lundi 3 octobre 2011

La Musique Pure



" Cette musique répond à tous les mouvements de l'esprit, à tous les élans du coeur, à tous les besoins de la fantaisie, du rêve, de l'amour, de la passion. Elle apporte, à tous les désirs, tantôt un aiguillon et tantôt un allègement. Elle est guerrière et pacifique, légendaire et raisonnable, caressante et chaste. Il n'est pas un état d'âme qui ne trouve, dans la connaissance d'une telle musique, une chance de s'illuminer, de s'exalter ou de s'assouvir délicieusement. Et quand on songe que cette musique, trésor mystérieux, troublant miroir, nous est offerte par un paisible bourgeois sans histoire, par ce gros homme à perruque, on est bien obliger de ranimer la querelle de la musique pure...
Jean-Sébastien Bach ne m'impose rien - surtout par sa musique pure -. Il m'offre le palais où je peux, en paix, me promener, endormir, exalter mes pensées, mes douleurs, mes joies, mes désirs. " (1)

La musique s'écoute dans une absolue solitude, loin des foules et des bavardages, note-t-il, et parfois une autre âme solitaire s'y associe.

" Sans Bach, la théologie serait dépourvue d'objet, la Création fictive, le néant péremptoire. S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu. " (2)


Les humanoïdes qui n'ont au bout du compte rien de divin préfèrent le bruit et la fureur, rien de regrettable en soi, sauf qu'ils ont la maligne tendance à les faire partager.



La Musique Pure ne s'adresse qu'à quelques femmes invisibles et à deux ou trois hommes " sans qualités ", rien ne dit qu'un matin ils ne se croiseront pas.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Georges Duhamel / La musique consolatrice / Éditions du Rocher / 1947
(2) Sur la musique / Syllogismes de l'amertume / E. M. Cioran / Oeuvres / Quarto Gallimard

1 commentaire:

  1. Vous écrivez, vous écrivez, mais je n'ai pas toujours le temps de tout lire, alors là j'avais du retard.
    J'ai une admiration infinie pour Glenn Gould, et il m'est impossible de passer une journée sans lui, depuis des années.Permettez-moi de répéter encore ce que vous avez publié, si juste, si justement proche de ce que je ressens : "Il n'est pas un état d'âme qui ne trouve, dans la connaissance d'une telle musique, une chance de s'illuminer, de s'exalter ou de s'assouvir délicieusement".
    Oui, délicieusement, chaque jour.
    Délicieuse nuit
    Maia

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