samedi 20 février 2016

Thibault Biscarrat dans La Cause Littéraire



« Ma vie ne fut qu’éclat, abîme, au cœur de la toile, derrière ces longues draperies qui séparent notre regard de ce dernier royaume. Ma vie n’est qu’une prière pour un Dieu absent ou non révélé ».
Dolmancé est un livre minuscule, une arme légère prête à servir, une grenade littéraire qui ne demande qu’à être dégoupillée, nourri du sang littéraire de Sade et Lautréamont. Les deux écrivains du risque absolu hantent les hauteurs de ce roman. Dolmancé est une aventure littéraire des sommets, des aiguilles arides, des précipices, du déséquilibre, de l’essoufflement où le lecteur se risque à chaque page. Dolmancé, au talent de diamant brut, semble la proie d’une frénésie, d’un mystère, est insaisissable, ils sont légion à en témoigner et le livre en porte les traces acérées : ses femmes, la Consolatrice, le journal intime d’Emeline, et le carnet de Dolmancé, cette colonne vertébrale du roman aux éclats tranchants comme des poignards.
« J’assigne au lieu des vocables, des phonèmes, j’assigne au temps une nouvelle grammaire. Mon présent est un futur à l’abandon : organique pensée de la matière, humus, corps, viscères que j’offre aux saisons ».
Dolmancé est un poète dont la plume est un baromètre, un sismographe de l’état du monde. Il voit ce qu’il écrit, et écrit ce qu’il devine de la dévastation du monde, sous ses yeux, le venin s’insinue. Pour écrire, il s’accoude à l’humanité pour y desceller la trace du Diable et de ses serviteurs – Satan, dans sa forme contemporaine, pourrait n’être qu’un logiciel, un site communautaire dont vous ne pourriez jamais plus vous passer. Comme Maldoror, il dirige ses talons en arrière et non en avant. Il voit l’insensé, et l’invisible, jette sur la page blanche les ombres noircies de ses visions terribles, mais aussi de ses sensuelles admirations.
« L’écriture seule reste une lumière ténue dans l’obscurité de ce siècle. Lorsque ce qui nous entoure n’est qu’un ersatz d’apocalypse où chercher l’éclaircie ? Dans les yeux d’Emeline, dans la littérature ou peut-être à défaut dans la mort ».
« Il me disait que mes seize printemps ne connaîtraient jamais l’hiver, que ma beauté serait éternellement conservée par mes yeux. Il m’a dit qu’il m’aimait. Moi aussi je t’aime, mais il y a ce monde et mes frères… »
Dolmancé n’a pas face à lui la jalousie maladive de petits barons ou de têtes molles, mais la fureur destructrice des frères de son amour, qui n’acceptent pas qu’il s’emploie à sauver du nihilisme et de la servitude la jeune femme. Sa réponse : la juste fuite à Venise, au cœur de l’absolue beauté, comme d’autres prirent la route de l’Abyssinie, ou d’un Château de la subversion*, une fuite pour se sauver, car si la langue sauve, elle ne suffit pas, en cas d’imminent danger, il convient de disparaître, la liberté est à ce prix. De cette liberté Thibault Biscarrat tisse un roman de la cristallisation, où l’amour, les récits, les points de vue, les poèmes, les effusions, les doutes, les musiques, gravent dans le marbre son chant où le bonheur est simple comme le silence.
* Annie le Brun, éd. Jean-Jacques Pauvert
Philippe Chauché
http://www.lacauselitteraire.fr/dolmance-thibault-biscarrat

dimanche 14 février 2016

Pascal Louvrier dans La Cause Littéraire



« Les spectateurs pénètrent dans le ventre de la baleine, ils sont Jonas. Le verre sublime le génie du compositeur. Le rouge des parois, l’aluminium moulé, c’est l’écrin de mes songes.
Mon nom à présent peut s’effacer ».
 
