lundi 13 juillet 2009

La Courbe du Temps (8)



" Blancheur des glycines
Ployant au vent
La voie lactée " (1)

Il a vu la nuit se coucher,
Puis le jour se lever,
Évidence.

Elle s'est allongée, le visage tourné vers l'intérieur, dans les éclats du Temps, les yeux clairs et troublés. Il n'a rien dit, il n'y avait rien à dire, rien d'autre à faire qu'à écouter sa respiration, cette mélodie claire qui montait de sa poitrine, il s'est dit, j'ai de la chance, puis il s'est endormi. Dans la nuit il s'est levé, pour boire un peu d'eau fraîche et regarder le ciel, il a ouvert un livre, il s'est dit, je lui offrirai demain ce livre. Les livres vivent de cela, d'un nouveau regard nourri des éclats du Temps.

Au matin, il a écrit. Il a écouté le mouvement de sa main qui glissait sur son écritoire, il n'a rien dit, il n'y avait rien à dire, rien d'autre qu'à écouter son écriture, cette mélodie qui montait de son ventre, alors il s'est dit, j'ai de la chance, puis il a fixé la photo qu'il avait épinglé au mur face à son bureau, ce visage lumineux méritait des nuits passées à l'écrire. Les photos vivent de cela, des regards qu'on leur offre un matin d'été.

Le soir, il a traversé la ville et l'a aperçu sur le bord du fleuve et sous les arbres, la danseuse rouge qui à nouveau croisait et décroisait les mains dans un ballet de Martinets amoureux, il s'est approché, assis à quelques mètres de Miryam - Marie - Maria, elle dansait dans la splendeur du soir, alors il s'est dit, j'ai de la chance. Les hommes vivent parfois de cela, pensa-t-il, du mouvement éclatant des femmes.



à suivre

Philippe Chauché

(1) Hajin / Fourmis sans ombre / Le Livre du haïku / anthologie de Maurice Coyaud / Phébus libretto

1 commentaire:

  1. la lumières brille dans les ténèbres & les ténèbres ne l'ont point reçu, au delà de St Jean, être porteur de lumière doit être beau... sauf sauf quand l'on a oublié son briquet!!! Quel atterrissage dans un décors banal d'une vie qui nous veut du bien , mais à qui nous voulons du mal...ou plutôt durant laquelle nus nous faisons mal!

    Bonne nuit mon ami...

    Sèrgi G

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