samedi 23 février 2013

José


A Nîmes, ce matin du 16 septembre c'était l'heure bleue, l'heure bleue elle attentait patiemment son heure, et elle avait raison, parfois la raison se met au diapason de l'art, certains jours l'art attend son heure bleue, et certains printemps l'amour oublie l'hiver et s'offre son heure bleue, instant éternel où tout s'accorde au tout, où le moindre rien est un tout.

A Nîmes, ce matin là, un homme de lumière traversait à pas très lents l'ovale tendu de soie blanche, ce matin là, un héros s'invitait au bonheur de l'instant, rien de plus, rien de moins !

A Nîmes, ce jour là, Nietzsche invitait Montaigne, Bergamin recevait Gracian, Nîmes se prenait pour Venise.

A Nîmes, cette année là, un torero unique et un spectateur unique se croisaient en avançant la main, avec la profondeur exceptionnelle qui n'est donnée qu'aux êtres d'exception.

Ce matin, pas de caméras, on ne filme pas José Tomás, il faut le savoir, c'est ainsi, pour voir, il faut avoir vu, le reste n'est que blabla et chichi.

Ce jour là dans l'amphithéâtre, des photographes. Silencieux, invisibles, attentifs, ils disent ce que vous savez, ce que vous avez vu,  un écrivain, Santi Ortiz : " Un chef d'oeuvre  comme celui-ci, glorieux dépositaire du mystère de l'art, propre à catalyser tant d'émotions et de si cathartique bonheur, est généralement réfractaire au discours, à l'interprétation, à sa reproduction, à sa dissection et à son analyse, parce qu'il est de mots, ni d'images ni d'enregistrements qui rendent vraiment compte de son contenu exact. Cependant, et malgré une telle impossibilité, dans le livre que tu as entre les mains, Stéphane Barbier, Alain Damie, Christian Gabanon, Bruno Lasnier, Robert Ricci et Bernard Soulier, sensibles vigies postées derrière leurs objectifs, viennent déposer l'obstacle qui fait du toreo l'art le plus éphémère de tous ceux qui existent, en sauvant de l'irréversibilité du temps des instants uniques de ce jour sans pareil. "



à suivre

Philippe Chauché 

3 commentaires:


  1. Vous dites qu'on ne filme pas José Tomás.

    Peut-être pas en direct, mais j'ai trouvé quelques vidéos que j'ai visionnées de ce 16 septembre : son entrée puis celle-ci, celle-ci, celle-ci et enfin celle-ci.

    Je ne sais pas quoi en penser alors je n'en dirai pas grand-chose. Si ce n'est que j'ai aimé m'intéresser à cette ambiance, et aux commentaires qu'on peut entendre s'échanger autour du caméraman. Essayant de comprendre ce qu'on peut trouver de beau ou de triomphal dans ce spectacle, je vois quant à moi, très prosaïquement : un homme qui défie un taureau et par ce taureau, la mort.

    Quoi qu'il en soit merci de m'avoir fait m'intéresser à cela, moi qui n'y connais rien.

    Bien à vous.

    P.-S. : Si j'ai bien compris vous étiez dans les gradins, peut-être vous ai-je donc vu sans le savoir ! ;-)

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  2. Ce matin là : Tribune Présidence - Porte 16 - Rang 1 - N° 17.
    Ce matin là : le silence du coeur s'offrait à celui de la muleta de José.
    Des vidéos circulent, elles font ce que font les rumeurs.
    Pour le reste, si reste il y a, cher Cédric, il est à trouver dans la fontaine de sa mémoire, six taureaux, un torero, pour poser ses lèvres sur le Temps.

    Bien à vous

    Philippe Chauché

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  3. Prendre son temps, attendre sans attenter...

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