vendredi 9 décembre 2011
Sonets
" Tu arbores, bienheureux ! dans tes cendres
L'affection immortelle de l'âme intérieure ;
Et comme le cours de l'amour est éternel,
Tu éternises les jours suivant ta passion.
Mort du temps, tu tyrannises l'ordre,
Puisque tu mesures, dérogeant à sa loi,
Les heures à la douleur de la poitrine tendre,
Les minutes au bien que tu immortalises.
O miracle ! O prodige rare !
Qui de la nature rompt les statuts
En perpétuant son mouvement.
Toi-même tu ordonnes ton destin :
Chaque jour, chaque heure, chaque minute,
Tu éternises ta propre affliction. " (1)
- Vous écrivez, comme si vous étiez éternel !
- Finir une phrase et constater qu'elle sonne juste, est la seule éternité que je vis, c'est, je vous l'avoue, le seul remède qui m'évite de tomber la tête en avant dans l'enfer, autrement dit, dans les ténèbres, c'est ainsi, que je me vaccine chaque soir contre cette maladie fatale.
- J'aimerais comme Quevedo, que vous portiez autant d'attention à l'amour !
- Vous auriez pu me dire : " vous aimez, comme si vous étiez éternel ! "
- Et vous m'auriez répondu ?
- Mon corps s'y connaît assez finement sur cette question, lorsque ma langue cherche ses mots, et qu'il sait, mon corps, qu'à trop m'écouter on finit par s'enflammer, et de mes cendres, point d'homme d'Or pour s'en inspirer.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Aux cendres d'un amant recueillies dans un sablier / Sonnets amoureux / Francisco de Quevedo / traduc. Frédéric Magne / La Délirante / 1981
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