Que dit le corps de l'acteur, dans quelle réalité étrange se glisse-t-il, d'où vient sa voix et son corps ? C'est toutes ces questions qu'il se pose après avoir vu, vraiment vu, Nicolas Bouchaud sur la scène du Théâtre des Halles - lieu rare où les mots et les gestes ont un sens unique, pour ne pas écrire exceptionnel - dans la loi féconde de l'acteur portant celle du marcheur (1), corps des planches qui se glisse dans les phrases d'un corps cinéphile, l'un face à l'autre, le savoir, la loi et la saveur du comédien de l'éphémère, qui se livre au jeu subtile de la parole jouée et du corps savoureux - peut-il être autre chose ? - du corps qui devient par le miracle du plateau, celui de l'auteur, et des films qu'il a toute sa vie embrassés, corps qui prend corps comme prenaient corps les comédiens d'Howard Hawks dans Rio Bravo - John Wayne, Dean Martin, Ricky Nelson, tout un roman du cinéma - et qui se joue de ce qui se jouait là, sans autre raison que celle de raconter une histoire dans le vif de l'action, le vif du corps du comédien des planches qui danse, comme chantait Dean Martin, sans autre raison que de mettre sa voix et son corps au diapason des écrits et des passions sentimentales de Serge Daney.
A suivre
Philippe Chauché
(1) La loi du marcheur - Serge Daney - mise en scène Eric Didry - avec Nicolas Bouchaud - Théâtre des Halles Avignon / Scène Nationale de Cavailllon
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