" L'artiste n'est pas un homme comme un autre. Sa sensation, sa recherche constante de la beauté l'écartent du contact des laideurs, son idéal des réalités. " (1)
" Faire avec ses mains ce que l'on voit, voilà la loi souveraine " (1)
Rodin, le sculpteur absolu de la Porte de l'Enfer - fréquenter Dante comme l'on fréquente les corps de ses modèles - de Balzac - les génies finissent toujours par se rencontrer - du Penseur - saisir le corps dans son silence admirable - Rodin, le dessinateur, et quel dessinateur, note-t-il, corps qui dansent sous les mains du sculpteur, le dessin loi souveraine, loi fondamentale, loi fondatrice, comme chez Matisse, comme chez Picasso, comme chez les anciens, les Grecs, les Romains, ils traversent le temps et l'espace, ils sont tous là sous les mains et les yeux de Rodin, six mille feuillets dont plus de quatre mille sont protégés par le Musée qui porte son nom ; passion du geste, du mouvement de la main, de la main qui saisit le mouvement du corps, son érotisme lumineux, comme jamais, saisis sur le motif, les formes, l'espace et les couleurs qui surgissent comme surgit le modèle, jamais, ajoute-t-il, la main ne tremble, le tremblement, il vient après, lorsque l'on fixe le dessin, lorsque l'on fixe l'art qui se livre ainsi, trait à trait, touche à touche, lumière à lumière, comme chez Dante, Balzac et le Penseur.
" Le corps humain, quelle source de joies et de surprises inespérées pour l'oeil de l'artiste ! " (1)
" Quel talent dans l'orgueil du corps ! " (1)
" Pratiquement, pour dessiner ; la recherche de l'aplomb est nécessaire à toutes les figures. Sans lui, elles tomberaient ; mais les aplombs sont aussi nombreux que les mouvements et ceux-ci sont aussi nombreux que les mouvements et ceux-ci sont aussi nombreux que les flots de la mer. Pour bien comprendre ce que l'on peut tirer de l'équilibre, regardez ce qu'en ont fait l'Antiquité et la Renaissance. " (1)
Point n'est besoin de se demander qui aujourd'hui sait encore ainsi dessiner, qui encore pense ce mouvement du corps comme une nécessité absolue.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Auguste Rodin / Éclairs de pensée / Écrits et entretiens / Éditions du Sandre / 2012
Il y a au moins deux plaisirs à vous lire : d’abord celui qu’offrent vos annotations, vos réflexions ; ensuite celui que l’on a à découvrir, ou à redécouvrir, les auteurs que vous choisissez ; toujours excellents.
RépondreSupprimerMerci pour ces « Éclairs de pensée » de Rodin, que j’ignorais.
Bonne soirée.
Ces dessins expriment en deux dimensions l'énergie, la puissance que l'on retrouvera dans les trois. Distanciés du support, le bras et la main sont comme en phase de mesure, d' évaluation du motif avant de physiquement l'empoigner pour le reduire à sa représentation au sens où l'oeuvre vient enrichir l'original d' un supplément d' âme. Celle de l'artiste.
RépondreSupprimerL'artiste transgresse. Sans doute la première, la plus fondamentale de ces transgressions est-elle de se prendre pour dieu. Il refait, recrée les éléments d' un monde à l'aune de son imaginaire, les met en forme, en couleurs, en musique, en mots puis les divulgue.
RépondreSupprimerPar ce fait, son invention essaime, résonne dans d' autres imaginaires, se modifie, se libère, les odifie, les libère. Originale, l'oeuvre devient originelle et propage une épidémie, la Liberté. L'artiste est un danger.