Croire, ce n'est pas décréter par un tour de passe-passe langagier que Dieu existe ; c'est être engendré par une parole qui nous révèle tout ensemble la fin et le commencement - la fin en tant que commencement. "
" Je suis assis au crépuscule, à Sioufi, sur la colline d'Achrafiyé, dans la chaleur noire de Beyrouth, sur le balcon d'un ami qui part à l'aube et ne rentre qu'à la nuit, devant la corniche du fleuve ( un fleuve caché, presque à sec, le vrai fleuve, ici, étant le bruit continu des automobiles et des camions, la rumeur de la ville, tout un ressac qui va battre jusqu'aux flancs de la montagne ). Je vis nu, seul, silencieux comme un chat, dans un clair et vaste appartement, au dernier étage d'un immeuble récent. Je ne m'habille que pour écrire, n'ayant jamais imaginé travailler nu : la langue suppose ce respect-là. "
" Voyager, c'est s'arrêter.
Le chemin, ce sont les haltes : et ce dernier mot me renvoie irrésistiblement aux Haltes d'Niffari, notamment à l'admirable Halte de la halte :
" Et Il m'a dit : La halte est au-delà de la nuit et du jour, et au-delà des destins qu'ils contiennent.
" Et Il m'a dit : La halte est le feu de l'altérité.
Si la halte de la consume pas, tu seras consommé par elle. " (1)
Que n'aura-t-on dit, ou tait, sur cet écrivain, pense-t-il, seul le hasard nous guide sur ses traces, et les vertiges nous saisissent lorsque l'on s'aventure à le lire.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Richard Millet / L'Orient désert / Traits et Portraits / Mercure de France / 2007
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