Photo François Delebecque |
" Séville enterre la nuit et le froid, gorge de sève les orangers de ses places dont les fleurs vous enveloppent d'une mousse parfumée lorsqu'on passe sous les branches basses, dore les citrons de ses patios. Parfois, le vent froid qui souffle de Matalascanas réussit à franchir les collines de l'Aljarafe, à quelques kilomètres, mais il ne s'agit que d'un malentendu. Dans quelques jours, ce sera la Feria et les mêmes qui piétinaient, dans leurs suaires, cierge au poing ou croix sur l'épaule, fouetteront allègrement les chevaux entraînant sur le sable la masse noire du toro immolé. Les mêmes danseront " por sevillanas " a lieu d'écouter des saetas et se saouleront de jerez. Le Frère se transformera en torero et pénitent en aficionado. Les vierges piqueront des peignes de couleur dans leurs cheveux et les toros qui courent en soufflant - vrroumpf ! - le long des barrières, se plantent au milieu de l'arène, majestueux comme ceux que la publicité du cognac " Osborne " qui découpent leur silhouette de bois sur les collines ; et le soleil invaincu descend du ciel et doucement s'inscrit entre les deux cornes dressées. Torquemada-apoderado, qui s'y connaît, murmure a matador qu'il peut avoir confiance : le dieu est un bon toro qui prendra bravement sur lui tous les péchés du monde. " (1)
Les éclats de Séville offrent au Printemps, note-t-il, ses premières notes solaires - l'été n'est pas loin -, les belles sévillanes toujours aussi lumineuses s'accordent au regard de l'Oisif amusé qui n'attend rien d'autre que cela : un regard, une liberté libre, une musique, un faenon, si " dieu le veut " !
à suivre
Philippe Chauché
(1) Sévillanes / Jean Cau / Julliard / 1987
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laissez un commentaire