mercredi 29 décembre 2010

Ainsi va le Temps (33)


" La nuit, on veillait sur la véranda, buvant, écoutant des disques, jouant.
- Qui pourrait être plus inutile que moi, disait Grabriella. Je ne suffis même pas à vous distraire tous.
Elle faisait un tour de danse avec l'un de nous puis retournait s'asseoir. Les premiers soir nous nous taisions, écoutant, et nous suivions des yeux ses petits pas, sa robe bleue clair.
- Y a-t-il quelqu'un de plus inutile que moi, dit-elle une nuit en s'allongeant. Je suis lasse de vivre.
- On dirait que vous parlez sérieusement, observa Pieretto.
- Lasse de tout, dit-elle. De me réveiller le matin, de m'habiller pour descendre, des propos intelligents que vous tenez. Je voudrais aller à l'osteria et m'enivrer avec les charretiers.
- C'est du masochisme, dit Poli.
- Mais oui, dit-elle, je voudrais qu'un homme m'égorge. Je ne mérite pas plus.
- Oh, oh ! nous sommes en crise.
- Oui, l'interrompit froidement Gabriella. Nous sommes en crise. C'est à la mode, ici. Faites attention, Oreste, ou vous finirez par y passer vous aussi, comme nous. " (1)


Il aura avec élégance résisté au fascisme, écrit des livres et réussit son suicide, ce qui vous en conviendrez n'est pas donné à tout le monde.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Le Diable sur les collines / Cesare Pavese / traduct. Michel Aranaud / Gallimard / 1955

lundi 27 décembre 2010

Ainsi va le Temps (32)



" Belle aux joues de tulipe, aux heures du matin,
Fais-moi de la musique et verse-moi du vin !
Je veux à la fois la belle et la jolie !
Je veux la belle, la jolie, la rose, la tulipe et le vin de bon matin ! " (1)

" Soixante-douze vérités, voilà ce qu'ils ont !
T'aimer, toi, c'est mieux que la fragilité qu'ils ont ;
Au loin Islam, religion, péché !
Le but, c'est toi, pour le reste restons-en là ! " (1)

" Je pratique la religion du jus de la vigne ;
Autour de moi pas d'attirail, pas d'ustensiles sauf pour le jus de vigne ;
Si ton maître, ô fanatique, était la raison, tu serais satisfait
Car ton maître serait mon disciple. " (1)

Voilà bien se dit-il qui mériterait attention, si les humanoïdes étaient capables d'attention, mais non pense-t-il, restons-en là, et ouvrons une bouteille de " jus de vigne " à la santé des fées des vallées et des coteaux en attendant d'être engloutis dans le vide du tonneau.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Rubayat / Omar Khayam / traduct. Armand Robin / Poésie Gallimard

vendredi 17 décembre 2010

Ainsi va le temps (31)


" Beauté, dit-il. Ma très chère et bien-aimée. Je suis affreusement ennuyeux et je m'en excuse.
- Tu ne m'ennuie jamais, et je t'aime et je voudrais seulement que nous soyons gais ce soir.
- Nous le serons, sacré non d'un chien, dit le colonel. Vois-tu quelque chose de particulier dont nous puissions nous réjouir ?
- Nous pouvons nous réjouir de nous-mêmes, et de cette ville. J'ai t'ai souvent connu très gai.
- C'est vrai, convint le colonel. Cela m'est arrivé. " (1)
à suivre
Philippe Chauché
(1) Au-delà du fleuve et sous les arbres - Ernest Hemingway - traduc. Paule de Beaumont - La Pléiade - Gallimard

jeudi 16 décembre 2010

Ainsi va le Temps (30)

" Le mauvais goût, tel qu'on la vu dominer pendant quelques années de la révolution, n'est pas nuisible seulement aux relations de la société et à la littérature , il porte atteinte à la morale. On se permet de plaisanter sur sa propre bassesse, sur ses propres vices, de les avouer avec impudence, de se jouer des âmes timides qui répugnent encore à cette avilissante gaieté. Ces esprits forts d'un nouveau genre se vantent de leur honte, et se croient d'autant plus spirituels, qu'ils ont excité plus d'étonnement autour d'eux. "

Madame de Staël



Le mauvais goût dominant de ces temps se suffit à lui même, note-t-il, comme d'ailleurs il se suffisait à lui même en d'autres temps plus troublés. Les humanoïdes modernes s'habillent comme ils parlent et écrivent comme ils aiment, c'est dire, seule différence, de taille, ils n'envoient plus à l'échafaud les esprits libres, mais ils les expulsent avec la même rage que manifestent leurs enfants lorsqu'ils s'interpellent dans la rue. Question d'époque ?

