vendredi 31 octobre 2008
Le Souffle des Dieux
" De son berceau de brume, à peine sortie l'Aurore aux doigts de rose, qu'Ulysse revêtait la robe et le manteau. La Nymphe se drapa d'un grand linon neigeux, à la grâce légère ; elle ceignit ses reins de l'orfroi le plus beau ; d'un voile retombant, elle couvrit sa tête, puis fut toute au départ de son grand coeur d'Ulysse. Tout d'abord, elle vint lui donner une hache aux deux joues affûtées, un gros outil de bronze, que mettait bien en mains un manche d'olivier aussi ferme que beau ; ensuite elle apporta une fine doloire et montra le chemin vers la pointe de l'île, où les arbres très hauts avaient poussé jadis, aunes et peupliers, sapins touchant le ciel, tous morts depuis longtemps, tous secs et, pour flotter, tous légers à souhaits. Calypso lui montra cette futaie d'antan, et la toute divine regagna son logis. Mais lui, coupant ses bois sans chômer à l'ouvrage, il jetait bas vingt arbres, que sa hache équarrit et qu'en maître il plana, puis dressa au cordeau. Calypso revenait : cette toute divine apportait les tarières.
Ulysse alors perça et chevilla ses poutres, les unit l'une à l'autre au moyen de goujons et fit son bâtiment. " (1)
Nous y sommes, nous allons embarquer, ce radeau là conviendra à quelques élues, fidèles à quelques principes, à quelques auteurs des hauteurs, nous ne craignons aucune tempête, aucun orage de nous effraie, nous avons pour nous l'insolence de la liberté, la liberté du corps délivré, envolé dans le souffle des dieux.
C'est dans ce radeau que nous allons inventer d'autres attirances, d'autres frôlements, d'autres aventures dont vous ignorez les floraisons et les frissons, certes ce voyage n'est pas sans risque, mais quel voyage l'est-il, certes cette aventure du corps n'est pas donnée à tout un chacun, mais toutes savent ce qui les attend, une traversée du siècle de la lumière.
" Assis prés de la barre, en maître il gouvernait : sans qu'un somme jamais tombât sur ses paupières, son oeil fixait les Pléiades et le Bouvier, qui se couche si tard, et l'Ourse, qu'on appelle aussi le Chariot, la seule des étoiles, qui jamais ne se plonge aux bains de l'Océan, mais tourne en même place, en guettant Orion ; l'avis de Calypso, cette toute divine, était de naviguer sur les routes du large, en gardant toujours l'Ourse à gauche de la main.
Dix-sept-jours, il vogua sur les routes du large ; le dix-huitième enfin, les monts de Phéacie et leurs bois apparurent : la terre était tout près, bombant son bouclier sur la brume des mers. " (1)
Nous avons ainsi vogué, traversé ces mers qui se reflètent dans la courbe étoilée qui nous éclaire, ainsi nous avons filé tels des poissons d'or et d'argent, sans autre pensée que celle d'être attentifs aux signes du vent et des dieux complices, ainsi de nos corps nous avons fait des compas et les boussoles vigilantes, nos amies n'ignoraient rien de ces codes appris au fil du temps, elles se postaient à l'avant du radeau du bonheur avec dans les yeux les éclats d'étoiles de soie et de poissons complices.
Ce voyage ouvre sur mille mots tendus comme les voiles que nous embrassons de la main.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Odyssée / Homère / Bibliothèque de la Pléiade / traduc. Victor Bérard / Gallimard
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Rencontre :
RépondreSupprimerUn oiseau virvoltant, tombé de son perchoir, pied sur terre, il marche.
Un peintre virvolté, respectueux, douceur frappante, convoitant lumière et volupté, désirant voler...
Le peintre voit l'oiseau, le sait criblé de balle, mais veut lui voler dans les plumes. Oh combien il souhaite voler dans les ailes de l'oiseau.
L'oiseau le cachait sous ses ailes, les balles l'appelaient.
Le peintre répond :
"je suis une balle???
paroles létales comme a tout chacal
chute brutale
pas de larme
triste consta d'une vie sans égal"
L'oiseau lui répondit :
"Ne zappe pas le T à ton contas
Cela te permettrait de constater
Qu'un oiseau dans le ciel ne fait rien de plus
Qu'un danseur et sa partenaire ne font rien de plus
Qu'un peintre sur sa toile ne fait rien de plus
Il vit, et jouit de vivre,
Le voilà immortel.
Le modèle : tu l'as en tête, en âme, en corps et dans ton coeur
Ne sois point lasse, la consommation n'est plus ton objectif.
Tu jouis déjà."
L'oiseau ajouta :
"je préfèrerai des pétales à des couleurs létales...
Thalès poursuivra de son côté."
L'oiseau sifflota de plus belle :
"N'oublie pas le T à constater
Oses rêver à une autre éternité
Et dans ces cieux, la vie n'a pas d'égal.
Renier la vie, n'est pas un abandon aux primes abords...
Aborde sans détour ton pinceau
Joue-toi de moi, comme je me joue de toi.
Le jeu peut commencer."
N'est ce pas celà vivre ?
Merci
Zoé