" Oui, je suis libertin, je l'avoue ; j'ai conçu tout ce qu'on peut concevoir dans ce genre-là, mais je n'ai sûrement pas fait tout ce que j'ai conçu et ne le ferai sûrement jamais. Je suis un libertin, mais je ne suis pas un criminel ni un meurtrier, et puisqu'on me force à placer mon apologie à côté de ma justification, je dirai donc qu'il serait peut-être possible que ceux qui me condamnent aussi injustement que je le suis, ne fussent pas à même de contre-balancer leurs infamies par de bonnes actions aussi avérées que celles que je peux opposer à mes erreurs... En un mot, je veux être lavé, et je le serai, à quelque époque qu'on me fasse sortir d'ici. Si je suis un meurtrier, j'y aurai trop peu été, et si je ne suis pas, j'aurai été beaucoup trop puni et je serai en droit de demander raison. (1)
" Fouts, en un mot fouts ; c'est pour cela que tu es mise au monde ; aucune borne à tes plaisirs que celle de tes forces ou de tes volontés ; aucune exception de lieux, de temps et de personnes , toutes les heures, tous les endroits, tous les hommes doivent servir à tes voluptés ; la continence est une vertu impossible, dont la nature, violée dans ses droits, nous punit aussitôt par mille malheurs. Tant que les lois seront telles qu'elles sont encore aujourd'hui, usons de quelques voiles ; l'opinion nous y contraint ; mais dédommageons-nous en silence de cette chasteté cruelle que nous sommes obligées d'avoir en public. " (2)
Qui peut dire aujourd'hui si l'écrivain a été lavé des pires accusations qui le conduisirent aux fers ? Personne. L'écrivain de La Coste reste pour les tenants de la moraline un monstre, autrement dit, un homme digne d'être montré ! Qu'il le soit ici !
à suivre
Philippe Chauché
(1) Ma grande lettre à Madame de Sade / Vincennes, le 20 février 1781 / Lettres choisies / 10/18
(2) La Philosophie dans le boudoir / Marquis de Sade / P.O.L.
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