à suivre

Philippe Chauché

mercredi 15 décembre 2010

Ainsi va le Temps (29)


" De même que le blanc n'est pas une couleur, mais est l'absence, ne pourrait-on pas dire que le goût est l'absence de tout ce qui est choquant dans tous les genres ? "

" Il n'appartient pas à tout le monde d'être modeste ; et la modestie est une fatuité ou une sottise, quand on n'a pas le mérite le plus éclatant. "

Le Prince de Ligne

Il est des temps où il faut se faire discret et ne point s'afficher, d'autres temps, où il convient de courir le monde, de miser sur la vitesse, les femmes et l'argent, sans attacher nulle importance à ces choses, les accomplir simplement dans l'éclat et à la lettre.

à suivre

Philippe Chauché

mardi 14 décembre 2010

Ainsi va le Temps (28)

" Les plus vives jouissances que j'ai connues, c'est à mes yeux que je les dois. "
Charles Juliet

Il avait pour lui une drôle de gueule, c'est souvent ce qu'on lui disait, il pensait qu'il ferait d'évidence un drôle de mort, ce qui au bout du compte l'amusait.

Ses écrits : des somnifères fort efficaces.

Lorsqu'il s'examinait dans un miroir, il comprenait qu'on le prenne si souvent pour ce qu'il était.

Son corps : une barque qui prend l'eau.

à suivre

Philippe Chauché

lundi 13 décembre 2010

Presque Tout et son Contraire (17)


Académie des beaux arts : espace réservé aux fumeurs de Havanes, aux punaises et aux femmes légères et maquillées.

Académie française : territoire réservé à des ruminants parfois sympathiques et quelques fois très vieux.

Académie Goncourt : salon de musique où l'on boit beaucoup et souvent.

" Le sexe féminin, quand il est dans la nécessité de feindre, possède un grand empire sur lui-même. " (1)

Adonis : zoophile repenti.

" Être responsable de ses propres actes jusque dans l'échec.
Surtout dans l'échec. " (2)

Afghanistan : pays colérique.

Ainsi parlait Zarathoustra : petit livre très utile pour se faire des ennemis.

" Un noble caractère ne se plaindra pas facilement de son destin, et il conviendra de lui appliquer l'éloge décerné par Hamlet Horatio : For thou hast been As one, in suffering all, that suffers nothing ... car tu as été un homme Qui, en souffrant tout, ne souffre rien. " (3)

Allais (Alphonse) : père spirituel de Michel Houellebecq.

Accalmie : moment très désagréable.

Accouchement : mène tout droit à l'échafaud.

" Il oubliait pour boire. " (4)
Acculer : le seul objectif des révolutions.

Acharnement : la mort l'ignore.

Acheteur : amateur d'art contemporain.

Acide : j'en fais mon miel.

Acné : chanson à texte.

Acre : musique à capuche.

" Il avait, par grandeur d'âme, fait quelques pas vers la fortune, et par grandeur d'âme il la méprisa. (5)


Amant : condamné à mort qui l'ignore.

Il ne comptait plus ses ennemis tant il en était pourvu.

Jouissance : attrape mouches.

Elle dormait en chien de fusil, pas étonnant qu'il ait de la poudre sur les doigts.

Il y avait dans ses manières d'aimer des relents de guillautine.


à suivre



Philippe Chauché



(1) Dictionnaire du mensonge / Pio Rossi / traduct. Muriel Gallot / Éditions Allia


(2) Commérages / Esnaola / Distance


(3) Du néant de la vie / Arthur Schopenhauer / traduct. Auguste Dietreich / Mille et une nuits


(4) Je serai un grand mort / Jacques Rigaut / Distance


(5) Chamfort / Maximes et pensées / Gallimard

dimanche 12 décembre 2010

Ainsi va le Temps (27)


" Étrange ! Avec quelle crainte ambiguë de la perdre et de la garder l'homme s'attache à cette vie. Parfois, j'ai pensé à faire le pas décisif, en comparaison duquel tous mes pas précédents n'auraient été qu'enfantillages - à entreprendre le grand voyage de découverte. Comme un navire lors de son lancement est salué par des coups de canon lorsqu'il quitte le chantier, ainsi me saluerais-je moi-même. Pourtant ! Est-ce le courage qui me manque ? Si une pierre tombait et me tuait, ce serait un expédient. "
Sören Kierkegaard
à suivre
Philippe Chauché

samedi 11 décembre 2010

Ainsi va le Temps (26)


Le blanc est souvent la couleur préférée des communistes balnéaires.