L’état du monde selon Sisco est le roman d’un architecte, de l’art de l’architecture, de son monde, celui qu’il invente tous les jours crayons à la main, mais aussi celui de la dévastation annoncée, des résistances timides ou foudroyées. Marc Sisco est un architecte choyé, un artiste de la courbe, du verre, du béton, de l’aluminium, de la suspension, de l’espace conquis, du mouvement. Après des années de recherches, de lignes et de traces, de calculs, il se voit choisi pour construire ce qui s’annonce comme son chef-d’œuvre, le T40, le nouvel opéra de Venise, un défi à l’espace et au temps. Tout semble sourire à l’architecte romantique, il vagabonde à Paris et à Venise. Son univers : ses dessins, ses équations, son bureau, sa Ferrari, ses cigares. Tout sourit à l’éternel insoumis, sauf l’état du monde, son monde qui se fissure et celui qui l’entoure qui s’effondre.
 
« Que reste-t-il de notre jeunesse, de nos premiers émois, de nos rendez-vous avec le destin. Un petit village, un vieux clocher, un paysage, répond l’éternel Trenet. Oui, il reste des lieux, des lieux avec des signatures d’architectes, célèbres ou oubliés, des lieux flamboyants, des lieux vétustes, en pierre, en béton, brique, verre, mais des lieux où s’enchâssent, malgré soi, des souvenirs ».
 
Le roman de Sisco est alors traversé par une rupture, des échanges de coups et une garde à vue, un visage tuméfié et un abandon, cet à quoi bon qui ne dit pas son nom. Ce choc le transforme, son visage n’est plus le même, ses mots, ses attitudes, ses attentions, tout explose, il s’emploie à se faire détester. N’existe que le T40, ce rêve de T40, Venise, l’opéra, Mozart, cette illusion ? Point d’illusion, comme l’on dirait Point de lendemain*, mais le réel révélé, la mort annoncée de sa mère – Elle était là, dans son fauteuil roulant, devant la fenêtre. Je me suis approché sans faire de bruit, elle somnolait. Je l’ai embrassée sur le front, respirant son odeur, comme si c’était la dernière fois que je pouvais le faire–, son couple en fusion, sa fille perdue, sa jeune amie, ses collaborateurs, n’y peuvent mais. Il fond comme le métal de ses constructions et dérive comme un vaisseau de verre sur le Grand Canal. Tout le monde de Sisco file entre ses doigts, ses amours, ses passions, son corps, il ne reste que ses hallucinations et des « accords de tristesse ».
 
« J’ai éteint la lumière. La demi-sphère noire, je l’imaginais au large de Venise, la mer frappait contre elle, les notes assemblées par Mozart déclenchaient une vive émotion, le cœur s’emballait, et l’âme soudain pouvait croire de nouveau en la beauté ».
 
L’éternel Sisco comme le Samouraï de Melville voit sa fin venir, le dernier clap, il laisse filer sa société, le T40, sa vie, pour devenir invisible. Il a tout donné, tout inventé et personne n’a vraiment voulu le croire. Le jeu social est dévoilé. Pascal Louvrier écrit là un surprenant roman, vibrant, vif, mélancolique – Le rôle de l’architecte : être le metteur en scène de notre nostalgie future – désenchanté, nourri d’architecture et de littérature. Un roman dont le héros croise là Sollers, ici Jacques Laurent ou plus loin la crinière blanche de Roda-Gil, entraîné par ce rêve fou de construire envers et contre tout, envers et contre tous, de bâtir – cette aventure humaine incomparable –, d’être ce qui s’élève de ses dessins, de devenir ce qui va s’élancer, défiant toutes les règles humaines de la pesanteur et de la lourdeur des assis, c’est ce même défi que se lance l’écrivain.
 
