Le jeune homme brun est passé maître dans l'art marin de larguer les voiles, face aux tempètes. Il réduit sa voilure, prends des ris de plus en plus serrés, jusqu'à faire oublier la toile. Il sait tous les détails des pressions et dépressions du large et de la côte, il a la mémoire de moindre récif et de chaque haut fond. En marin des hautes aventures, il ne réduit pas sa toile pour éviter de chavirer, mais pour n'exposer que son corps, mat droit qui ne plie jamais. Et peu importe finalement que les épées du vent le traversent, peu importe que le bruyant tumulte des cornes le déchire, il se tient droit comme un pinceau, et dépose ses couleurs sur la robe noire du taureau soumis, et donc libre. Il soumet le taureau, sans affectation, pour lui offrir ces instants de vie sacrée, que les sourds condamnent, que les aveugles maudissent. En géographe méticuleux, il sait les trajectoires, les retournements, les droites et les courbes, c'est au centre même de ces dessins colorés, qu'il invente le sien. Je vois Pablo Picasso habiter le centre de ses "Demoiselles d'Avignon", il en est le dessin et la couleur, il en est la forme, que l'on dit déformée, le mouvement et le regard frontal de ces femmes, ressemble à celui des taureaux qui foulent le sable nîmois, Matisse est cette feuille d'acanthe découpée, plume d'ange pour sa chapelle rayonnante, c'est ainsi que le jeune homme brun découpe ses faenas pour n'en garder que la trace profonde. Seule identité de ces hommes là, la peinture, ils l'habitent à chaque instant, comme José Tomàs est la tauromachie, son essence, et donc sa disparition. Pour être dans le plein, il convient de se nourir du vide, qui n'est autre que l'éternité de la présence.
à suivre
Philippe Chauché
lundi 21 janvier 2008
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