mercredi 26 septembre 2012

Le Corps est Musique


Que l'on ne s'y trompe pas Cécilia Bartoli n'est pas une star, mais une déesse, pas étonnant qu'elle se livre parfois à de surprenantes flâneries musicales avec Alessandro Scarlatti, George Frideric Haendel, Antonio Caldara, Antonio Vivaldi, ou aujourd'hui Agostino Steffani, des hommes d'église et de musique ; il fut un temps, pense-t-il, où les hommes de Dieu avaient ce talent, et les déesses le leur rendaient bien - les sacrements enjouaient les corps et les partitions - pas étonnant que son corps fasse ainsi corps avec la musique, tout chante en elle, tout est chant dans le mouvement de ses lèvres, de ses yeux, de ses seins, de ses hanches, tout est musique dans la musique, dans sa musique de déesse, tout est musique dans ses mots, ses passions et son savoir savoureux, sa musique se déguste comme l'on goûte à un corps accordé au Temps.


" Dans ce mauvais âge défini par la voiture, la radio, l'image, le journal, tous usages de la violence, il n'est plus de vérité pour certaine race que dans la beauté d'un vers, d'une ligne, d'une forme ; il n'est de vie possible que verticalement, en dehors, par un assemblage de sons, de couleurs et de mots. La beauté de quelques phrases d'hier est comme enduite d'éternité. Donnez-moi la puissance de me rapporter constamment à cette réalité redoutable ; donnez-moi de me sentir toujours capable de l'immuable langue qui, partant de nul lieu, de nul état, sous nul ciel, monte verticalement avec ce qui est dit et ce qui est antérieur au dit, pour vous rejoindre, Dieu  Tout est profondeur, oraison et salut, dans un poème d'airain en apparence, et de pure ascension en substance. " (1)

à suivre

Philippe Chauché


(1) Beauté / Proses / Pierre Jean Jouve / Poésie / Gallimard / 1995

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire