mercredi 15 avril 2009

L'Infini



Voilà une revue qui ne doit pas plaire à tout le monde.
Elle paraît, c'est le silence. Elle publie, c'est le silence. Elle poursuit inlassablement depuis l'hiver 1983, cette traversée unique du Temps, en toute sérénité, loin, fort loin, des bavardages médiatiques.
Son tort : être dirigée par un écrivain bordelais au corps vénitien.
Ouvrons ce dernier numéro, le 106, du Printemps, ce Printemps qui nous sourit, espace de liberté rare. Lisons dans le désordre :

" J'ai toujours été dans les choses tellement - toujours - que je confonds parfois les jours. " (1)

" Qui sait ? Peut-être un peu d'or dans ces notes ? " (2)

" Oui, Mauriac rajeunit bien. Vous le saviez déjà par l'extraordinaire Bloc-notes. Mais vous le saurez encore mieux avec, dans la collection Bouquins, son Journal ( à partir de 1934 ) et ses Mémoires politiques. Là, presque tout serait à citer, notamment dans le grand chapitre La France et le Communisme ( 1945 - 1953 ). Dans la guerre de Mauriac contre l'Église stalinienne et sa machine à décerveler, ses cultes grotesques, ses crimes niés, son style est étincelant et terrible. Il combat l'Infâme en personne, on dirait Voltaire ressurgi en cavalier du ciel. " (3)

" Comme des raisins dans le désert J'ai trouvé Israël,
comme les prémices d'un jeune figuier J'ai vu vos pères,
mais ils sont allés vers le Baal de Péor pour se vouer à la honte
et sont devenus choses abjectes comme leurs amours ! " (4)

... et nous pourrions ainsi continuer à saisir ici et là ce qui constitue l'étrangeté vivifiante de cette revue unique, nous pourrions sur cet écritoire reproduire sa saveur et son savoir, mais non, lisons, ouvrons les yeux, le démon et ses adeptes ombrageux s'emploient tous les jours à nous fermer les yeux avec leur glace brûlante, une belle façon de les ouvrir consiste à lire ce qui s'écrit là.
Le monde appartient à la lumière et à la parole.

à suivre

Philippe Chauché


(1) Marcelin Pleynet / Situation : chroniques vénitiennes / L'Infini / 106 / Printemps 2009 / Gallimard
(2) Journal de Deuil / Roland Barthes / d°
(3) Mauriac grand cru / Philippe Sollers / d°
(4) Le Livre d'Osée / traduct. Franz de Haes / d°

1 commentaire:

  1. « La première voie de recherche dit que l'Être est et qu'il n'est pas possible qu'il ne soit pas. C'est le chemin de la certitude, car elle accompagne la vérité. L'autre c'est que l'Être n'est pas et que le Non-Être est. Cette voie est un sentier étroit où l'on ne peut rien apprendre. »

    « Tu ne réussiras pas à couper l'Être de sa continuité avec l'Être, de sorte qu'il ne se dissipe au-dehors, ni il ne se rassemble. »

    « L'Etre se parfaisant aux limites dernières
    Il est tel que la masse arrondie de la sphère
    Où du centre, un rayon, se propage en tout sens
    N'admettant, çà ou là, plus ou moins de distance.»

    Parménide d'Élée
    VIe siècle au milieu du Ve siècle avant J.-C

    RépondreSupprimer

Laissez un commentaire