file pour échapper à la montagne d'eau, en vain, qui croit avoir son destin dans ses rames et la force de ses bras, mais qui finira engloutie, détruite, en morceaux, sans voix, et si les hommes embarqués en réchappent, par on ne sait quel miracle, la vague les habitera à jamais, la terreur dont ils pensaient s'être détachés sera désormais leur seconde peau, la terreur de la vague est leur terreur première.

" Quand ils me parlent, les gens retrouvent malgré eux ce halètement de terreur : ils ânonnent, ils babillent dans le souvenir de la vague. Alors, c'est comme si la vague les poursuivait encore, jusque dans leur bouche, leur salive, le claquement de leur langue, le tremblement des dents. " (1)

à suivre

Philippe Chauché


(1) Fukushima /  Michaël Ferrier / L'Infini / Gallimard / 2012

vendredi 16 mars 2012

Le Roman du Désastre






" Vendredi 11 mars 2011, en début d'après-midi, la vibration des fenêtres. Quelque chose s'ouvre, grogne, frémit, demande à sortir.
Tout d'abord, ce n'est rien, un mouvement infime, insignifiant, quelque chose comme une fêlure sur l'ivoire d'un mur, une craquelure sur un os. Je ne sais pas comment je m'en aperçois, une babiole peut-être qui bouge, les bibelots qui s'ébrouent près de la baie vitrée, quelques points de poussière dans la lumière de l'air. Silencieusement, subtilement, cette chose se développe et suit son cours, elle circule sans relâche. "

Saisir l'instant de sa naissance, capter par le détail, décrire, toujours décrire, note-t-il, avec cet art du placement du mot, comme une couleur, sur le motif, écrire sur le motif qui se dérobe, sans qu'on le sache vraiment, sa dérobade est le premier signe de ce qui va se multiplier, se démultiplier, jusqu'à la catastrophe provisoire, car elle le reste toujours, ces points de poussière qui habillent l'espace et le temps, puis ce mouvement de fracas de la terre, qui va tout renverser et tout transformer, corps et biens.

" (Mais) c'est aux arêtes de la bibliothèque que le séisme atteint son paroxysme. Il court le long des tablettes, se glisse entre les rayons et décapite un à un les livres au sommet de l'étagère, où se trouve disposée la poésie française, avec un crépitement de mitrailleuse. Saint John Perse tombe le premier. " S'en aller ! S'en aller ! Paroles de vivant ".

Saisir l'instant en écrivant, écrire l'instant dans sa réalité terrible et effrayante, le récit est un roman, le roman un récit, ajoute-t-il,  l'homme qui tremble est un écrivain qui sait lire.

 " En 1923 déjà, Paul Claudel, ambassadeur de France au Japon, s'indignait qu'on eût pu " placer la capitale d'un pays sur ce couvercle de chaudière ". Traversant à pied la plaine de Kantô ravagée par le grand tremblement de terre qui avait dévasté la zone urbaine de Tokyo à Yokohama (cent quarante mille morts), il écrivait dans son style biblique et merveilleusement précis : " Une grande haleine de feu a soufflé. L'eau des étangs elle même s'est mise à bouillir. Dès notre arrivée à Tokyo, accueillis par ces frissons de la terre, ces grondements sous nos pieds, ces conflagrations incessantes, nous avions compris de quel Cyclope à demi endormi sous les feuillages et les fleurs nous étions les hôtes. "

" Ça bouge, ça bouge tout le temps : c'est pour cela que les tremblements de terre fascinent les hommes, il les remettent à leur vrai place. On  apprend que le monde n'est pas un terrain solide et stationnaire, réglé en fonction d'une norme permanente et dominante, mis une formation en vibration continue. On se retrouve seul, les sens aiguisés, dans un univers multiforme de sons et d'objets, d'odeurs, de goûts et de corps, tous soudain retrouvés dans l'immédiateté du réel, sa précision absolue. "

Michaël Ferrier n'écrit pas de nulle part, mais de Tokyo, Japon, 11 mars 2011, et de Ishinomaki, traversée du Japon, là où le Tsunami a frappé, pense-t-il, au coeur du volcan après son éruption, il voit, il roule, il parle, il écrit, pour vérifier que le réel est encore plus saisissant, qu'il y a là matière à dire, mais d'une certaine manière, avec un style certain, vif, coupant, comme la lame que projette la vague et qui va vous décapiter, écrire en ayant en tête ceux qui ont écrit avant nous, note-t-il, ceux qui un temps sont "passés par là". 

