mardi 9 octobre 2012

Fugitive Beauté.



" La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici !  trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! " (1)

Le jour se levait et avec lui l'étrange espace troublant et troublé de l'écrivain où il se glissait, à l'écart des invectives braillardes dominantes.

à suivre

Philippe Chauché

(1) A une passante / Tableaux parisiens / Charles  Baudelaire / Le livre de poche / 1961

1 commentaire:

  1. Un cri dans la Vallée12 octobre 2012 à 11:00

    Ah là, Monsieur Chauché, dégainer le Maitre c'est très fort.

    Oui elle était en grand deuil. De quoi ? De qui ? Son deuil à elle aurait même pu être son espoir à lui ...

    Bien à vous, cher Ami

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