lundi 3 juin 2013

Desports Monte au Filet


Le nouveau Desports à la main il s'est installé à la terrasse d'un café, plein soleil, et la petite balle jaune a sauté de tables en tables sous les effets d'un mistral mesquin, florilège :

" Chaque année désormais, lorsque l'ennui me prend dans les tribunes de Roland-Garros à contempler les évolutions des joueurs professionnels qui, le visage crispé par l'effort, geignant comme des damnés, moulinent laborieusement leurs gestes mécaniques, la silhouette de mon vieil ami Louis, tel un réconfortant flash-back sur mon écran mental, vient souvent se substituer à ce morne spectacle. Je revois son allure angélique, sa gestuelle de rêve et surtout : son sourire radieux d'éternel enfant captivé par le jeu ! "
( Denis Grozdanovitch )

" Nastase était un clown. Il était vraiment drôle. Un jour, lors d'un match contre Eliot Teltscher, on  disputait une balle, et la discussion entre le juge de ligne et l'arbitre n'en finissait pas. Nastase a dit : " Bon écoutez, décidez-vous, moi je vais prendre un café et je reviendrai dans une demi-heure, vous me direz où vous en êtes. "
( William Klein )

" Un court de tennis - 23,77 mètres par 8,23 - ressemble, du dessus, avec les étroits rectangles des couloirs de double qui le flanquent de part et d'autre, au patron d'un carton dont on aurait replié les rabats. Le filet - 1,07 mètre aux extrémités - divise le court en deux moitiés dans le sens de la largeur ; les lignes de service divisent à nouveau chaque moitié en un arrière-court et un avant-court. Dans les deux avant-courts, la ligne médiane de service qui part du centre du filet et s'arrête à la ligne de service délimite deux carrés de service de 6,4 mètres sur 4,11. La précision des divisions et du bornage, ajoutée au fait que les balles ne peuvent se mouvoir qu'en ligne droite - si on laisse de côté le vent et les effets les plus retors -, font du tennis un exemple parfait de géométrie  plane. C'est du billard avec des boules qui ne tiennent pas en place. Les échecs sauf qu'il faut courir. Le tennis est à l'artillerie et à la frappe aérienne ce que le football américain est à l'infanterie et à la guerre d'usure. "
( David Foster Wallace )

Le tennis est un sport d'aristocrates amusés, rageurs, drôles, déclassés, lointains, timides, délurés, ennuyeux, rêveurs, colériques, élégants, isolés, lunatiques, médiatiques, perdus, lumineux, tricheurs, rusés, flambeurs, joyeux, à la répartie foudroyante, au silence douloureux et aux certitudes millimétrées, au corps actif, comme un principe dont ils ne se départissent que lorsqu'ils raccrochent leur raquette.

On peut aussi lire le lumineux " Le scandale McEnroe " de Thomas A. Ravier - Gallimard - toujours autant détesté ici et là, ce qui n'est pas pour nous déplaire.

à suivre

Philippe Chauché

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