" En quittant le Tohuku, je pense à tous ceux que j'y laisse mais aussi à tous ceux qui m'on précédé. En arrivant à Hiraizumi au milieu de son périple, Bashô avait écrit l'un des plus beaux poèmes qui, de lui, nous ont été conservés : " natsu-kusa ya / tsuwamono-domo ga / yume no ato " trois vers de dix-sept syllabes, un haïku frémissant et parfaitement ciselé. Que l'on pourrait traduire ainsi :

Herbes de l'été
Des valeureux guerriers
La trace d'un rêve

Hiraizumi était au XII° siècle le fief de la famille Fujiwara et l'une des villes les plus splendides du Japon. Cinq siècles plus tard, quand Bashô y passe, il n'en reste plus rien... Le poème de Bashôo n'est pas une élégie plaintive, une ode au néant ou la lamentation funèbre d'un vieillard sur le précipice qui nous guette et la disparition qui nous serait promise. Bien au contraire : dans l'écroulement généralisé, ce " squelette exposé aux intempéries ", comme il se décrivait lui-même, fait le pari de l'herbe et de l'été. S'il y a un exploit poétique de Bashô, il est là... En songeant à Bashô, je repense au paysan fredonnant la chanson des lavandières, à la bibliothèque de Tokyo nettoyant ses photos dans les décombres, au vieil homme au gilet rouge, chantonnant un air de jazz et me parlant de Cézanne, retrouvant sous les débris la beauté fragile et exposée d'une plaque de bois. "


à suivre

Philippe Chauché

mercredi 14 mars 2012

Choses Vues



photo Günter Rössler
Ne rien faire d'autre qu'écouter en boucle " Le clavier bien tempéré " de Jean-Sébastien Bach sous les doigts de Zhu Xiao-Mei, et ainsi s'installer dans l'art tellurique, tremblements, saisissements, éclairs, éclats, pivoines, soie, éclats de lune, peau qui se laisse lire comme une partition,  mais aussi dans ce miracle musical, se laisser aller à reprendre, comme on le fait avec la belle et longue ligne d'une partition, deux ou trois choses écrites, deux ou trois choses vues :

Je me réveille rayonnant, et ferme le livre resté ouvert dans ton sommeil, il découvre ton sein qui rêve. La bibliothécaire aux yeux vermeils sommeille, elle ressemble à Clémence, rien ne nous dérange, silence ourlé de respirations, de pages que l’on tourne, de plumes qui s’émerveillent de cette liberté retrouvée. Je lis dans le texte, et imprime ce qui s’est écrit. Je me faufile entre les chaises. Je ne dérange pas le temps, ma voisine se réveille et me sourit, un manuscrit glisse entre nous sur le bois vernis de notre table de lecture, cocottes en papier qui dépliées livreront quelques formules magiques. J’ai rendez-vous avec le bonheur. Sa robe glisse sous ses doigts, elle ne veut pas perdre de temps. Ses jambes s'élèvent à la verticale, c'est une danseuse de la jouissance, une acrobate du bonheur, et notre élévation en surprendrait plus d'un, mais gardons cela pour nous. Elle hésite un peu, puis m'embrasse, rien ne presse ma belle, le temps est avec nous, nous nous glissons dans les voiles de son lit et je laisse la houle de son ventre s'iriser d'alizés soyeux.

S'il reprenait tout cela, il ajouterait, note-t-il, qu'il lui arrivait souvent en ces temps décrits, de faire des cauchemars, il garde en mémoire la musique de la peau, le glissement éphémère de sa robe - comment pourrait-il en être autrement ? - puis Nawi furi-ki, la terre trembla, comme elle ne cesse de le faire, heureusement que l'amour ne dure que le temps d'un séisme, on peut ainsi, ajoute-t-il, s'allonger et écouter à nouveau le vieux Bach. 
à suivre
 
Philippe Chauché

lundi 12 mars 2012

Florilèges 6

Helmut Newton

 " Le verbe a connu le même type de développement que distraire : il a d'abord réalisé le sens de " détourner (qqn) de qqch ", encore usuel en langue classique, et au figuré de " dissiper ". Par extension, il a été employé dans le domaine de la pensée pour " amener (qqn) à d'autres idées (sans nuance particulière de gaieté) " (1608). Ce sens a décliné au profit de distraire, le mot ne conservant que le sens d'"amuser, distraire en récréant " (1633, se divertir) " (1)

