mardi 10 août 2010

Un Eté (7)

" Comme des voiles à la risée du soir, et nos manœuvres de gréement, de balancine, de beaupré, les reflets de tes astres sur ta face, ta gîte, le gisement des quais selon ta hanche.
- Ta hanche dans ma main droite sur le quai...
Tu vois que j'écris gisants pendant que tu ne dors pas. " (1)

Il se hasarde avec détachement dans ce qu'ils appellent poésie, comme les mots leur manque, comme l'imaginaire - l'autre nom de l'amour - les a abandonné, ils se replient, s'enferment, alors qu'il s'agit d'un mouvement d'ouverture du temps, les mots sont des vagues pense-t-il, il nomme leur assemblage " beauté ". Il va droit à la beauté, comme l'on va droit au corps aimé.

" Je ne peux écrire ton nom. Les lois l'interdisent. Ayant écrit ton nom, je dirais que je ne le dirai jamais et ainsi le cèlerai-je. Tu es ma chresmologue. Il écrit que s'accomplisse ton coeur que j'écrive un gisant. " (2)

Plus que quiconque, il sait ce que le silence a de vivace et de musical, il n'ignore rien des corps qui se dérobent, trouvant cela amusant, il en a tant croisé.

"... La musique est simplement là pour parler de ce dont la parole ne peut parler... " (3)

Il se dit ce matin, je n'écris que pour les Gisants et les violes.

à suivre

Philippe Chauché


(1) Gisants / Gisants / Michel Deguy / Gallimard
(2) Dédicaces / d°
(3) Tous les matins du monde / Pascal Quignard / Gallimard

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