mardi 14 septembre 2010

Vue Imprenable sur le Temps.



Harmenszoon van Rijn Rembrandt 1606-1669

Il écrit, d'ici, j'ai une vue imprenable sur le Temps, et donc sur le mouvement des corps. D'ici, ajoute-t-il, j'ai une vue imprenable sur ce qui s'écrit :

" Son visage est très blanc, avec ces grains de beauté que j'ai transportés jusqu'ici dans mes phrases, et des yeux de violette ( je croyais que ça n'existait pas ). (1)

" Ne laisse pas la tristesse t'étreindre - Et d'absurdes soucis troubler tes jours, - N'abandonne pas le livre, les lèvres de l'aimée et les odorantes pelouses - Avant que la terre te prenne dans son sein. " (2)

" Ils se dirigent ensemble vers la porte Dorée, à la recherche d'une station, toujours la main dans la main, les jambes en perte de pesanteur, au point qu'on dirait par moments qu'ils glissent plus qu'ils ne marchent, comme Fred Astaire se promenant avec Judy Garland. " (3)

" On ne peut devenir que pour autant qu'on soit déjà. " (4)

D'ici, note-t-il, j'ai une vue imprenable sur le mouvement du Temps, l'horloge solaire des muscles, l'éclipse de la jouissance, il le vérifie sur le motif. Il faut simplement avoir de l'oreille, tout passe par ce sens unique, qui sait bien entendre, sait bien jouir, c'est aussi simple que ça, même si personne ne paraît s'en soucier.

Il écrit de sa tour, vue imprenable sur le mouvement du vent, le bleu du ciel en est tout retourné, ce bleu est en quelques sorte l'apnée de son visage.

à suivre

Philippe Chauché
(1) Evoluer parmi les avalanches / Yannick Haenel / L'Infini / Gallimard
(2) Les Quatrains / Omar Khayyam / traduct. Charles Grolleau / Éditions Gérard Lébovici
(3) La vie est brève et le désir sans fin / Patrick Lapeyre / P.O.L.
(4) Fragments / Novalis / traduct. Maurice Maeterlinck / José Corti

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