samedi 9 avril 2016

Frédéric Badré dans La Cause Littéraire



« Mon corps et moi nous ne nous entendons plus. Je ne le reconnais plus. La maladie neurodégénérative qu’est la SLA aura provoqué une sorte d’accélération dans le temps. Jour après jour toutes mes forces diminuent perceptiblement. Mon corps m’a projeté en un clin d’œil hors de la vie ».
 
Ainsi débute L’intervalle, le prochain roman de Frédéric Badré dont quelques feuilles envolées viennent d’être publiées par la NRF du mois de mars. L’écrivain, le dessinateur, l’amoureux de Venise, le complice de la revue Ligne de Risque, s’est éteint à l’âge de 51 ans.
 
Avec François Meyronnis et Yannick Haenel, il avait fondé en 1997 la revue Ligne de Risque, publiée aujourd’hui par les éditions Multiple, et dont le dernier opus est en grande partie consacré à Leïb Rochman et son monument A pas aveugles de par le monde. Frédéric Badré aimait tout autant la guitare que les mots, les églises de Venise que les éclats de Paris, mais il a dû ranger sa guitare et sa plume, le corps lâchait de toute part, la maladie faisait son chemin et s’employait à tout réduire, à tout détruire, le corps et la voix.
 
Il avait consacré à Jean Paulhan un bel ouvrage, Paulhan le juste chez Grasset, publié chez Gallimard dans la collection l’Infini de Philippe Sollers (autre complice de Ligne de Risque), L’Avenir de la littérature, et puis le roman de sa maladie, le roman de la vie touchée, La grande santé aux Editions du Seuil dont nous reprenons ici la recension que nous lui avions consacrée. La Cause Littéraire pense à ses proches, à ses amis, aux écrivains qu’il affectionnait et à la Pietà de Titien qu’il savait regarder.
 
 
Philippe Chauché

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