" La nuit, caresse les seins de la jolie et baise tout le jour les lèvres de la belle !
Dédaigne ceux qui blâment ton amour : à leur seul avantage ils te conseillent. Garde plutôt mes paroles de vérité : de vie il n'y a que celle en compagnie des Filles de la Beauté. En catimini elles ont rampé hors de l'Eden pour torturer les vivants, et il n'y a pas d'homme en vie qui ne soit plein de désir.
Noie ton coeur dans les plaisirs, fais la noce, bois à l'outre sur les berges de la rivière, au son des lyres, des colombes et des martinets. Danse et réjouis-toi, bats des mains, sois ivre et frappe à la porte de la jolie !
Telles sont les délices de ce monde : comme du bélier de l'investiture prends ta part. Assigne-toi la portion qui était le dû de tes chefs. Sans cesse bois à petits coups ces lèvres humides jusqu'à ce que tu tiennes enfin ta part légitime - la gorge et la cuisse ! "
Moïse Ibn Ezra (1)
La nuit t'appartient, elle descend dans tes veines - laisse le temps se couvrir d'ombre - laisse la s'installer, ne craint ni ses doutes, ni ses cris. Embrasse toutes ces Filles de la Beauté, elles viennent de délivrer le monde. La musique des martinets est devenue la tienne, enlasse les oiseaux de passage et glisse dans leurs plumes des fleurs de soie.
"Les yeux fermés
J'embrasse le héron cendré
Eclats de plumes sur l'eau."
(1) Poésie hébraïque du IV° au XVIII° siécle / Gallimard / L'Infini
à suivre
Philippe Chauché
dimanche 24 février 2008
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