Philippe Chauché
 

vendredi 12 février 2016

Dictionnaire amoureux de la Tauromachie : Delay (Florence)

Florence Delay




Avant d'être Immortelle, elle a interprété Jeanne d'Arc sous la direction de Robert Bresson,  fréquenté le Festival d'Avignon, écrit des romans, lu et traduit notamment José Bergamín, Lope de Vega et Calderón. Son grand père fut maire de Bayonne, son père a donné son nom à une clinique (proche de René Char, le poète de l'Isle sur la Sorgue lui offrit l'année de ses quinze ans les œuvres complètes de Lorca), elle a souvent (j'ignore si c'est encore le cas aujourd'hui) franchi les portes des arènes Marcel Dangou.  " Il fut non seulement l'ami des toreros vivants (Ordoñez, Bienvenida) mais du plus ancien d'entre eux, Sénèque de Cordoue, que Nietzsche surnommait toréador de la vertu. Le maître et l'ami non seulement d'une génération de Républicains éternels mais de leurs petits-fils qu'il éveilla aux luttes contre le sommeil instauré par la dictature ". (à propos de Bergamín dans  Mon Espagne Or et Ciel). 
 
Philippe Chauché   

jeudi 11 février 2016

Dictionnaire amoureux de la Tauromachie : Vargas Llosa (Mario)

Mario Vargas Llosa

 

Tout autant péruvien qu'espagnol, il ne cesse d'écrire et de lire depuis plus de cinquante ans. Prix Cervantès, Prix Nobel de Littérature, anobli par le Roi d'Espagne,  l'auteur de La ville et les chiens n'a  de cesse de défendre la tauromachie, plume à la main, comme s'il s'agissait d'une muleta, un art de la trinchera romanesque qui a rencontré celui de José Tomás :  " Vous avez raison, maestro de maestros. Dans les feintes et les leurres dont est fait le toreo, dans ces jeux d'ombres chinoises, des passes et de postures, une vérité crue, essentielle, surgit avec une force imparable. C'est le grand paradoxe de la condition humaine, quand la vie est inséparable de la mort, quand rien ne donne plus de flamme, d'intensité et de passions à la vie que la proximité de l'extinction, surtout lorsque l'esprit humain, dans un ultime défi, construit une autre vie faite de grâce, de formes, d'élégance, de rythme et de beauté, l'art, en somme, une vie qui nous fait pressentir la chimère de l'éternité. "
 
Philippe Chauché

mardi 9 février 2016

Dictionnaire amoureux de la Tauromachie : Wolff (Fancis)

 
 
Francis Wolff




On a beau avoir vu, dix, vingt, cent, mille corridas, la dernière est toujours la première. On a beau savoir tout ce que l'on sait, on recommence à jamais la même histoire. La corrida est une éthique et parfois une esthétique.  Francis Wolff qui fréquente les arènes depuis fort longtemps a tenté et réussi le projet d'écrire cette " Philosophie de la corrida ". Et comme un torero juge la force, les défauts, le danger, la noblesse, d'un taureau,  l'écrivain philosophe pèse chaque mot qu'il définit, chaque concept qu'il construit, il choisit ses réflexions, ses esquives, comme un maestro mise sur telle ou telle corne, la pensée est aussi affaire de vista et de sitio. " Le olé qui ponctue une passe n'est que l'espérance du suivant, tantôt déçue, tantôt comblée. L'art naît de la syntaxe, de la pensée de la série. Penser à la passe suivante. Placer son corps pour la répétition, le retour, l'enchaînement. La fin de la passe est là où devra être le début de la suivante. "
 
Philippe Chauché


lundi 8 février 2016

Dictionnaire amoureux de la Tauromachie : Léger (Jack-Alain)

