samedi 3 décembre 2011

Ma Librairie (29)

" Et en 1969 entrer pour la deuxième fois dans le même fleuve. " (1)

" La littérature est la mémoire de l'humanité, et c'est pourquoi elle donne du fil à retordre aux tyrans de tout poil, aux États policiers soi-disant socialistes et même aux simples menteurs et imbéciles. La société moderne de consommation, championne du nivellement, trouverait son plus grand répit si l'on se dépêchait d'imprimer les livres et les journaux sur un papier qui tombe en poussière au bout d'une période donnée ( disons un an ou deux ). " (1)

" Jeunes, nous ignorons que les vieux ne pas stupides par stupidité mais par fatigue. " (1)

" Qui a réussi, de son vivant, à se dégager de sa tombe, récolte la haine. Jamais on ne lui pardonnera cette insolence opiniâtre. Jamais. " (1)


Je dois, il faut l'écrire, d'avoir une nouvelle fois ouvert Toute un vie de Jan Zabrana, au petit livre Vie électrique de Jean-Philippe Rossignol : " Toute une vie est captivant non seulement pour l'écriture rendue et implacable de Zabrana mais aussi parce que c'est un bréviaire de rapports entre tyrannie et création. " (2). "Lu le 6 janvier 2006, d'une traite...", avais-je noté ; lecture électrique, comme la littérature qui occupe Jean-Philippe Rossignol, et dont il semble à le lire, appliquer ses facéties à la sienne propre ; écrivains sous tension, dans la tension sage de l'art du roman, et dont les phrases ne manquent jamais de vous traverser de part en part comme un arc électrique, avec les risques que l'on sait, leurs noms : Genet, Claudel, Céline, Kerouac, Zabrana, Faulkner, Fitzgerald, Valery Larbaud, etc., précipité électrique d'un siècle de littérature, des deux côtés de l'atlantique, et bien au- delà, Céline à N.Y. et dans ses "châteaux", Genet en Palestine, Claudel en Chine, Kerouac et Fitzgerald à Paris, Larbaud à Madrid, Zabrana au centre de l'Avenir radieux, l'autre nom du communisme glorieux, et si l'on veut aujourd'hui de l'islamisme triomphant et du capitalisme rigoureux. (3)


" Je mourrai dans l'Histoire falsifiée... Une génération après l'autre y a pourri. Certains s'adonnent, à dix-sept ans, au tatouage de leur poitrine, à quarante, à la décoration de leurs latrines... " (1)

" J'ai enfin reçu l'exemplaire d'auteur de ma traduction d'Andreï Platanov. Page 410, je suis tombé sur une coquille qui ma rendu hilare : "... le Parti dévalise le sens de la vie... " - au lieu de réalise. Je suis curieux de savoir si quelqu'un s'en rendra compte. "(1)

" Au bout de presque trente ans de métier je peux traduire même ce que personne n'a jamais écrit. " (1)

" Discuter avec vous ? Ben voyons. Apprenez d'abord à parler. " (1)


à suivre


Philippe Chauché


(1) Toute une vie / Jan Zabrana / traduc. Marianne Canavaggio et Patrick Ourednik / Éditions Allia / 2005

(2) Vie électrique / Jean-Philippe Rossignol / L'Infini / Gallimard / 2011

(3) L'avenir radieux / Alexandre Zinoviev / traduc. Wladimir Berelowitch / L'Age d'Homme 1978

1 commentaire:

  1. Se laisser traverse de part en part par l'acier des mots acérés.
    Comme le garou-garou passe-muraille auquel, aucun mur ne résiste.
    Laisser la lame vague (le vague à l'âme...) s'enfoncer jusqu'à ne plus prendre garde.
    J'allais dire bonne nuit, mais je crois que je vais vous relire un peu.
    A aujourdhui

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