dimanche 15 juin 2008

Vera Icona


" O passant, ce beau monument, dure voûte de brillant porphyre, désormais à l'univers le pinceau le plus doux qui ait fait frémir la vie sur le bois et la toile.
Son nom, digne d'un souffle plus puissant que celui qui remplit le clairon de la Renommée, s'étend et brille sur ce champ de marbre lourd. Révère-le et passe.
Ici gît le Greco. Si l'étude lui livra les secrets de l'art, l'art lui révéla ceux de la nature. Iris lui légua ses couleurs, Phébus sa lumière, sinon Morphée ses ombres.
Que cette urne, écorce funèbre de l'arbre sabéen, boise nos larmes et que, malgré sa dureté, elle exsude autant d'aromates. " (1)
" Ce soir, je consulte ma vierge. J'ai besoin de sentir son souffle sur les épaules. J'écris torse nu face aux toits de Madrid. Sainte Véronique ne se fait pas prier et pose sa joue au creux de mon oreille. Heureuse vibration de l'espace qui accompagne ma main. J'écris comme une évidence, et Madrid s'endort. J'écris pour mes amoureuses, pour leurs corps en élévation, pour leurs mots vibrant dans ma bouche, pour leurs seins qui éclairent ma musique. " (2)
" Les choses ne passent point pour ce qu'elles sont, mais pour ce dont elles ont l'apparence. Il n'y a guère de gens qui voient jusqu'au dedans, presque tout le monde se contente des apparences. Il ne suffit pas d'avoir bonne intention, si l'action a mauvaise apparence. " (3)
Que mille soleils éclairent ton visage
à suivre
Philippe Chauché
(1) Gôngora / Au tombeau du grand maître Domenico Greco / traduc. Francis de Miomandre / in Greco ou le secret de Tolède / Maurice Barrès / le club fançais du livre / 1953
(2) Esquisses du Bonheur / Philippe Chauché / roman à paraître dans mille ans
(3) L'Art de la prudence / Baltasar Gracian y Morales / traduc. Amelot de la Houssaie / Rivages poche

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