" Je
jure à M. le Marquis de Sade, mon amant, de n'être jamais qu'à lui, de
ne jamais ni me marier, ni me donner à d'autres, de lui être fidèlement
attachée, tant que le sang dont je me sers pour sceller ce serment
coulera dans mes veines. Je lui fais le sacrifice de ma vie, de mon
amour et de mes sentiments, avec la même ardeur que je lui ai fait celui
de ma virginité, et je finis ce serment par lui jurer que si d'ici un
an, je ne pas chanoinesse et par cet état, que je n'embrasse que pour
être libre de vive avec lui et de lui consacrer tout, je lui jure,
dis-je, que si ce n'est pas, de le suivre à Venise où il veut me mener,
d'y vivre éternellement avec comme sa femme. " (1)
A
chaque époque ses raisons, ses manières et son style. Un ancien grand
argentier socialiste ferait bien des progrès à s'en inspirer.
à suivre
Philippe Chauché
(1) " Je jure au marquis de Sade... " / édition Maurice Lever / La Lettre et la plume / 2011
Tandis qu'ils s'en revenaient de la province de Tchen, Lin-tsi et son assistant repassèrent devant la salle où se tenait Long-kouang. Prêtant d'abord l'oreille, l'assistant dit ensuite à Lin-Tsi : « C'est tout à fait comme vous disiez : le vieux gaillard a retrouvé son air ! Il feule maintenant comme un jeune tigre. »
RépondreSupprimer« Il semble en effet », répondit Lin-tsi.
« Tout de même, demanda le jeune novice, je ne comprends pas tout, et, par exemple, qu'est-ce qu'un "grand argentier" ? »
« Un argentier est un usurier, répondit Lin-tsi ; un "grand argentier" est celui qui, contrairement au poète, a la plus belle tête de vainqueur, dans le genre ; aux yeux des indigènes. »
« Et qu'est-ce que le socialisme ? », continua le novice.
« Dans ce sens : une sorte de graisse à traire les pauvres, dont se servent les usuriers », répondit Lin-tsi.
Le jeune novice resta pensif, et demanda encore : « Ce faisant, quel est le but des usuriers ? »
« Rien de particulier : plaire à leur mère, et aussi s'en venger ; mener leurs guerres ; transformer le monde en casino et les êtres humains en joueurs pathologiques ; tenir la banque. »
« Mais les joueurs, où les ont-ils trouvés ? » demanda le jeune novice, intrigué.
« Ce sont, tout simplement, les anciens serfs et domestiques des seigneurs des provinces du Nord, du Sud et de l'Est. »
« Et comment les ont-t-il attirés ? »
« En leur vantant les mérites de la graisse à traire dont on parlait ; en leur disant que cela leur ferait moins mal ; en leur vendant, à tempérament, leurs rêves qui sont surtout des vices » répondit encore Lin-Tsi.
Le moinillon demanda encore : « Ces vices, peut-on les connaître ? »
« Nul ne les a mieux exprimés que le destinataire de la lettre qu'on vient de te lire, dit Lin-Tsi ; ce sont les rêves de tous les prisonniers, et donc de tous les injouissants du monde : ce sont des rêves de vengeance, où il n'est question que de meurtres et de sévices. »
« Donc, réfléchit le novice, si je vous ai bien compris, les usuriers vendent à tempérament aux anciens-nouveaux gueux tout ce qui leur est nécessaire pour se venger et transformer le monde, au mieux, en enculoir, au pire, en salle de sévices. »
Lin-Tsi saisit le moinillon par le col et lui cria : « À ton avis, morveux ? Dis-le, dis-le ! », puis, l'ayant reposé à terre, il partit en secouant ses manches.
Le moinillon, tout en se réajustant, marmonna : « Tout de même, et puisque le nouvel an approche, nous aurions pu souhaiter la bonne année à Long-kouang » ; et il suivit Lin-Tsi.
Bien vu ! Bien dit ! Je vous suis dans cette province où domine la raison des guerriers, ces sensualistes de la dérive.
RépondreSupprimerBien à vous.
Philippe Chauché