S'appliquer à ne point désespérer du Printemps, en faire un simple "passe temps", fenêtre entrouverte sur l'Été, et ses faïences transparentes, les yeux qui se transportent dans l'espace quadrillé d'une fenêtre qui s'ouvre sur les toits de la ville, loin de la rumeur, il lit, retourné dans le saisissement d'un certain mouvement incertain :
" Trait d'âme
Sort d'âme
Mort du trop d'or
Roman d'amour d'amours
Mourir de vivre
Non de mort, oubli des chagrins.
Excès d'instants
Paraclet immédiat
Paradis sans infini unique
Clôture d'enfer
Lampes de poche derrière le divan
Signaux codés
Même bâclés
Éviter tout espionnage
Chasser les survivants des âges
Hâtez-vous c'est la débâcle
S.O.S. appelle les os morts
A se réveiller
Par un saut
Hors d'éternité
Ici. Jamais en dehors
Mangez. Buvez. Parlez d'or. " (1)
Il lit et se laisse regarder par Jackson Pollock, vérifiant une nouvelle fois, que c'est bien la peinture qui nous regarde, et non notre regard qui s'y emploie, toute une traversée oblique du Printemps, de ses griffures, du mouvement permanent de la toile, elle ne cesse de bouger en le regardant note-t-il :
" Je veux être le fabricant de nouveaux signes à partir de mon mouvement intérieur. " déclarait Malevitch. Pollock, plus que quiconque, peint cet "espace" ni intérieur ni extérieur, trouvant ainsi le signe (au travers de l'image) du corps "pneumatique", corps sublime dont rêvaient les gnostiques... " (2)
Un dessin - sublime - une photo - inoubliable - deux hérétiques aux lumineuses croyances, deux religieux flamboyants, le corps ici n'est pas à vendre, il ne souffre pas, il n'est point de ce siècle bavard et obscène, alors que la moraline n'a jamais cessé pour l'un et l'autre de multiplier mensonges et accusations, d'évidence, Rodin et Joyce, double élévation lumineuse, que les aveugles ne sont pas prêts de voir, et qui ne seront jamais vus par eux.
Reprendre enfin, mot à mot tous les livres de Marcelin Pleynet, cette étendue musicale qui s'accorde si bien avec le bleu du ciel, ne pas désespérer du Printemps et attendre en silence l'Été, dans le vide rayonnant d'une phrase :
" Ma vie comme un roman dont la circonférence est partout et le centre nulle part... " (3)
à suivre
Philippe Chauché
(1) Alain Jouffroy / Eloge du Viveur / L'Infini / 118 / Printemps 2012 / Gallimard
(2) La Voie lactée de Jackson Pollock / Julia Kristeva / d°
(3) L'Étendue Musicale / Marcelin Pleynet / d°
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