Jack-Alain Léger


Il aura porté autant de masques que de pseudonymes, Jack-Alain Léger, dont Gallimard publia Maestranza, " ni essai ni roman ce qu'on voudra " dédié " Aux amis qui ne disent que ce n'est pas fini, aux amis, donc, et à Julian Lopez " El Juli " pour ouvrir le nouveau siècle. Mais aussi Dashiell Hedayat, traducteur de Bob Dylan, Eve Saint-Roch, et Paul Smaïl. De ses livres refusés par les éditeurs, il  parlait de romans romans romans, comme l'on évoque les toros toros. Rêvant d'aristocratie, de belles manières, d'élégance naturelle, il ne pouvait que franchir les portes des arènes, et accompagner les Pasos de la Semaine Sainte. " Le grand portail des arènes était encore ouvert. Je suis allé repérer par quelle porte j'accéderais à ma place le lendemain soir. J'ai relu le cartel : Curro Romero, Espartaco, Rivera Ordoñez, taureaux de Juan Pedro Domecq et Parladé.  Une allégresse irraisonnée m'envahissait avec la force d'un pressentiment : je ne sais pourtant pas ce que je ressentirais devant la fatale réalité de la corrida. "

Philippe Chauché

dimanche 7 février 2016

Dictionnaire amoureux de la Tauromachie : Bergamín (José)

José Bergamín



Ecrivain de l'art du birlibirloque, du tour de passe-passe, du jeu, José Bergamín se glisse avec aisance et élégance dans la peau (Piel de toro) des toreros. L'absurde lui va à ravir, comme sa passion pour les toreros fantasques, il va d'ailleurs dédier La solitude sonore du toreo à Rafael de Paula. Il aura incarné avec beaucoup d'élégance l'Espagne de la vie, face à celle de la Mort que distillait Franco et sa clique, au sein notamment de l'Alliance pour la défense de la culture. Proche de Bernanos, de Mauriac et de Malraux, et lecteur du Cantique spirituel, il ne cessera de déranger ses amis comme ses ennemis, et consacrera deux petits livres aux effervescences taurines. " Deux fois je l'ai vu faire et dire admirablement le toreo, avec une finesse et une profondeur de style incomparables. Et, les deux après-midi, il a demandé à l'orchestre de ne pas jouer. "
 
Philippe Chauché
 

samedi 6 février 2016

Jean-Jacques Schuhl dans La Cause Littéraire



« …c’était la terre, la terre avec ses bruits, ses passions, ses commodités, ses fêtes ; c’était une terre riche et magnifique, pleine de promesses, qui envoyait un mystérieux parfum de rose et de musc, et d’où les musiques de la vie nous arrivaient en un amoureux murmure » (Déjà !, Charles Baudelaire).
 
Le Ghost writer est de retour. L’écrivain fantôme, qui n’écrit presque pas, dont la présence est fantomatique, glisse sous nos yeux et y dépose Obsessions, un recueil de nouvelles, que l’on peut lire comme un roman fragmenté. Dandy rêveur, témoin complice d’artistes et d’anonymes qu’il a croisés au hasard de ses escapades romanesques, Jean-Jacques Schuhl se délecte d’associations d’idées, mêle souvenirs, visions, situations, rues et villes mots qui s’ouvrent comme une boite à malices, pour faire naître ses envolées romanesques, un peu comme dans les vieux films de Raoul Ruiz – Entrée des fantômes – avec le même sérieux amusé, la même gourmandise pour raconter des histoires à faire sourire les enfants et éloigner le néogâtisme gélatineux qu’épingle le Pataphysicien Daniel Accursi.
 
« Vue du quai Voltaire, sous cet angle, là-bas la gare d’Orsay, palais de verre renfermant une lueur bleu aquatique avec au-dessus le ciel plombé, nuages noirs ici et à frangés de rose, je me suis retrouvé dans le Londres ancien, époque du Crystal Palace : ce mélange d’inquiétude et de féérie. C’est comme avec les gens, les visages, je ne peux m’empêcher, c’est parfois un détail, trois fois rien, de substituer à un lieu un autre, éloigné de préférence : le Bosphore et les Dardanelles dans un coin perdu du quinzième, ou Gethsémani, Jérimadeth, j’en oublie. Rêveur forever ! ».
 