" On n'apprend rien dans le fond
On apprend tout dans le ton. " (2)

" - Et bien, mon jeune ami, que faites-vous là ?
- A vrai dire, Monsieur, je prends du bon temps. " (3)

" Ne donnons pas dans le ridicule de parler de choses sérieuses ; ce serait comme faire l'amour pour avoir des enfants. " (4)

Et vous allez en rajouter d'autres ?
Non ! cela suffit, passons à autre chose voulez-vous ?
Je ne dis pas non !
Vous êtes en progrès ! Hier encore, c'est un oui enflammé qui aurait ourlé vos lèvres.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Dictionnaire historique de la langue française / Sous la direction d'Alain Rey / Le Robert / 2006
(2) Commérages / Esnaola / Distance / 1989
(3) Une apologie des oisifs / Robert Louis Stevenson / traduc. Laili Dor / Éditions Allia / 2011
(4) Un climatiseur en enfer / Roland Jaccard / Mini Zoé / 2000

dimanche 11 mars 2012

Florilèges 5


Mark Rothko, né Marcus Rothkowitz 1903-1970

Il poursuit sa lecture :

" Je vérifie que tout est en place. Les corps, la concentration, le sérieux, les regards, les épées, le rouge des muletas, le jaune des capes pour préparer la toile. Un taureau doit se lisser, s’épaissir, se dresser, ses pinceaux s’allumer, faute de quoi tout sonne faux. Pour le voir de près il faut avancer la cape et la jambe, se croiser, lui faire sentir la veine, le pigment, le vernis, ne craindre ni la blessure, ni la défaillance, ni la mort. La mort, celle page que le vent fait s'envoler, cette obscurité qui frappe, cette musique glacée qui vrille nos oreilles, cette douleur de l'instant qui disent-ils se prolongent une éternité. Bavardages, la mort, n'arrête rien, ce n'est qu'une halte, une pause, il faut seulement apprendre à reprendre le chemin, léger, soucieux de ce que l'on est, certain de gagner et de chasser la nuit d'un geste, d'un mot ou d'un regard. Comme l’écriture, l'amour, le taureau attend de toi une certaine science, une mémoire vive, des écarts, des croyances, des envolées, des improvisations, des songes, alors, alors seulement tu pourras nourrir d'éclats d'argent ta mémoire, de souvenirs, de portraits crayonnés, d'aventures murmurées, de mathématiques, d’astrophysiques, de philosophies joyeusement désespérées, de plongées célestes, qui s'arrondiront sur le sable blanc du roman de ta vie, et quelle vie ! Pour la grâce, il faudra attendre un peu ! Chaque chose en son temps. Celui de l’instant épouse le silence, le silence de cette ville. Madrid se nourrit de silence, on entend respirer les taureaux comme nulle part ailleurs. C’est dans ce cercle là, que se vérifie la force, la domination, le courage, la science, le raffinement de l’intelligence, la clarté, la beauté absolue. Ce n’est pas une arène, c’est une loupe qui révèle, c'est une partition qui s'ouvre, c'est une église où l'on s'enivre, c'est un lit de roses où l'on nage, c'est un livre ouvert sur toute la poésie du monde, c'est une toile qui s'anime lorsque l'on s'en approche en silence. "
 
à suivre
 
Philippe Chauché

samedi 10 mars 2012

Florilèges 4



" Oui, mais elle est déesse, née de la race des dieux,

Nous, nous sommes des mortels, nés de la race qui périt.
Et même si tu vas au néant, grande est la gloire
De partager le sort des dieux,
De ton vivant, puis dans la mort. " (1)

C'est, note-t-il, son regard qui a tout déclenché, un regard à faire se lever les morts, note-t-il, il a ouvert ce qui ne serait jamais un livre, mais son ombre, son fantôme, tourné rapidement les pages, il savait où il voulait aller :

