"... Un accord de piano résonne dans le matin madrilène, et il est seul à l'entendre dans la volupté de la présence d'Angels. Une mélodie glisse dans l'espace du salon de musique. Il ferme les yeux et pense à celle qui à cet instant est devenue sa pianiste amoureuse. C'est une chanson souvent interprétée par Bill Evans, profondeur des silences, lente cadence, promenade nu-pieds sur une plage, il se laisse bercer par la douce valse. Vous saviez que votre ami prenait des cours de piano, il se rendait régulièrement lors de ses séjours ici, chez un jeune pianiste qui partage mes passions, elle est d’ailleurs connue ici pour insuffler le temple de la musique à quelques toreros qui vivent dans la capitale, ils y gagnent une certaine sérénité, une profondeur, un dominio céleste. Il apprenait vite, sa pianiste aussi ! Echange de savoirs, accords des mains sur les partitions ouvertes, contemplation de claviers en lévitation, jouissance mélodieuse, aspérités rapprochées, résurgences de vies, éclairs et éclats d'évidences, c’est ce qu’elle m’en a dit. Et je la crois. Le mensonge est mal venu ici, en tout cas chez ceux que je fréquente, le secret est par contre vivement conseillé. Si vous ne voulez pas mentir, multipliez les masques, le port du masque est tout un art, cela n’a rien d’un artifice, c’est une façon de vivre tout simplement, c’est ce que dit souvent mon père. Elle s’amuse à plaquer des accords avec sa main droite, et laisse la gauche gambader sur le clavier, c’est très apaisant et tonique à la fois. Il se lève, se colle à son dos, il pose ses mains sur les muscles du trapèze qui retiennent sa nuque et commence à y accorder ses doigts, elle s’est redressée et l’effet de ce mouvement entraîne l’ouverture luxuriante de sa sortie de bain, sa poitrine apparaît et il laisse glisser ses mains qui l'absorbent. Rien n’arrête la musique, les yeux fermés, leurs peaux sont jumelles c’est une sensation qui le met en joie... " extrait d'un roman à paraître
à suivre
Philippe Chauché
jeudi 31 janvier 2008
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