Le Ghost writer est un oiseau de nuit, croisant ici Paloma Picasso et Helmut Berger, là Warhol et Basquiat, un peu plus loin Jim Jarmusch et Betty Boop, ou encore le Docteur Death, ce médecin légiste dont il pense un temps faire le portrait pour un magazine, Jean Eustache qui voulait recueillir à l’extrême surface de la pellicule tout ce qui ne veut rien dire, Werner Schroeter et son aristocratique solitude, une courtisane un peu déjantée, une couturière à l’amateurisme ravageur de tissus rares. Vivants ou morts, fantômes à fictions, et fictions de vivants, qui ne manquent pas un rendez-vous depuis la parution d’Ingrid Caven.
 
« Je regardais les petits bouts d’étoffe par terre, en rubans comme ceux, en papier, de mes lambeaux de manuscrits ou de bords annotés et découpés des journaux dont j’aurais pu faire des bracelets ».
 
Le Ghost writer traverse avec une certaine nonchalance les jours et les nuits parisiennes et new-yorkaises, à ses côtés Baudelaire, autre dandy rêveur et raffiné. La nouvelle La cravache pourrait lui être offerte, comme l’on offre une rose blanche à une actrice de cinéma allemand, ou à un couturier céleste. Jean-Jacques Schuhl écrit comme l’on dessine, coupe dans de la soie, comme l’on surpique et assemble ce qui va en un coup de ciseaux magiques devenir une seconde peau encore plus légère et soyeuse que la sienne.
 
« Cette image d’éphémères dessins disparaissant m’a rappelé aussitôt les empreintes accidentelles d’un pied sur la toile de Jean-Michel Basquiat. C’était deux fois, sans doute, une intervention du hasard, et deux fois une empreinte : du pied de Jim Jarmusch, de l’ongle du pouce de Michelangelo Antonioni, et que l’une demeure tandis que l’autre disparaît n’était qu’accessoire, seule comptait pour moi la marque en creux d’une chose absente. Il existe certaines empreintes de pattes d’oiseaux plus délicates que des rameaux de givre… »
 
Avec ce qu’il a vécu, avec ce qu’il a vu, entendu, le Ghost writer pourrait écrire dix, vingt, trente romans électriques, Obsessions est leur concentré chimique, persuadé, et c’est son beau principe romanesque, que les gens gagnent à être connus : ils y gagnent en mystère.
 
Philippe Chauché
 

vendredi 5 février 2016

Dictionnaire amoureux de la Tauromachie : Cau (Jean)


Jean Cau



Son nom reste à jamais attaché à celui de Jean-Paul Sartre - il sera son secrétaire et tout porte à croire qu'ils ont parlé toros -, au Général de Gaulle - admiration totale pour l'homme politique -, au Sud dont il ne se détachait jamais et aux toreros. Il avait cette science de l'observation qui parfois transforme un journaliste en écrivain et un écrivain en aficionado. Proche de Paco Camino et de Litri, nous croisions parfois son ombre dans les rues de Nîmes. Il était farouche comme pouvaient en ces temps l'être les pensionnaires de Don Eduardo Miura, insaisissable, mouvant, fidèle à sa terre et au sable des arènes. " Des milliers de gamins, en Espagne, dans les parcs, les fermes ou les terrains vagues s'entraînent  ainsi à toréer des toros d'ombre. Parfois les copains s'arrêtent pour regarder l'un d'entre eux. Quelque chose se passe. Il n'y a pas de toro, pas de spectateurs, pas d'arène mais l'enfant, sous les yeux de ses copains médusés, opère des gestes magiques. Les copains voient l'arène, voient le toro. Ils entendent les Olé de milliers de spectateurs déferler en vagues. " (Les oreilles et la queue)
 
Philippe Chauché