samedi 4 mai 2013

D'une Europe l'Autre


" Le soleil accable la ville de sa lumière droite et terrible ; le sable est éblouissant et la mer miroite. Le monde stupéfié s'affaisse lâchement et fait la sieste, une sieste qui est une espèce de mort savoureuse où le dormeur, à demi éveillé, goûte les voluptés de son anéantissement.
Cependant Dorothée, forte et fière comme le soleil, s'avance dans la rue déserte, seule vivante à cette heure sous l'immense azur, et faisant sur la lumière une tâche éclatante et noire.
... De temps en temps la brise de mer soulève par le coin sa jupe flottante et montre sa jambe luisante et superbe ; et son pied, pareils aux pieds des déesses de marbre que l'Europe enferme dans ses musées, imprime fidèlement sa forme sur le sable fin. "

Qui n'a croisé un jour pareille déesse semblant venue du large, luisante des vagues enlacées, posant son pied dans le sable encore frémissant de la marée ancienne, mémoire projetée d'un corps étranger qui vous fixe et vous fait penser que la beauté est par instant de ce monde.

Qui n'a dansé un jour au bras d'une inconnue aux bras pigmentés de couleurs anciennes, et qui la valse éteinte disparaît comme elle est apparue.

Qui n'a rêvé un temps d'une Europe galante, si lointaine de la fureur dominante et fâcheuse, où quelques regards échangés, quelques silences partagés, quelques fleurs offertes, quelques livres lus à voix amoureuse, sont autant d'éclats d'or, que ne voient que ceux dont l'âme tamise les plaisirs de la situation.

à suivre

Philippe Chauché

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