dimanche 22 décembre 2013

Thomas Vinau


D'abord, il y a le titre, qui met les mots à la bouche. Tout observateur attentif de l'arc-en-ciel,  de l'éclat d'un soleil naissant, sait de quoi il est question. En quelques secondes tout se transforme, tout se fixe aussi, la transformation est parfois un fixateur. Fixer l'encre que la pluie ne puis plus diluer, fixer une deux, trois, quatre phrases, une deux, trois, quatre visions, passer du regard au mouvement, de l'instant au Temps, du mouvement à la phrase. Elle vient après la pluie, c'est toute sa splendeur :

" Me yeux
sont des mains
qui ont
la bouche ouverte "

" Viens la vie est fraîche
une couleur nouvelle coule du ciel
nos pieds ont une faim de bête
nos sexes furètent la lumière
viens ! Nous allons piétiner les fleurs "

" Je t'apprendrai
à laisser ta peine
sur le dos des mouettes
pour que finalement
d'une décharge à l'autre
tes larmes rejoignent
l'océan "

Précision du mot, précision de l'instant saisi, rien de plus simple, rien de plus nécessaire. Ecrire comme l'on respire pour lire comme l'on sourit, comme l'on tremble.

" Une
petite
montagne
qui saute sur les genoux
d'une rivière "

" L'ombre serait
un sous-entendu
de la lumière "

Justesse musicale, tempo, la bonne note à la bonne place comme chez Ravel, le bon accord au bon moment, comme une touche rouge chez Matisse, une sensation juste, vision libre, comme la liberté de Rimbaud et de Bashō.
 
à suivre
 
Philippe Chauché
 
 

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