" Deux coupes de champagne avant d’entrer, quelques paroles échangées avec José, il est au piano en compagnie de Joseph Haydn, allégresse absolue, comme lorsqu’il offrait les octaves de son corps aux cornes des taureaux. Il est seul, mèche de cheveu noir sur le côté du visage, il ressemble au pianiste de ma sainte, à Glenn Gould qui se moule à son piano, l’anticipe, le dédouble, l’absorbe, se laisse entraîner dans ses cordes, épouse le bois et l’ivoire. Le corps à hauteur du siècle de la musique, murmure permanent qui prolonge la mélodie, l’annonce, âme qui en dessine un écho insaisissable. Il n’a jamais été aussi détendu et aussi concentré, il n’a jamais autant inscrit ses gestes dans le corps même de la musique, son corps dans la geste musicale, au centre de ses strates, dans l'espace taurin où nait une céleste musique. Il n’a jamais été aussi présent à la vie, et en même temps si distant, si éloigné, à des millions d’années sonores de ce moment là. Mains basses, ventre offert à la masse de muscles et de cornes, jambes compas pour dessiner l’espace, visage tendu vers le bonheur et le triomphe. Il réinvente une autre géographie, réduit l’espace, condense le temps, se nourrit de rivières sauvages et de montagnes rouges, collines ombragées, villes éphémères, rues soyeuses, plages où s’allongent des corps d’extase. Il les projette dans sa boite crânienne et j'en devine l'ébauche. Il s’accorde à la transe et je l'écoute. C’est une danse. Légèreté, envol, régal du corps ainsi entraîné, floraison du mouvement, douceur de la main, cambrure des reins, force de la ceinture, ses yeux apprivoisent l’espace. C’est un derviche tourneur immobile. Les mouvements de pendules de son bras droit et de ses pensées figent les spectateurs silencieux et graves. Il est seul, et les taureaux le bousculent, puis comme un fracas d’orage, une corne s’invite et frappe. Le temps s’étire, le ruedo se vide, on sait qu’il reviendra c'est ce qu'on se dit du regard. Il faut seulement patienter, c’est une pause entre deux variations, peut-être faut-il simplement accorder le piano. Le temps est suspendu, ma vierge approuve et s’endort. José sait tout cela, le chirurgien l’écoute, la douleur s’éloigne, la plaie pansée, tout peut reprendre sous le soleil, suprême apparition sur le sable romain. Nous quittons Bach pour Haydn, Sonate numéro 47 en si mineur, allegro moderato. J’adopte ce mouvement pour la journée, mon corps s’y accorde, il est suspension, il chaloupe et le champagne n’y est pour rien, seulement là pour la couleur, celle des yeux de ma sainte, ourlés de nuances de jaunes, de verts, de gris, de bleus, de rouges, en souvenir de Matisse. Ils sont verts aujourd’hui, demain ils seront peut-être bleus, vermillons, gris. Elle seule décide des métamorphoses de sa palette d'iris. "

à suivre

Philippe Chauché

(1) Antigone / Sopocle / traduc. Jean Lauxerois / Arléa / 2005






vendredi 9 mars 2012

Transpositions 9






 Giorgio da Castelfranco dit Giorgone - Venus endormie - 1477-1510

" Dans la chambre la nuit plonge
une lame fraîche et puissante
comme un aileron de requin

la nuit séparée des constellations

pendant que la montagne glisse
les racines du feu

portent à l'incandescence
la poussière du socle
et le sang
transpiré par le fer " (1)

à suivre
 
Philippe Chauché

(1) L'embrasure / Jacques Dupin / Gallimard / 1969

mercredi 7 mars 2012

Motifs



Paul Cézanne 1839-1906
 " Le parcours de Cézanne est pour le moins singulier. Il ne discrédite en rien l'art, le talent, le génie des peintres impressionnistes, ses quasi contemporains, mais il vient d'ailleurs et il passe ailleurs. Chez Cézanne, pas de fusion subjective, impressionniste, avec la nature, mais une enquête esthétique ( au sens étymologique du mot ), poétique, sur la logique et l'ordre des sensations : " Les sensations faisant, comme il l'écrit, le fond de ( son ) affaire. " (1)

Ne jamais cesser d'en revenir à l'étymologie des mots, note-t-il, source bouillonnante et miraculeuse, comme l'est la peinture de Cézanne ; cette enquête esthétique dont s'empare Pleynet ; Cézanne : étymologie de la peinture moderne, celle d'hier, d'aujourd'hui et de demain, cette " science du beau ", cette " faculté de sentir ", c'est tout Cézanne cette faculté, cette science, ces sensations, ses sensations, ses Montagnes St Geneviève, ses portraits, ses natures endormies, merveilleuse association, contre la domination de ce qu'ils appellent natures mortes dans leur pauvre langue, voyez ces pommes, regardez ce citron, avec le regard de la sensation, écoutez comme cette toile vous traverse et vous comprendrez.  

