mardi 3 août 2010

Un Eté (2)

" Vu une photo dans le journal, en couleur. Une femme au milieu de l'eau, une rivière, un homme ? Elle a l'air bien, immobile comme ça, bras croisés. Elle compresse ses seins, cheveux mouillés, torsadés, courts, blonds.
Ce qui est frappant c'est son calme. C'est juste quelqu'un, au milieu de la rivière verte, point fixe dans le courant, on dirait qu'elle ne pense à rien, elle souffle, allez, on inspire... " (1)

Les premiers mots du livre, il se souvient les avoir entendu il y a des mois, dans l'hiver. Il se souvient qu'en ces temps, il aurait ici même pu écrire, " nous les avons entendu ", mais non finalement cela n'aurait rien voulu dire, on n'entend jamais des mots à deux, encore moins de tels mots, les premiers mots d'un roman qui s'écrit devant vous.


"... Je la rejoins.
Ce n'est pas si difficile... Mon doigt ouvre les paroles... Elle ne répond rien. Elle a raison, on n'est pas obligé de tout dire... "

Il se dit qu'il aurait pu écrire cela, mais non c'était avant quand il écrivait à l'envers sur un corps miraculeux, aujourd'hui, il écrit dans l'été salé et vide. Finalement le vide lui va bien, il fait ici un plein de vide.

"... on infuse l'après-midi dans une baignoire de bois remploie d'une grosse pelletée de feuilles de tilleul. J'aime son appareil de vision.
J'aime sa peau et ses tendons.
La manière extraordinaire avec laquelle ses nerfs articulent son visage.
L'amour chez les Sioux, je lui dis pour rire... (1)

Tout vient du roman et y retourne, la preuve vécue une fin d'après-midi d'été durant le Festival, traversé par le roman, seulement, qui peut le dire ?

à suivre
Philippe Chauché

(1) Un mage en été / Olivier Cadiot / P.O.L. / et au Festival d'Avignon 2010 dans une mise en scène de Ludovic Lagarde avec Olivier Poitreneau.

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