jeudi 24 décembre 2020

Fin de saison de Thomas Vinau dans La Cause Littéraire

« Pas le temps de dire ouf et le monde a vrillé. Je me suis dit : Holà on va se prendre un sacré orage de fin de saison. Je croyais pas si bien dire. Petit caillou gris dans la prairie, c’est mon nom d’Indien. Les vitres tremblaient, les volets claquaient. Le crépi ocre des résidences se parsemait de taches brunes. C’était les oiseaux fracassés contre les murs ». 

Victor, c’est son nom, le narrateur de Fin de saison est face à une catastrophe, une fin du monde qui renverse sa vie. Les murs tremblent, tout se déchire, la chute est inévitable. Alors armé de tout ce qu’un survivaliste doit posséder, il se réfugie dans la cave de sa maison avec son masque et sa combinaison de protection, son sac de survie, ses pilules, quelques accessoires entassés dans un Catakit, sorte de kit de survie quand une catastrophe surgit, en compagnie de son chien et de son lapin. Vendredi est dans son île avec son chien et son lapin, et s’attend au pire. Amateur de Science-Fiction, lecteur de Victor Hugo – Sacrées histoires et sacrée vie – et de Bukowski – Il faisait 17 degrés et il ne restait pas grand-chose du monde –, il se prépare à un long voyage qui ne finirait jamais, tout droit vers la fin du monde, en se souvenant des aventures de Mike Horn et à ses challenges de déglingo. 

Dans sa cave, Victor rumine, et se remémore, la mémoire en ébullition. Il se prépare à résister à la plus infecte des invasions, à la plus terrifiante, les monstres sont en haut, pense-t-il, et le sort de sa femme et de ses enfants doit être compté. Qu’est-ce qui manque vraiment quand on a tout perdu ? Qu’est-ce qu’on voudrait sauver ? se demande-t-il. Et ses plaisirs perdus défilent, Richter qui joue Haendel, une carotte fraîche, du thé Russian Earl Grey, les débardeurs qui dénudent les épaules bronzées des filles, les cerises et le rhum vieux, les boîtes à livres gratos. La cave est le lieu de toutes les crises, les exaspérations, les tentations, les craintes, les pleurs, les souvenirs. Victor s’attend au pire, alors il prépare sa résistance et sa fuite, même s’il craint que dehors, le pire soit arrivé. Il s’avance sur cette scène finale, sur ce ponton qui s’élance vers l’océan en fureur, et raconte sa vie, son amour, ses enfants, sa vie en suspens. Fin de saison est l’étrange roman de cette fin du monde imaginée et vécue au fond d’une cave, de ce retrait, de ces souvenirs, portés par les éclats de langue de Thomas Vinau. L’écrivain pique comme une guêpe lettrée, parodie, s’amuse, s’affole, nous trouble, nous étonne, et nous ravit, par son style virevoltant, et son verbe pétillant. 

« Tu n’arrives même pas à te réchauffer correctement les arpions. Pendant ce temps, les plaques tectoniques se frôlent, les météorites flambent, les trous noirs avalent les étoiles, avalent la lumière, avalent le temps, avalent tout. Et toi t’es même pas foutu de te réchauffer ces putains d’orteils ». 

 Thomas Vinau, amateurs de Clochards célestes (1), de Monstres qui sont très bons (2), ou encore de joyeux Inconsolés (3), est un écrivain d’un bric-à-brac luxuriant. Il accumule les situations les plus improbables, ou les plus extravagantes, les réflexions les plus ironiques et les plus touchantes, les personnages les plus loufoques, en apesanteur, entre deux catastrophes imaginées ou provoquées. Un bric-à-brac d’imaginaire littéraire, où il volette, pique du bec, provoque les autres volatiles, fait le mort, joue le vivant, passe du rire aux sanglots, et se goinfre de grappes de raisins oubliées. Fin de saison est un roman, où le héros auto-confiné dans sa cave, transi de pétoche, ne manque ni d’humour, Je m’appelle Victor et je vous emmerde, ni d’à-propos : L’avantage quand tout le monde est mort c’est qu’il n’y a plus personne à décevoir. Thomas Vinau invente des histoires à dormir debout, à rêver assis devant un livre à colorier, à rire aux éclats, à sourire de nostalgie, à faire se lever les enfants la nuit, et à rendre jaloux les éditeurs qui ne l’ont pas publié. Thomas Vinau a l’art de nous faire croire à cette histoire, à Cette fin de saison d’un dingo naïf, d’un aventurier du canapé qui prend tout au sérieux, un coup de vent, un ciel qui s’est mis à se retourner en vieilles bourrasques grises. Nauséeuses, à ses peurs, ses doutes, ses colères, et ses métaphores loufoques, dans une langue poivrée et grisante comme un alcool très fort. 

