samedi 18 juillet 2009

Israël, le Corps, la Musique et le Verbe : Festival d'Avignon (5)




" Il m'a montré un fleuve de vie, une eau resplendissante comme du cristal. Elle sortait du trône de Dieu et de l'agneau.
Au milieu de la rue, de part et d'autre du fleuve, un arbre de vie fructifiait douze fois donnant du fruit chaque mois. Et les feuilles de l'arbre étaient pour la guérison des nations...
Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le principe et la fin.
Magnifiques ceux qui lavent leurs habits pour avoir pouvoir sur l'arbre de vie et ils entreront dans la ville par les portes... "


Israël Galvan danse (2), corps qui bascule mais qui jamais ne chute.
Israël danse, comme jamais on n'a dansé, dans cette suspension du temps, dans l'équilibre du déséquilibre, dans le temps, un baile jondo dans le sable, sur un tablao mouvant, dans le mouvement du Temps.
Israël réinvente à chaque mouvement l'art complexe et intense du zapateado , ce martèlement rythmé des talons et des pointes, il va au plus profond de lui, à meterse por dentro, dans cette Source Spirituelle.
Il ne convoque pas le Duende, le Duende apparaît, instant rare, d'une telle intensité, que certains disent, que les anges ou les fées l'ont visité.

Ce soir là, sous le ciel de la Carrière, Israël est le Duende, au centre de la scène cendrée, dans ces déhanchements chaloupés qui naissent de la musique et du verbe, dans les éclats telluriques des voix de Juan José Amador et Bobote, Israël danse, et cette danse inouïe, ouvre la porte de la vie et retourne la mort.

Au début était le verbe, au début était le baile flamenco, cette révélation, cette Apocalypse, au début était cette musique qui les transcende toutes, corps qui traversent le Temps, et en reviennent immortels.

Pour traverser l'Apocalypse, il faut savoir chanter, danser, aimer, il faut être musicien, trouver l'accord caché sous ses muscles.

Pour traverser l'Apocalyse, il faut savoir lire le Texte avec son corps, il faut aimer le Temps et sa résurrection permanente, il faut écouter les échos de sa danse profonde, de son élévation.

Pour traverser l'Apocalypse, il faut s'offrir comme s'offrent les toreros dans le vide du ruedo, face aux cornes du diable.

Pour traverser l'Apocalypse, il faut être là, dans la permanence stupéfiante du baile jondo, qui ouvre sur la révélation du Temps.

" Écris donc ce que tu as vu, et ce qui est et ce qui va être après,
le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma droite, et les sept lampes d'or... " (1)

à suivre

Philippe Chauché




(1) Apocalypse de Jean / XXII / Bibliothèque de la Pléiade / Gallimard
(2) Israël Galvan / El final de este estado de cosas, redux / Carrière de Boulbon / Festival d'Avignon 2009 jusqu'au 26 juillet

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