" Je pourrais dire de moi que je suis un enfant des vagues et du cri des mouettes "

A. P. de Mandiargues.

à suivre

Philippe Chauché


jeudi 9 décembre 2010

Ainsi va le Temps (25)


Si vous croisez un tel regard méfiez-vous !


" Quelle folie de regretter et de déplorer d'avoir négligé de goûter dans le passé tel bonheur ou telle jouissance ! Qu'en aurait-on maintenant de plus ? La momie desséchée d'un souvenir "

Arthur Schopenhauer

à suivre

Philippe Chauché

mercredi 8 décembre 2010

Ainsi va le Temps (24)


Le communisme balnéaire ne doute de rien.

" Dans ma jeunesse, ne me séduisaient que les bibliothèques et les bordels. "
E. M. Cioran à Constantin Noïca, 1975 - Oeuvres - Quarto Gallimard

à suivre

Philippe Chauché

lundi 6 décembre 2010

Ainsi va le Temps (23)


Dario Moreno - Si tu vas a Rio (1959)
envoyé par Leroidukitch. - Regardez plus de clips, en HD !


" Pour se pousser à travers le monde, il est utile d'emporter avec un soi une ample provision de circonspection et d'indulgence ; la première nous garantit contre les préjudices et les pertes, la seconde nous met à l'abri des disputes et des querelles. "

Arthur Schopenhauer

à suivre

Philippe Chauché

Ainsi va le Temps (22)



Auguste Rodin 1840-1917



Le corps absolu est ma seule raison, c'est ce qu'il écrit, comme la musique, s'en saisir est une manière d'offrande, le nier c'est faire le lit de la moraline.


Un corps doit être abordé comme une variation, il pense à Bach. Un corps aimé, est une sidérante variation. Point d'effets mais une continuelle progression, avec toutes les digressions qu'offre la gamme de la peau, comme chez Bach encore une fois.


L'analphabétisme musical est un analphabétisme de l'amour. Chaque centimètre de peau doit résonner et s'accorder aux éclats des mouvements du corps. Là seulement se vérifie la clarté de la beauté, tout un roman !


Une jouissance qui ne serait pas musicale ne serait que servitude volontaire.



Jean-Honoré Fragonard 1732-1806


Il note qu'il n'est finalement pas surprenant, que les néo féministes soient si peu musiciennes, elles ignorent tout de la surprise, tout le contraire des déesses qui en savent long sur l'art de fugue.


Miser sur le silence d'un corps endormi, prolongement oh combien musical des éclats vifs d'un corps éveillé et joyeux, c'est ce qu'il note sur son écritoire. Un corps en dit souvent beaucoup plus lorsqu'il s'écoute en silence. Les bavardages de l'amour finissent toujours en haine.


" Je m'envole donc pour Milan... Grand Hôtel, via Manzoni... Le bar est charmant, grand, désuet, confortable, c'était l'hôtel de Verdi... J'ai emmené Deb, ça ne lui déplaît pas deux jours en passant... Le Duomo blanc hérissé dédié à Mariae nascenti... Scala ? Non, dîner tranquille chez Savini... On se repose... On rentre se coucher tôt ; on dort... J'aime dormir avec Deb, elle flotte légèrement dans le sommeil, comme en écho... Plume tiède... Bonne peau... Les femmes, ça se juge la nuit, dans le renversement des pétales... Tout sort... La tranquillité ou le quotient de ressentiment... " (1)


" Sans les nuances, avoir une femme qu'on adore ne serait pas un bonheur, et même serait impossible. " (2)


à suivre


Philippe Chauché


(1) Femmes / Philippe Sollers / Gallimard / 1083 (2) De l'amour / Stendhal / édition de V. Del Litto / Gallimard















dimanche 5 décembre 2010

Ainsi va le Temps (21)


Henri Matisse 1869-1954
" Une oeuvre d'art est un élément spirituel. " (1)
" La vulgarité, éteignant l'imagination, produit sur-le-champ pour moi l'ennui mortel. " (2)
J'écris note-t-il, comme bon me semble, avec toutefois quelques principes secrets. Ils doivent le rester, question de style et de goût. J'aime de senblable façon, ajoute-t-il, et là encore, je me garde à gauche et à droite.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Fragments / Novalis / traduct. Maurice Maeterlinck / José Corti
(2) De l'amour / Stendhal / édition de V. Del Litto / Gallimard

samedi 4 décembre 2010

Ainsi va le Temps (20)