Philippe Chauché 

(1) 76 Clochards Célestes ou presque (Le Castor Astral), Le vieux Buk est une plaie. Le vieux Buk est un poète. Et y en a pas trois mille des poètes (Charles Bukowski) 

(2) Il y a des monstres qui sont très bons (Le Castor Astral), La nuit / l’ours qui cherche / rentre chez lui / éternellement (Un ours qui cherche) 

(3) Des Etoiles & des Chiens 76 inconsolés (Le Castor Astral), J’ai la bougeotte au bout de la langue, la carapate en bandoulière (Henri Calet)


mardi 15 décembre 2020

George Orwell dans La Cause Littéraire

« Il ne demande pas aux textes canoniques de livrer des secrets de fabrication, mais de lui parler aujourd’hui, d’aujourd’hui, de nourrir le débat d’idées qu’il mène en permanence en lui-même avec le monde et contre le monde » (Philippe Jaworski, Préface). 

 « Je l’écris parce que je veux dénoncer un mensonge, attirer l’attention sur un fait et mon souci premier est de me faire entendre. Mais je ne pourrais pas accomplir la tâche d’écrire un livre, ni même un article de revue substantiel s’il ne s’agissait pas aussi d’une expérience esthétique » (George Orwell, Pourquoi j’écris, trad. Marc Chénetier, Patrice Repusseau). 

 « Orwell n’est pas vraiment romancier, c’est un essayiste imaginatif » (Simon Leys répondant à Sébastien Lapaque, Le Figaro, 2 novembre 2006). 




Qu’il soit en Birmanie, Dans la dèche à Paris et à Londres, les armes à la main dans l’Espagne en guerre sociale, George Orwell est au cœur du témoignage, du reportage, de l’acte de vérité et de l’essai imaginatif. Il n’écrit jamais aussi bien, aussi précisément, d’un trait, d’un élan, que lorsqu’il est dans la tourmente – « Dans la guerre de tranchées, il y a cinq choses importantes : le bois pour le feu, les vivres, le tabac, les bougies et l’ennemi. En hiver, sur le front de Saragosse, c’était là leur ordre d’importance, l’ennemi arrivant bon dernier » (1). Son regard est d’une précision rare, tenace, son oreille entraînée à tout entendre, à tout traduire, à tout saisir, sa main ne tremble pas, son corps mis à l’épreuve, témoigne lui aussi de cet engagement – il est grièvement blessé à la gorge par un tireur isolé sur le front d’Aragon. Il voit, il écoute, il saisit ce qui se joue sous ses yeux – « Ce n’est pas une guerre, disait-il toujours, c’est un opéra-comique avec un mort de temps à autre » (1). Qu’il écrive un conte animalier politique, ou Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, satire (2) d’une société de surveillance, loin, si loin du roman visionnaire, tel qu’on veut le présenter aujourd’hui, il est écrivain, et inimitable, vibrant de vérité – « Si vous êtes un homme, Winston, alors vous êtes le dernier homme. Votre espèce s’est éteinte ; nous sommes les héritiers ». Qu’il publie articles et essais, George Orwell poursuit ce travail d’écriture, ce sondage du monde, du réel, où il ne cesse de se sonder, de se peser, en poursuivant ce dévoilement des mensonges et des trahisons, et ce souhait profond de se faire entendre. Une pendaison en est l’exemple le plus parfait, ce récit glacial d’une exécution, s’ouvre sur une lumière cireuse qui éclaire une prison birmane, et s’achève dans un éclat de rire. Une pendaison, mais aussi En Birmanie, comme d’ailleurs Hommage à la Catalogne, sont imprégnés de cette expérience esthétique que défend l’écrivain, qui pourrait aussi s’appeler l’expérience stylistique, et qui est toujours liée à une expérience vécue, profondément humaine, ses récits sont éclairés de rencontres, de portraits, de visages. L’écrivain qui aime à se qualifier d’anarchiste conservateur est non seulement sur le front, les fronts sociaux, qu’il juge essentiels, dans la rue avec les plus pauvres, en Birmanie, en Catalogne avec le POUM (3), les armes à la main, et il sait qu’un livre, des livres vont en naître, d’autres armes plus efficaces que les vieux fusils dont disposent les milices engagées contre Franco. 

 « Je débordais d’envie de partir loin de tout cela, loin de l’horrible climat de suspicion et de haine politique, de ces rues grouillant d’hommes en armes, des raids aériens, des tranchées, des mitrailleuses, des trams au grincement perçant, du thé sans lait, de la cuisine à l’huile, du manque de cigarettes – de presque tout ce que j’avais appris à associer à l’Espagne » (Hommage à la Catalogne). 

« Pendant les Deux minutes de haine, il ne pouvait s’empêcher de participer au délire collectif, mais cette façon si peu humaine de scander “Grand Frère !… Grand Frère !” l’emplissait toujours d’horreur »(1984, trad. Philippe Jaworski). 



