jeudi 7 août 2014

Les Hasards Objectifs



( extraits )
 
" Fantaisie de la littérature, apparition (ϕανταὓία) de l’art, ainsi naissent les romans et les poèmes de Thomas Vinau. Ecrivain du réel pris sous les éclats éblouissants de l’imaginaire, comme ces petites pièces que l’on fait tourner dans sa main, et qui une fois lancées à bonne hauteur, retombent et font jaillir en touchant le sol, des dizaines d’éclats romanesques, des aventures microscopiques. La part des nuages est l’apparition de Joseph et Noé, le père et le fils. Le détachement et la fuite dans  les branches comme une fantaisie que le narrateur prend à la lettre : voici un cerisier, j’en fais ma cabane, une arche, comme Noé ses châteaux de sable. Fantaisie de la fiction, apparition d’une tortue vagabonde, d’une flutiste appliquée, d’un clochard qui chatouille de son rire les orteils du céleste, Altocumulus de tristesse, voyage au bout de la nuit nuageuse accompagné d’écrivains boussoles. " La part des nuages - Thomas Vinau - Alma Editeur
 
 

" Que reste-t-il de ces années de phrases liées et déliées, de ces couleurs échangées et partagées ? Mille plateaux qui demain se livreront au théâtre de la réjouissance du verbe en mouvement de l’un, mille curiosités attentives de l’autre qui ne cesse d’inviter son jeune ami à lui en montrer encore plus, toiles et livres pris à la lettre. La transmission a bien lieu, mais sans maitre et sans élève. Les questions sont précises, les réponses tout autant, l’enthousiasme partagé. Dialogue complice entre deux artistes qui savent ce qu’ils ne veulent pas faire et qui montrent et écrivent ce qu’ils font. Alors va naître l’idée d’un questionnaire hautement marrant, le peintre suggère au montagnard de la langue qui l’a imaginé de l’imprimer tel quel les réponses laissées en blanc, pour finalement s’y  livrer avec gourmandise. " Personne n'est à l'intérieur de rien - Jean Dubuffet - Valère Novarina - L'Atelier contemporain
 
" Et si Rimbaud, soit disant poète éphémère de la jeunesse révoltée et insouciante, était pour qui sait le lire de face ou de biais, un homme de l’immersion dans une langue et sa mécanique sacrée, un poète qui en sait beaucoup sur la mesure du silence et la couleur des phrases. Rimbaud : écrivain de l’escapade vagabonde au centre du Livre, où tout déplacement dans le temps est un mouvement dans l’espace. Ici et maintenant à Paris, c’est aussi ici et maintenant au Harar, de nouvelles Illuminations livrées par la poste et décachetées par Frank Charpentier. D’une lettre l’autre, comme l’on passe de l’enfer au paradis, de Verlaine à Noé, de l’Occident à l’Orient… Tout un roman ! "  La dernière lettre de Rimbaud - Frank Charpentier -  Gallimard
 
 
" La semaine de Jack Tonnerre s’achevait plus sereinement qu’elle n’avait débuté. «  Tout va bien ! » aurait-il répondu à son double s’il s’en était inquiété. Mais son double reposait en paix, et il terminait sa dernière recension. Les livres qu’il devait chroniquer pour la revue « L’exilé intérieur » s’entassaient sur son bureau. On l’avait aimablement invité à se remettre au travail. Ce qu’il fit.
La semaine se terminait, et d’une main  il se servit un verre de Lagavulin, de l’autre gratifia d’une caresse dernière la nuque son chat noir qui ronronnait sur le dernier numéro de « L’exilé volontaire ».  Le téléphone sonna.
Chaque fois qu’il mettait un point final à un feuillet, il se servait un verre d’alcool provenant d’une île écossaise, au point qu’il envisagea un temps de signer ses propos l’Amateur de Tourbe, mais il y renonça.
Jack Tonnerre buvait comme il écrivait, peu, très peu, avec par instant quelques éclats : trois pages de vagues considérations sur un jeune auteur très prometteur, et qui sans nul doute décrocherait un prix littéraire cette année pour son premier vrai roman, un « roman qui se lit comme un roman » précisait la quatrième de couverture, en échange trois verres de son alcool îlien. "
 
textes parus ou à paraître
 
à suivre
 
Philippe Chauché
 
 
 
 

 

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