Quelle belle manière d’ouvrir la nouvelle année
par ce roman-poésie au titre éclairant, aux éclats romanesques, judicieux et
joyeux même parfois dans son insaisissable tremblement. Roman-poésie qui
s’appuie sur cette lumineuse phrase de Pavese tiré de son métier de vivre
: « Mais la grande, la terrible vérité, c’est celle-ci : souffrir ne sert à
rien », en effet ! Cette vérité terrible ouvre ceux qui ne s’en
doutaient pas à de nouvelles aventures de la liberté libre, ce qui n’est jamais
de tout repos.
Vinau attentif à ce qu’il voit, c’est l’œil qui
écrit, choisir ses mots avec la même attention que porte Matisse à choisir ses
pigments. A ce qu’il sent, la peau toujours aux aguets. A ce qu’il pense, les
mouvements du corps sont aussi des sauts dans l’espace de la pensée vive qui
jamais n’oublie d’en sourire. A ce qu’il entend, l’oreille qui chante ;
vigilance de l’écrivain aux éclairs du Temps, au vent, au soleil, aux comètes,
aux fleurs et aux fruits, au ventre doux de la terre, comme finalement chez
Francis Ponge, son ancêtre en art du bref.
« Une petite vie
pleine et fraîche
comme une rivière
une petite rivière
pleine et fraîche
qui nous file
entre les doigts »
« L’été lorsque tout brûle
les guêpes viennent se rincer les ailes
au fond de tes yeux noirs »
« Jouer à ensevelir
sous le sable
les feuilles mortes
la peur »
Rien ne paraît plus simple, les phrases de Vinau
font des bulles, elles glissent, se posent, s’envolent, esquissent un trait, un
temps, un regard, un doute, un sourire, s’allongent, s’assoupissent, se lèvent
et dansent. Juste après la pluie est une lettre aux voyants qui savent
entendre, haute définition de l’art romanesque dans sa plus pure légèreté, belle
manière d’embrasser la nouvelle année.
Philippe Chauché
http://www.lacauselitteraire.fr/juste-apres-la-pluie-thomas-vinau
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