Julián López Escobar
La grande tauromachie ne laisse pas sans voix, mais elle fait chanter, la grande tauromachie a l'étrange pouvoir de faire danser, comme la grande peinture.
La tauromachie du Juli est celle d'un encyclopédiste qui, a chaque définition et description nouvelle invente mille échappées romanesques, son dictionnaire est une mémoire vive de ce qui s'est dit dans les arènes depuis le XVIII° siècle et de ce qui se dit aujourd'hui dans le réel partagé. La tauromachie du Juli est celle d'un bâtisseur de cathédrale, une pierre à gauche, une pierre à droite, une pierre dans la poitrine, une épée dans la croix ! Rien ne lui résiste comme rien ne résista à Picasso, et comme lui dans chaque placement, dans chaque croisement, au coeur même de chaque naturelle, de chaque trinchera, il trouve l'art taurin qui fait s'élever les flèches de sa cathédrale.
José Miguel Arroyo Delgado
Il a souvent trouvé amusant que certaines âmes se plaisent et même se complaisent à penser et à affirmer que jamais il ne faut se fier aux apparences, comme si les apparences nous trompaient sur la marchandise, autrement dit sur le réel. Hors, note-il, l'apparence est la face immédiatement visible du réel, elle saute aux yeux, que cela nous plaise ou non, elle n'est pas là pour plaire, elle est là.
Les taureaux de Joselito présentés et lidiés hier à Bayonne étaient d'une belle apparence, racés, armés, musclés, ils avaient l'apparence de taureaux de combat au prestigieux sang Domecq, et comme l'habit fait le moine, nous vîmes de vrais et grands taureaux de combat, leur réalité c'était leur apparence magnifique. CQFD.
à suivre
Philippe Chauché
samedi 6 août 2011
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Sur les apparences, le réel, le train et Delgado (qui veut dire "mince" -je l'ai encore manqué !) :
RépondreSupprimer"Eh bien, les poètes qui disent "j'aime les choses, je veux entrer dans la pomme", quant à connaître bien une pomme, ils manquent le train. Quant à exprimer leur amour de la pomme, ils manquent encore le train. Et ils le manquent encore quant à exprimer quoi que ce soit d'eux-mêmes. Tandis que, comprenez-moi bien, entre une description parfaite et un cri, un appel, il n'y a pas tellement de distance. Une description parfaite c'est une façon de serrer les dents, une façon de NE PAS crier, vous me comprenez bien ? (même une description de la pomme)..."
Francis Ponge