" L'Andalousie est l'un des plus aimables séjours que la volupté se soit choisis sur la terre. J'avais trois ou quatre anecdotes qui montraient de quelle manière mes idées sur les trois ou quatre actes de folies différents dont la réunion forme l'amour, sont vraies en Espagne ; l'on me conseille de les sacrifier à la délicatesse française. J'ai eu beau protester que j'écrivais en langue française, mais non pas certes en littérature française. Dieu me préserve d'avoir rien de commun avec les littérateurs estimés aujourd'hui. " (1)

Son objet permanent : confronter le beau au beau, tout le reste n'est que blabla et chichi.

à suivre

Philippe Chauché

(1) De l'Espagne / De l'amour / Stendhal / édition de V. Del Litto / Gallimard

vendredi 3 décembre 2010

Ainsi va le Temps (19)



Vision joyeuse et musicale du communisme balnéaire.


" (Or) jouir et frémir fait une occupation fort intéressante, et auprès de laquelle toutes les autres pâlissent. " (1)

à suivre


Philippe Chauché


(1) Remèdes à l'amour / De l'amour / Stendhal / édition de V. Del Litto / Gallimard

jeudi 2 décembre 2010

Ainsi va le Temps (18)

" Ce matin j'ai oublié la vie pendant deux heures. Je respirais les premières bouffées de l'air doux du printemps sur cet admirable quai dont le centre est marqué par deux colonnes rostrales.
C'est de celui-là que les Bordelais pourraient dire avec vérité ce qu'ils répètent sans cesse de leur théâtre, qu'il n'a pas son pareil en France, et peut-être en Europe, Naples excepté ; et encore le quai de Bordeaux a un genre de beauté qui manque tout à fait à Chiaia, c'est le spectacle de cette activité et de ces navires qui arrivent chaque jour de toutes les parties du monde. Il serait trop long de les compter ; on peut dire que pour l'oeil de l'amateur de paysages, ils sont innombrables, et cependant ils ne sont pas rangés, comme à Londres, de cette façon mercantile et sage qui fait songer à l'ordre si nécessaire au commerce et distrait presque tout à fait de l'idée de beauté. " (1)

C'est à Bordeaux que l'on apprend, note-t-il, le goût de la beauté. Les quais s'ouvrent sur la ville et la Garonne, c'est un voyage imminent qui s'offre à vous, pour cela il faut savoir ne rien faire de la ville, mais se laisser faire par la ville, comme on l'accepterait d'une amoureuse. Bordeaux ville d'écrivains et de marchands de vins. Les Chartrons, quel roman !

" Bordeaux est, sans contredit, la plus belle ville de France. Elle est un peu en pente vers la Garonne. De toutes parts, on aperçoit ce beau fleuve tellement couvert de navires que, pendant asses longtemps, je remarquais qu'il eût été impossible de tendre une corde d'un bord à l'autre sans passer sur un navire. Tous étaient pavoisés à cause du dimanche.
Après deux heures d'admiration, il a bien fallu quitter cet admirable quai des Chartrons, cette sublime promenade des Quinconces qui a remplacé le Château-Trompette.
Le grand soleil de mars, vu pour la première fois et auquel je m'étais exposé imprudemment, m'avait fait mal à la tête. J'ai pris un fiacre. " (2)


Ainsi va le Temps à Bordeaux, 1838, Stendhal. Un nom qui claque comme une voile qui s'élance dans la Gironde, avec dans ses cales les meilleurs crus des bords de Garonne. Un nom qui sait voir, un nom qui sait écrire, et qui donc doit savoir aimer.

