Eugène Delacroix
Nous y voici, face à nous cet espace où l'on ne craint pas les masques, où l'art des mots et des mouvements est en permanence en trompe l'oeil. Vous attendiez un drame, c'est une farce, des envolées lyriques, ce sont des gros plans de visages projetés sur un rideau de pierres d'or, vous vous souveniez des longues tirades sur la vie, la foie et la mort, il n'en reste que le coeur, le muscle, le travestissement. Words, words, words, dit-il, ils trouvent une autre résonance dans cette langue qui vous ait inconnue, même si leur essence est projetée sur les cintres. Vous voici, pourquoi en douter, chez William Shakespeare, mais aussi chez Thomas Ostermeier, concentré de théâtre, oreille vive du mouvement, folie de l'acteur engagé sur la scène du drame permanent, mais sans pathos, laissons cela à ceux qui ont les yeux embués par le théâtre de la représentation, vous voici face à Hamlet, admirable et troublant Lars Eidinger. C'est le théâtre des opérations théâtrales, champ d'une bataille perdue d'avance, cimetière de l'idéologie, déchirement des sentiments et des mots, qui frappent comme des balles tirées à bout portant. (1)
à suivre
Philippe Chauché
(1) Thomas Ostermeier / Schaubühne Berlin / Hamlet / Festival d'Avignon 2008 jusqu'au 20 juillet dans la Cour d'honneur du Palais des Papes.
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