mercredi 3 février 2010

Vérités du Regard


Gustave Courbet 1819-1877

Il regarde pour la millième fois peut-être le tableau. Cette Origine qui a traversé le Monde, échappé à mille destructions d'aveugles diaboliques (1), à mille manoeuvres visant à dissimuler à jamais ce que révèle ce tableau.
Cette Origine révèle la nature profonde de ce que l'on voit d'un sexe, de ce que l'on entend d'un sexe.
Vous doutiez qu'un sexe n'en vienne un jour à vous parler ? Cette Origine vous en apporte la preuve !
Amusez-vous, pense-t-il, à le comparer aux images pornographiques dominantes, cela saute aux yeux. D'un côté la laideur dominante et marchande, le fantasme morbide du corps dominé, de l'autre l'aventure permanente de la liberté de l'artiste. D'un côté la falsification du réel et son aliénation qui réduit le corps à sa représentation fantasmé, de l'autre une traversée du réel, une mise à nue du verbe. Car ça chante, ça joue, ça danse sous vos yeux, écrit-il, comme chantent et dansent les Pommes de Cézanne, les Mousquetaires de Picasso ou les musiciens de Fragonard.
Il regarde la Vérité du Regard du tableau, la Vérité du Regard du peintre, la Vérité du Regard du sexe, la Vérité de son Regard.

Certains tableaux, se dit-il, dévoilent toujours son propre regard.

Il se dit aussi, une telle Vérité se vérifie dans le regard offert à la brillance d'un sexe aimé, dans ce dévoilement de sa Courbe secrète, de sa mélodie luxuriante, de son éblouissement.

Il pense que ce tableau chasse à jamais la mort, et c'est une bonne nouvelle.

à suivre

Philippe Chauché


(1) Le roman de l'Origine / Bernard Teyssèdre / L'Infini / Gallimard / 2007

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