jeudi 7 janvier 2010

L'Année des Délices (6)


Pierre Auguste Renoir 1841-1919 Grand Bouquet

Il écrit, une fleur dans le regard, il écrit, un bouquet dans le coeur, il écrit aussi dans l'espace du Temps et de sa Courbe où une rose s'endort.

Les fleurs ouvrent sur un écart du Temps qui semble invisible, et pourtant lorsque l'on s'y glisse tout devient possible, c'est ce qu'il se dit.
Ces fleurs sont les phrases qu'il offre à la danseuse rouge des bords du Fleuve et sous les arbres.

Croisement de couleurs, croisement de mains, croisement de phrases, croisement de parfums, croisement de caresses et de baisers, croisement de vies libres.

Il mise sur l'Instant fleuri de l'année des Délices.
Il mise sur la couleur violette de sa respiration apaisée.
Il mise sur le silence et la musique de ses seins.
Il mise sur les phrases ouvertes de la vie vive.
Il mise sur les mots posés sur une joue.

Il écrit, un regard éclatant sur la peau, il écrit, un sourire lumineux dans le coeur, il écrit dans l'espace du mouvement du silence.

Il lit comme il n'a jamais lu, dans le mouvement ascendant des phrases, dans les éclats de diamant des pages, dans la vision éblouissante d'un miracle, dans l'abondance des couleurs du Temps.

" Ému, toujours, par les femmes qui regardèrent avec moi le jour tomber, qui regardèrent le jour tomber pendant que moi finalement je mettais mon visage dans leurs cheveux. " (1)

" J'écris de rue à rue, de corps à corps, de mouvement à mouvement, de vie à vie, j'écris sans rompre la trêve.
Je lis dans les éclairs du Temps. " C'est ce qu'il note en lettres d'or sur son écritoire.

" Alors elle s'allonge sur le transat et elle ferme les yeux, et je continue à parler en ayant l'impression de la bercer ou de lui raconter une histoire pour l'aider à s'endormir. Au bout d'un moment il est même impossible de savoir si elle dort, et je me tais. Il est environ quatre heures de l'après-midi, et on entend au loin des cris d'enfants et le bruit des vagues. " (1)


Léonardo Fibonacci, dit Léonard de Vinci v. 1175-apr. 1240

Le sommeil s'invite, il va changer de pièce et de siècle. Embarquement immédiat.
Il l'embrasse pour la joie, pour un regard offert un soir d'été, pour une lumière rayonnante un matin d'automne, pour un dévoilement un nuit d'hiver.

à suivre

Philippe Chauché


(1) Journal de Trêve / Frédéric Berthet / L'Infini / Gallimard

1 commentaire:

  1. Je viens ici, comme on va boire de l’eau fraîche à la fontaine. Pas d’optimisme ni de bonne humeur criarde, pas de bruit inutile, juste un murmure et le froissement des mains de la danseuse sur l’étoffe rouge de sa robe. Vous êtes tendre et attentionné avec la vie alors que je suis dans le tumulte des renoncements.
    Bien à vous
    Constance

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