jeudi 8 novembre 2012

Comme un Peintre


" A la lettre, je prends de la hauteur.
Que tous les lieux de la Terre se trouvent rassemblés en un même lieu, et le nom de tous les saints.

Nous y sommes.
Je le rencontre une nouvelle fois, proche et difficile à saisir - certes. Autour de nous, les cloches sonnent rayonnantes, nous sommes dans l'envolée brusque des mouettes et l'étendue où elles s'élèvent.

Le son, le sens de cette musique brusquement me traversent.

Je l'entends encore.
Nous sommes dans l'oreille de cette sonorité du ciel.

Sur la mer Égée, le soir, le ciel étend dans la lumière : l'éternité d'une intelligence violette.

Métaphore florale dans un univers nouveau. Personne ne s'interroge. Les fleurs naissent du mouvement de sa main. La nature tout entière se réfléchit dans son amour et dans son coeur. Suzette Gontard eut à cet instant la blancheur d'une koré.

Ils sont là, à Venise. Liés à la sagesse Hölderlin a soudain la figure du cavalier solitaire des royaumes combattants.

Rien n'est perdu.

Lorsque je ferme les yeux, c'est toujours la guerre. Je vois cette lumière harmonique et tout ce qui ne cesse d'apparaître... campo San Trovaso, riva degli Ognissanti. "





Les livres n'ont pas d'âge, comme les peintres. Il revoit Matisse découpant ses papiers de couleur - qui oserait affirmer qu'il ne l'a pas vu ? - ou encore armé d'une canne pinceau traçant dans l'espace magnétique de la toile des haïkus,  ou encore auprès de son modèle ouvrant la toile aux éclaircies du Temps.
Les livres sont sans âge, comme les musiciens. Il se souvient de Glenn Gould, main gauche suspendue sur le clavier de son piano - qui peut affirmer qu'il ne la pas entendu - laissant venir la musique de plus loin que la partition de Bach, de territoires du Temps.
Les livres n'ont pas d'âge, comme les écrivains. Il se voit un soir d'hiver assis face à lui, dans la pénombre, un verre de Roaix dans un main, dans l'autre, l'un de ses livres sur Venise, c'est à dire sur les peintres, les musiciens et les écrivains, il se souvient lui avoir dit, " j'ai l'étrange impression de vous avoir lu depuis toujours... ".
Les livres sans âge l'accompagnent depuis longtemps, du temps où il ne mettait pas de majuscule à ce mot inouï, musical et vibrant comme une toile, il se souvient aussi des livres qu'il prévenait comme des pierres précieuses et sans âge, qu'il offrait parfois, qu'il perdait, retrouvait et qui la nuit l'embrasaient.  


Marcelin Pleynet est sans âge, ce n'est pas surprenant, il écrit depuis toujours, écoute et voit, les peintres, les musiciens et les écrivains le lui rendent bien et si n'est pas le cas, cela n'a aucune importance.

à suivre

Philippe Chauché




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