dimanche 21 décembre 2008

Eblouissements



C'est ainsi que l'on vit, dans l'Instant vivifiant des musiciennes. Fées enchantées qui délivrent de la perte de corps et d'esprit, elles illuminent d'un geste, d'un regard, d'un silence, les sombres nuits où l'on veut nous voir sombrer. Si vous croisez Nietzsche, dans une rue de Nice, demandez-lui ce qu'il en pense. Où vivent-elles ces fées d'exception ?




Voilà une leçon de vie, une leçon d'accord à l'Instant, et il n'est pas donné à tout le monde de l'entendre, cela demande une disponibilité rare, une belle façon d'être au monde dans un éternel éblouissement, il va de même de celui qui écrit, même concentration, même tempo, même regard, droit sur une partition imaginaire, dans le coeur du clavier.

" Il ne prend pas la pause, il écrit, et c'est ainsi du jour à la nuit. Lorsqu'on le surprend conversant avec une déesse aux yeux brillants de soleil, on ne s'imagine pas qu'il est en train d'écrire et c'est ainsi vérifiable" en plein midi à la terrasse de ce café parisien. Lorsqu'il dort, on serait surpris de découvrir que c'est dans le sommeil qu'il est le plus inspiré. Il écrit en silence comme cette musicienne de l'Instant. "

Les voici, toujours aussi éblouissantes, il les regarde, solitaire dans sa raison, raisonnable dans ses manières de leur accorder des sourires de louanges.

" Traherne fit paraître ses Centuries l'année 1660.
Il a écrit : Le Temps durant toute notre vie nous accueille
dans le Paradis extrême de la terre.
Le Péché est le Paradis dévolu aux femmes et aux hommes.
Nous autres, les femmes et les hommes, sommes restés à vivre sans le savoir dans le Jardin. " (1)

Elle ne fait pas corps avec son piano, non, cela trop simple, on ne fait jamais corps avec un piano, on met son corps dans la suspension luxuriante des espaces lumineux de la musique, il en va de même de l'amour, on saisit ce qui nous saisit, comme en musique.

" Il voue une admiration particulière aux saintes, aux déesses et aux fées. Il sait d'évidence que les musiciennes sont des déesses éclairées, dont le seul mouvement des mains et des lèvres - la musique remonte du ventre aux lèvres -, éveille en lui des envolées de mots. "


à suivre

Philippe Chauché

(1) Le paradis / Pascal Quignard / Sur le jadis / Grasset

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