lundi 5 décembre 2011

L'Immobilité de l'Ecrivain



" A chacun son alcool. Exister me procure assez d'alcool. " (1)

" Je n'ai aucun sentiment politique ou social. J'ai, néanmoins d'une certaine façon, un très haut sentiment patriotique. Ma patrie est la langue portugaise. " (1)

" Je passe ma vie à tout remettre - à quand ? " (1)

" Je n'existe que déguisé. " (1)

" Feindre c'est se connaître. " (1)

" Vivre n'est pas nécessaire ; ce qui est nécessaire, c'est créer. " (1)

Finalement il y a des écrivains qui réveillent, lus au lever, ils vous sont aussi nécessaires qu'une tasse de café accompagnée d'un fruit de saison, aujourd'hui les poires sont délicieuses ; je tiens, note-t-il, Pessoa, comme Cioran, pour des écrivains qui réveillent.
Mais de quoi me demande-t-elle ?
De vous parfois, mais le plus souvent, de ce que je suis, ou de ce que je pourrai devenir à ne plus me surveiller !


à suivre

Philippe Chauché

(1) Fragments d'un voyage immobile / Fernando Pessoa / traduc. Rémy Hourcade / Rivages poche / 1990

3 commentaires:

  1. Avez-vous aussi des écrivains de la nuit?
    Ceux qui nous accompagnent lentement vers le bord du sommeil?
    Des "passeur" en quelque sorte, qui nous embarquent vers l'autre rive du jour?
    Souvent je me suis rendue compte qu'énigmes et enquêtes hors normes m'emportent souvent au coeur du sommeil, un Conan Doyle par exemple, Jean Ray, "Manhattan Freud" de Brossi.
    Bref des livres qui ne soulèvent que peu de "poussières intérieures", juste lire, et suivre le fil de l'aventure, jusqu'au à ce que le marchand de sable, lassé de poirauté au dessus de mon lit, me balance deux tonnes de sable dans les mirettes.
    Bonne nuit!

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  2. Je relis, lentement, lucidement, morceau par morceau, tout ce que j'ai écrit. Et je trouve que cela est nul, et qu'il aurait mieux valu ne jamais l'écrire. Les choses réalisées, que ce soit des phrases ou des empires, acquièrent, de ce seul fait, le pire côté des choses réelles, dont nous savons bien qu'elles sont périssables. Ce n'est pas cela, cependant, que je ressens et qui m'afflige, au cours de ces lentes heures où je me relis. Ce qui m'afflige réellement, c'est que cela ne valait pas la peine de l'écrire, et que le temps perdu à le faire, je ne l'ai gagné que dans l'illusion, maintenant évanouie, que cela en valait la peine.
    FP Le livre de l'intranquillité (93)

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  3. L'énigme qui m'accompagne est, chère Maïa, celle de la fin du jour.

    Belle journée soyeuse

    Nous n'en aurons jamais fini avec l'intranquille portugais, cher inconnu (?), et nous aurons ici ou ailleurs, l'occasion d'en parler devant un verre de vino verde.

    Bien à vous


    Philippe Chauchéé

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