mardi 4 août 2009

La Courbe du Temps (19)

C'est étrange les façons dont les corps s'illuminent sous les éclats du soleil, c'est ce qu'il écrit. Ici, pense-t-il, dans l'absence visible des Martinets et de la danseuse rouge, je plonge dans l'état atlantique. Une voile blanche s'approche à bonne distance de la plage, je pourrai la rejoindre en quelques minutes de nage appliquée, mais je renonce et préfère la regarder à bonne distance, à mi distance entre le sable et le large.
Ici tout est silence, le calme du large nous envahit, pas d'oiseaux, il conviendra d'attendre que la lune se lève, que le soleil se laisse entraîner dans les profondeurs de la mer bleue. Point d'apparitions, mais un état d'absolue disponibilité, les Néréides m'observent :

" Je me suis toujours promis d'aller un jour à l'aube sur le rivage d'une île grecque et d'y énumérer le noms des Filles de la mer...

O vous, mes Néréides,
Actae la Riveraine
Agavé l'Admirable
Amathée la Sauvage
Amphinomé l'Omnipotente
Aphitée l'Agitée
Apseudès l'Avisée
Callianassa la Souveraine ..." (1)

A mon tour, je laisse dans le sable leur noms,

S. la danseuse des bords du Rhône
A. d'un geste elle transforme le papier en musiques
C. déesse de l'Instant
J; son prénom devrait à lui seul faire fuir les démons

et puis je signe dit-il, pour que chacun comprenne ce qui ce joue là !

Sapho : l'être et le Temps
Aurore : le soleil nous délivre et la lune nous convoite
Catherine : seule contre les censeurs elle cache son amant dans ses livres
Juliette : toute la mémoire du Temps

et puis, non, les retourner, en changer, rien de dit vrai, tout dit la lumière, autres noms, autres prénoms, autres temps, autres plaisirs, à vous de voir, écrit-il,

et puis, il pense, l'éclat rouge de la danseuse des bords du fleuve et sous les arbres m'apparaît, il se dit aussi, la jouissance des femmes est ouverte sur le Temps, et ceux qui la craignent, craignent la résurrection permanente, frissonnent à l'idée de rencontrer la Courbe du Temps, c'est un océan dont les vagues rendent l'âme joyeuse, les hommes, ajoute-t-il, qui ne s'en rendent pas compte ne se doutent pas que le diable les gouverne, et ceux qui y sont attentifs, deviennent ainsi plus sages et plus libres, plus doux aussi, précise-t-il, et il se dit également que le bonheur naît de l'écoute de la jouissance des femmes et de leur silence.

à suivre

Philippe Chauché



(1) Jacques Lacarrière / Dictionnaire amoureux de la Grèce / Plon

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