samedi 23 juin 2012

Du Net et du Tranchant



Paco Camino

" La nuit dernière, réveil comme de coutume. Par peur de ne pouvoir me rendormir, j'ai tout fait pour écarter de moi toute velléité de pensée, toute ébauche d'idée. Car c'est l'idée formulée, l'idée nette, qui est le pire ennemi du sommeil. "
Cioran

" Ceux  qui, sans nous connaître assez, pensent mal de nous, ne nous font pas de tort : ce n'est pas nous qu'ils attaquent, c'est le fantôme de leur imagination. "
La Bruyère
Où les autres passent outre, je m'arrête. "
Wittgenstein
photo Maurizio Melozzi

L'âge certain, ce purgatoire du naufrage, fait finalement bien les choses, il s'emploie en ces temps à ne fréquenter que quelques révolutionnaires classiques et réactionnaires modernes, n'ayant point de temps à perdre dans les remous contemporains, sauf, et c'est sa gloire, à n'attacher grande importance, qu'aux rires des désespérés, aux éblouissements naïfs de quatre ou cinq  jeunes femmes dont les corps allument mille feux de la Saint Jean, aux philosophes balnéaires, aux cinéastes ratés, aux écrivains qui savent ce qu'écrire veut dire, aux poètes anciens et aux vins rares, aux aristocrates ruinés, aux alcooliques discrets,  aux moines insolents, aux actrices claudéliennes, aux chinois de l'époque des Thang, aux toreros de l'invisible, aux sensualistes de la saveur, aux voix de la nuit radiophonique et aux membres de la confrérie de la sieste estivale.

" Chaque beau jour qui s'écoule s'en va pour ne plus revenir ;
Le printemps suit son cours rapide et déjà touche à son déclin.
Abîmé dans une rêverie sans fond, je ne sais où se perdent mes pensées ;
Je suis couché sous les grands arbres, et je contemple l'oeuvre éternelle.
Hélas ! toute fleur qui s'épanouit doit mourir en son temps,
Les chants plaintifs du ki-kouey en avertissent mon oreille attristée.
Que d'êtres anéantis, depuis l'âge antique des grands vols d'oies sauvages !
L'homme le plus populaire des siècles passés, s'il revenait aujourd'hui, qui le reconnaîtrait ?... "
Tchin-Tseu-Ngan

L'âge certain, ce soleil à course inégalée, éclaire de ses arcs invisibles le mouvement de sa main, il s'attache aux mouvements des mains, doigts qui se posent sur le clavier, une épaule qui se découvre, un regard radieux et sévère, la musique a besoin de cela.

Philippe Chauché  





2 commentaires:

  1. Tant pis pour les lyriques joyeux. Ils ne font pas parie de votre liste.

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  2. Cette phrase de La Bruyère est fulgurante ! Merci de me l'avoir fait découvrir.

    Habituellement, j'aime ne pas être dans la liste, mais là c'est un plaisir de m'y retrouver sous les vocables "moines insolents" !

    Je vous souhaite un purgatoire éternel !

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