dimanche 4 décembre 2011
Ma Librairie (30)
" Aujourd'hui, la Semana Santa, demain la Feria. Séville enterre l'hiver et demande pardon des péchés que le Printemps va lui faire commettre. Elle traîne, en attendant, sur les pasos, le corps du Seigneur banderillé d'épines et estoqué par la lance et Sa Sainte Mère pleure des larmes de cristal qui roulent sur ses joues de jeune fille - bien que le Fils soit âgé de trente-trois ans - et je crois en ce miracle de la Mère et de la Vierge éternellement jeune...
Séville enterre la nuit et le froid, gorge de sève les orangers de ses places dont les fleurs vous enveloppent d'une mousse parfumée lorsqu'on passe sous les branches basses, dore les citrons de ses patios. " (1)
Séville, la nuit y est courte et éternelle, nous sommes des milliers et merveilleusement solitaires, tête à tête avec la Macarena, silence excitant, corps légers, elle nous ressemble cette Vierge, elle met la nuit à traverser la ville, la ville lui appartient, Séville est à nous me dit-elle.
Séville, le jour dure toute la nuit, comme une faena de Paco Ojeda, nous tournions en rond dans la nuit, et le jour vient de nous réveiller, plein soleil !
Edouard Manet - 1832-1883
" Le corps du torero, si au cours de la faena sont lentement enchaînées les passes, devient lui aussi immatériel. On oublie que ce phare étincelant autour duquel la vague noire déferle, roule, se meurt et renaît, est bâti de chair et d'os. Le coup de corne ! Un " Ho ! " de stupeur horrifiée. Et si une tornade s'abattait sur le pavois où vogue une Vierge, si elle le renversait et le saccageait, et si parures, couronnes et manteaux étaient arrachés, et si, sur le sol, on n'apercevait soudain que deux mains et une tête en bois emportés par l'eau... Ce " Ho ! ", plus horrible encore, devant le sacrilège. Comment le toro a-t-il pu tuer Paquirri ? Comment l'orage a-t-il osé déshabiller la Vierge ? "(1)
à suivre
Philippe Chauché
(1) Sévillanes / Jean Cau / Julliard / 1987
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