à suivre

Philippe Chauché

(1) Cézanne / Comme la poésie la peinture / Marcelin Pleynet / Éditions du Sandre / Éditions Marciana / 2010

lundi 5 mars 2012

L'Art et le Motif




" Le dessin, c'est le temps capté et perdu en même temps. Il faut aller sur le motif pour apprendre cela : cette fécondité de l'échec, qui est la matière même dont sont faites les oeuvres véritables. "

Le motif, toujours le motif, Matisse, Cézanne, mais aussi Watteau et Fragonard, et Van Gogh et Bacon, le motif, histoire d'y être réellement, physiquement, romanesquement, le motif une vivante histoire du réel, que le fusain, la gouache, l'acrylique, révèlent, note-t-il, de mille traits et de mille touches, le réel est une fontaine de jouvance où se baigne le peintre, et c'est du réel que viennent les arbres de Hollan, des arbres qui sont la vibration d'une immense forêt qui est celle de l'histoire de la peinture ; le peintre est dessinateur, le dessinateur peintre, tout un programme qui est l'essence même de sa présence sur le motif, et le motif donne à voir, à dessiner, à peindre et à vivre sur la toile et la feuille ce qui se vit là lorsque le regard est un regard et non sa vague projection ; la main dit le motif que saisit l'oeil, et son mouvement permanent déroule le Temps et toute la peinture s'en trouve retournée comme un arbre sous l'orage. (2)



" L'arbre symbolique, assemblé de petites lignes, que Matisse nomme " l'arbre d'école ", est une esquisse non pas de l'arbre en soi, mais du principe de fixité inhérent à l'existence en tant que plante... Dans ses notes rédigées en français, Hollan déclare que " l'arbre est invisible "..." Je le regarde cent fois et ils m'accueillent toujours avec la même apparence. "... " L'arbre est si complexe que l'oeil ne le voit jamais deux fois de la même manière "... Dans sa peinture, la différence réside dans les variations de lumières. Dans ces changements a coeur de son atelier d'hiver, il existe une équivalence entre le changement de couleur et le changement de forme. En été, ses arbres émergent et se fondent dans une variation de gris, sa transition  en est la tonalité et sa nature aussi. "  (3)



La beauté absolue et nécessaire du trait, le trait saisit sur le motif ou dans l'atelier, le trait de l'arbre est le trait du peintre, les gris, les noirs, les jaunes et les rouges, rares sont ceux qui touchent à cette aventure là.



à suivre sur le motif

Philippe Chauché

(1) Pierre Wat / L'épreuve de l'arbre / Cinq remarques sur le travail d'Alexandre Hollan / Alexandre Hollan / Le chemin de l'arbre / Musée Fabre de Montpellier / 2012
(2) Musée Fabre de Montpellier jusqu'au 3 juin 2012
(3) Péter Nadas / Arbor mundi / d°

samedi 3 mars 2012

Ma Librairie 33


" Ce sont nos voix que nous habitons le mieux, étant nés dans un cri dont la langue est l'élargissement pacifié en même temps qu'elle refoule l'ombre d'où nous venons ; ombre et cri que, plus encore que la parole ou l'écriture, la musique éclaircit, développe ou voile quelquefois, tout en nous ramenant irrésistiblement au temps où nous étions tout ouïe dans la nuit maternelle. " (1)

Exposant depuis des années sa voix à la lumière, il ne peut que faire siennes les notations inspirées et expirées de l'écrivain, c'est la part d'ombre de sa voix, note-t-il, qui lui procure le plus grand frisson ; mais contrairement à l'auteur, il aime sa voix, mais à une certaine hauteur, hauteur d'écoute et donc de vue, car, ajoute-t-il, mieux il s'entend, plus son écoute révèle l'ombre portée de sa tessiture ; la profondeur de gravité habitée de sa voix le touche, comme le trouble et le touche une voix qui vérifie la dissonance, l'écart, qu'elle a avec le corps qui l'habite, les voix rarement s'accordent aux corps, comme si - part d'ombre - elles en étaient non le fantôme mais l'incarnation absolue, la voix est un corps qui semble insaisissable, et le corps saisit, le plus souvent, est sans voix, comme s'il laissait à sa voix inaudible la part d'ombre qu'il ne peut porter et supporter ; plus il s'est mis à écouter sa voix, mieux il a écouté la musique - celle d'évidence qui mérite d'être écoutée, celle qui a elle aussi sa part d'ombre projetée - et la musique qu'il a écouté et qu'il écoute, ajoute-t-il ne serait rien sans cette hauteur d'écoute de sa propre voix, et donc sans sa part d'ombre, définition magistrale de la littérature admirable de Richard Millet.

