Hokusai Kanagawa
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La mer s'acharne et vocifère. Les toits s'arrachent, enflent, se lèvent, s'envolent. Les maisons sont comme des bateaux qui ont perdu leurs amarres. Par groupe de trois ou quatre, elles se brisent et affluent, toit sur toit. Les poutres sont emportées comme des fétus, les voitures comme des jouets. Vous allez voir la puissance de l'eau. " (1)
Le tsunami remet les pendules à l'heure, et l'homme à la place qui lui revient, barque de pêcheurs qui file pour échapper à la montagne d'eau, en vain, qui croit avoir son destin dans ses rames et la force de ses bras, mais qui finira engloutie, détruite, en morceaux, sans voix, et si les hommes embarqués en réchappent, par on ne sait quel miracle, la vague les habitera à jamais, la terreur dont ils pensaient s'être détachés sera désormais leur seconde peau, la terreur de la vague est leur terreur première.
" Quand ils me parlent, les gens retrouvent malgré eux ce halètement de terreur : ils ânonnent, ils babillent dans le souvenir de la vague. Alors, c'est comme si la vague les poursuivait encore, jusque dans leur bouche, leur salive, le claquement de leur langue, le tremblement des dents. " (1)
à suivre
Philippe Chauché
(1) Fukushima / Michaël Ferrier / L'Infini / Gallimard / 2012
http://www.arte.tv/fr/3581080,CmC=3280816.html
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