" Ce qui frappe le plus le voyageur qui arrive de Paris, c'est la finesse des traits et surtout la beauté des sourcils des femmes de Bordeaux. " (3)

" Quelle différence pour la gaieté entre le quai Saint-Clair et le quai de Bordeaux, entre la douane et les colonnes rostrales ! On est dévot à Lyon ; on est joueur à Bordeaux. " (4)





Point de grandes villes, sans grands hommes et Bordeaux peut s'y adosser en toute sagesse :
" Ce n'est pas précisément de l'amour que j'ai pour Montesquieu, c'est de la vénération ; il ne m'ennuie jamais en allongeant ce que je comprends déjà. Je sui allé à La Brède ce matin. En y arrivant, j'ai été saisi d'un respect d'enfant, comme jadis en visitant Potsdam et touchant le chapeau perci d'une balle de Frédéric II. Ce jour de La Brède marquera dans ma vie : ordinairement, la visite d'un palais de roi ne m'inspire que l'envie de m'en moquer. " (5)




Enfin et cela n'a rien à voir semble-t-il, il convient d'en finir, alors finissons-en avec cet oeil qui voit aussi bien les villes que les femmes :
" A la finesse, à la sûreté de jugement avec lesquelles je vois les femmes saisir certains détails, je suis plein d'admiration ; un instant après, je les vois porter au ciel un nigaud, se laisser émouvoir jusqu'aux larmes par une fadeur, peser gravement comme trait de caractère une plate affectation. Je ne puis concevoir tant de niaiserie. Il faut qu'il y ait là quelque loi générale que j'ignore. " (6)
à suivre
Philippe Chauché
(1) Bordeaux, 14 mars / Bordeaux / Stendhal / Éditions Proverbe
(2) Bordeaux, dimanche 11 mars 1838 / d°
(3) Bordeaux, lundi 12 mars / d°
(4) Bordeaux, le 14 mars / d°
(5) Bordeaux, 7 avril / d°
(6) De l'amour / Stendhal / édition de V. Del Litto / Gallimard

mercredi 1 décembre 2010

Ainsi va le Temps (17)

Picasso plus vivant que jamais, comme Rimbaud. Là une photo, ici des dessins et des esquisses, photo retrouvée par un collectionneur, dessins et esquisses saisies par la police, tout un roman ! Résultat : le marché s'affole et les " héritiers " attaquent. Combien de divisions les " héritiers " de Picasso ? Sûrement beaucoup plus que l'on ne croit, il en va de la bonne santé des marchés !

Seule réponse à tout ce petit commerce :

" Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. - O Rumeurs et Visions !
Départ dans l'affection et le bruit neufs ! " (1)


Picasso plus dérangeant que jamais - il convient de retourner les attaques que lui porte M. Houellebecq dans son dernier roman, comme il convient pour bien le lire me semble-t-il, de ne pas le prendre au " pied de la lettre ", mais de le lire comme une anthropologie des temps vaincus - même si les " héritiers " veillent au grain !


Tout un roman ! note-t-il, le dernier épisode est fort amusant : un couple de retraités de la Côte d'Azur placé en garde à vue, mis en cause par les " héritiers " de Picasso qui ont porté plainte contre X pour recel d'oeuvres inédites du peintre. Ils ont tenté d'obtenir des certificats d'authenticité pour des dessins et des esquisses de Picasso et disent-ils offerts par lui entre 1970 et 1973. L'homme électricien à la retraite à dit-il, travaillé pour Picasso. Ce que personne ne veut croire dans l'entourage des " héritiers " qui veulent, on les comprend, récupérer ces inédits, le marché risque de s'affoler et il y a là de quoi abonder leur richesse déjà immense. Ne jamais oublier que ces " héritiers " on vendu et bien vendu la signature du peintre à une marque de voitures françaises : passionnant, Picasso va toujours aussi vite, même si la vitesse reste limitée !


Tout un roman ! et le couple de retraités défend son honnêteté, il faudrait que quelqu'un leur dise que ce mot n'est plus d'actualité.
Comment cela, vous avez fréquenté Picasso et il vous a fait des cadeaux ? Mais cela est impossible, " complètement loufoque " - l'avocat des " héritiers "- , inimaginable, car on sait tout, disent-ils, du peintre. Tout, et l'on ignorait qu'il se prit d'amitié pour un électricien et n'aurait pas hésité à lui offrir dessins et esquisses, sans en parler à personne, " complètement loufoque " ! Moralité, note-t-il, si avez des relations secrètes et qu'elles sont agrémentées de cadeaux, notez tout cela dans votre testament, si non, vos " héritiers ", si vous en avez, s'emploieront à les réclamer devant les tribunaux.
Tout doit être su et vu.
Ainsi va le Temps et le roman familial dominant !
La suite sera à lire au Palais Grognard !

à suivre

Philippe Chauché

(1) Départ / Illuminations / Oeuvres complètes / Arthur Rimbaud / Bibliothèque de la Pléiade / Gallimard