" Il y a une morale du murmure comme il y a une vulgarité du cri ou de l'éclat. Le murmure n'est pas le plus secret de la voix ; il n'est pas le silence ; il est au plus près d'un silence que nos bouches sont presque toujours impropres à trouver ou à tenir. Le murmure est la réserve, la politesse du lien obscur que nous entretenons avec autrui comme avec nous-mêmes, l'ombre où la vérité point comme le jour - le point de la vérité, la clarté qui se fait jour à la pointe la plus discrète de notre voix. " (1)

à suivre

Philippe Chauché

(1) La voix et l'ombre / Richard Millet / L'un et l'autre / Gallimard / 2012

vendredi 2 mars 2012

Mauvais Genre




" J'ai entendu l'une des petites-filles de Picasso confesser qu'elle haïssait son grand-père ( " ll a fait tellement de mal à ses proches ! " ), mais que, tenant de lui un assez bel héritage, elle consacrait à aider l'enfance malheureuse. Ainsi se retrouve blanchi l'argent si mal gagné de cet odieux aïeul. Quant à la fille unique de Céline, on lui doit cet aveu : " Je préfère être la fille de " Louis " plutôt que celle de Céline. ".
L'ennui c'est que Voyage au bout de la nuit, ce n'est pas " Louis " qui l'a écrit. " (1)

" Claudel est la plus forte personnalité de la génération Valéry-Gide. Ces imbéciles de surréalistes qui l'avaient ridiculisé, que sont-ils auprès de lui ? Quand on pense que Breton parlait de lui avec mépris ! Mais qu'est Breton à côté ? Je n'aime ni le théâtre ni les Odes ni les commentaires sur la Bible ; mais la figure de Claudel dans son ensemble est impressionnante. " (2)

" Impératif : comme dans l'arène, ne pas se laisser mener sur le terrain de l'adversaire. Se souvenir que le courage attend et que la peur va de l'avant. Tenir ferme. Se dire que ce n'est rien. Et ce n'est rien, en effet. En effet ! Laisser pisser la si peu picassienne pisseuse. Se redire avec Thérèse :

Nada te turbe... " (3)

Sans aucun doute, note-t-il, il sait aujourd'hui perdre son temps avec talent.

à suivre

Philippe Chauché
(1) La grande battue / Essais / Philippe Muray / Les Belles Lettres / 2010
(2) Cahiers - 1957-1972 / Cioran / Gallimard / 1997
(3) Maestranza / Jack-Alain Léger / L'Arpenteur / Gallimard / 2000

jeudi 1 mars 2012

L'Inutile


Voici donc l'hebdomadaire le plus inutile du moment, préférant mille fois être inutile avec talent et élégance, qu'utile avec morgue, il ne peut que se réjouir de sa parution,  morceaux choisis :


" Ironie, élégance, désenchantement : tels sont les faibles armes qui s'exprimeront ici pour passer le temps, au moins ce temps mauvais de polémiques, de manoeuvres, de revirements, de scandales - ces bons scandale...s qui font bouillir la marmite. " Frédéric Pajak


" C'est à la fois un grand fainéant, un ambitieux triste, et un illustre malheureux ; car il n'a guère eu dans sa vie que des moitiés d'idées. Le soleil de la paresse, qui resplendit sans cesse au-dedans de lui, lui vaporise et lui mange cette moitié de génie dont le ciel l'a doué. " Ce Samuel Cramer ainsi décrit par Baudelaire dans La Fanfarlo, mais c'est moi ! " Frédéric Schiffter


" Une solution facile et rapide pour sauver les finances de la Grèce : instaurer des droits d'auteurs sur les oeuvres de Parménide, de Platon, d'Aristote et de tous les philosophes grecs. En quelques mois, la situation s'inversera et la planète sera à nouveau débitrice d'Athènes. " Frédéric Pagès
 
à suivre
 
Philippe Chauché