lundi 11 février 2008

Constats

Vos amoureuses vous ignorent ou pour le moins s'étonnent de vos empressements, des mots et des regards fleuries que vous leur offrez, des bijoux que vous déposez au pied des arbres de leur domaine, n'en prenez point ombrage. Reprenez vous, gardez votre sérénité, misez sur le silence, l'abandon, l'alcool, l'herbe, la musique amplifiée, la boulimie, avalez des anorexigènes, doutez de votre anorgasmie, riez-en, devenez moine, amateur de football, ou jetez-vous dans le Rhône.

Vos amoureux restent de marbre devant les agréments de votre toilette, vos décolletés les endorment, vos lettres restent sans réponse, vos sourires leur donnent soif, vos déclarations les ennuient, votre art de la séduction les assomme, dites-vous que ce n'est là que mirage. Devenez chinoise, amatrice de guerres secrètes, jetez vous dans l'opium, les sites de rencontres sur internet, buvez des bières fraîches en grande quantité, du vin doux au réveil, allumez cigarette sur cigarette, offrez-vous des dessous chics, des robes de bure, écoutez en boucle les chansons de Renaud, ou pendez-vous.

Dans les deux cas offrez des fleurs et ouvrez "Fleurs" (1) de Philippe Sollers, le grand roman de l'érotisme floral, rien de moins. De quoi s'agit-il, des planches de Gérard Spaendonck (1746-1822), en 1799 écrit Sollers, paraissent les "Fleurs dessinées d'après nature par Gérard van Spaendonck, recueil utile aux amateurs, aux jeunes artistes, aux élèves des Ecoles centrales et aux dessinateurs des manufactures."... Les fleurs parlent d'amour ? On va voir ça, de Dieu au Diable, du sublime à l'angoisse, de la pureté au vice, de la joie à la mélancolie."
Lisez, écoutez :

Tiens à la page 25 : " L'érotisme floral à travers les âges ? Il est constant,insistant, sublime, idéalisant, chaste sensuel, vicieux, mélancolique, vivifiant, enivrant, mystique, métaphysique, initiatique.
" Qu'il me baise des baisers de sa bouche, tes amours sont plus délicieuses que le vin", et plus loin : " L'arôme de tes parfums est exquis, ton nom est une huile qui s'épanche, c'est pourquoi les jeunes filles t'aiment." Le Cantique des cantiques.
Allons plus loin à la page 34, après avoir écouté la musique sublime des Oeillets, Althéa, ou encore Grande Serine et Pervanches : " Les fleurs, les étincelles prirent / L'aspect d'êtres plus beaux d'allégresse, et je vis / Du Paradis les deux cours apparaître." C'est une fusée de Dante, il y en a des millieux dans la Divine Comédie, peut-être que cet été le Festival d'Avignon saura les porter, qui sait ?
Enfin, après avoir entendu la musique de la Chicorée Sauvage, vous allez page 114, c'est un voyage en Chine :" Tombent les fleurs, coule l'eau, voie mystérieuse. (Li Bai), et plus loin "La rivière de ce soir est lisse et calme / Les fleurs du printemps s'épanouissent / Le courant emporte la lune / La marée ramène les étoiles." (l'empereur Yang)
Vous voilà sauvés.

(1)Edition Hermann Littérature

à suivre

Philippe Chauché

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