Désormais, et c’est un événement, George Orwell figure au catalogue de la Bibliothèque de la Pléiade. Il y retrouve Joseph Kessel et Romain Gary, on ne saurait imaginer meilleure compagnie. Faire la guerre (sociale) demande du style, l’écrire tout autant, et si l’on perd une bataille ou une guerre, on se doit de triompher plume à la main. George Orwell triomphe aujourd’hui par ce sacre de la Pléiade, comme il a triomphé, publiquement et populairement, avec La Ferme des animaux, et Mille neuf cent quatre-vingt-quatre. George Orwell écrivain de la vérité, en lutte permanente contre les mensonges et les crimes politiques (4), qu’ils fussent staliniens, franquistes ou autres. George Orwell imagine narrativement et romanesquement un monde étrange, effrayant, sans issue, une dictature d’un nouveau genre dans Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, roman inspiré, d’une rare intensité, où il invente un monde, mais aussi une langue. Longtemps traduite par « novlangue », aujourd’hui par « néoparle », et la figure qui domine cette satire, s’impose, terrifie, le visage à la moustache noire, baptisé un temps « Big-Brother », se transforme sous la plume du traducteur en « Grand Frère », référence au Grand frère politique que fut l’URSS, et dont George Orwell avait certes une sainte horreur. On peut s’en étonner, cette novlangue était en quelque sorte la signature du roman, comme Big-Brother en était l’image la plus terrible, ces deux mots sonnaient juste et fort. Big-Brother était inatteignable, invisible, effrayant, et dépassait de très loin la référence au grand frère soviétique, et la novlangue modelée pour que toute langue ancienne disparaisse, soit rayée définitivement de cette société de surveillance, devient ce « néoparle » dont on a du mal à saisir le sens. Traduire, c’est choisir, Philippe Jaworski a choisi autrement, c’est évidemment son droit, et on connaît son talent de traducteur, mais on peut murmurer que ces choix sont tout aussi troublants que l’affiche du dictateur moustachu invisible. « Il songea qu’il était déjà mort. Il lui apparut que c’était maintenant, à l’instant où il avait commencé à formuler ses idées, qu’il avait sauté le pas. Les conséquences d’un acte, quel qu’il soit, sont contenues dans l’acte lui-même. Il écrivit : Le délit de pensée n’entraîne pas la mort : le délit de pensée EST LA MORT MÊME » (Mille neuf cent quatre-vingt-quatre). George Orwell est un écrivain politique, hanté par les manières de l’être, à la juste place de témoin engagé, et à la place juste d’écrivain qui pèse ses mots, et qui sait qu’un livre, un conte ou un roman, une satire ou un témoignage, ne se doivent pas de déroger aux règles du style. Ces œuvres de George Orwell, publiées aujourd’hui dans cette collection de bibliophiles, de curieux, de passionnés, d’amoureux des beaux livres, consacre un écrivain d’exception, engagé sur tous les fronts de la vérité, un écrivain témoin de son siècle, passionné, et la passion donne aux écrivains inspirés une profondeur, une vision, un style, un art, une âme, et au bout du compte, une belle éternité.

Philippe Chauché

(1) Hommage à la Catalogne, trad. Marc Chénetier

(2) Orwell a explicitement récusé une façon de lire 1984 comme une description d’événements à venir. Il a lui-même défini son livre comme une « satire », développant les implications logiques de la prémisse totalitaire (Simon Leys à Sébastien Lapaque, Le Figaro, 2 novembre 2006)

(3) POUM : Parti Ouvrier d’Unification Marxiste, organisation révolutionnaire créée en 1935 en Espagne et devenue illégale en 1937

(4) Orwell ou l’horreur de la politique, Simon Leys, Champs-essais, 1984

https://www.lacauselitteraire.fr/oeuvres-george-orwell-en-la-pleiade-par-philippe-chauche

 

dimanche 6 décembre 2020

Frédéric Pajak - Avec Pessoa dans La Cause Littéraire


« Frères humains, nous voilà mangés comme des poissons morts dans le ventre de ce bar. Dans cette providence. La nuit se déplie sur nous, et nous disparaîtrons à jamais ».

8 mars 1914 – Pessoa connaît une nuit de révélation. Trois « hétéronymes » lui apparaissent d’un coup. Il en décrira le déroulement vingt-et-un ans plus tard, dans sa fameuse lettre au jeune poète Adolfo Casais Monteiro. Autant de personnages vivant en lui – et mourant aussi – susceptibles de s’opposer entre eux ».

Avec Pessoa est le dernier opus, le dernier ouvrage, la dernière œuvre vive du Manifeste Incertain que dessine et écrit Frédéric Pajak depuis près de dix ans. Une aventure littéraire et graphique unique, née en 2012 avec un premier volume (admirable) consacré à Walter Benjamin – Rêveur abîmé dans le paysage –, où l’art du récit l’occupe toujours plus. C’est cet art du récit à la plume, à l’encre, récit dessiné en noir et blanc, qui l’occupe au plus haut point.

C’est ainsi que vont surgir ces récits, où l’auteur mêle sa biographie à celle de grands inspirés. Il écrit sa Recherche Incertaine de l’Infini, mêlant ses récits, le roman de vie, à ceux de Pessoa, d’Emily Dickinson, de Marina Tsvetaieva, de Pound, et Van Gogh : même présence au monde que le peintre arlésien d’adoption, même force du dessin, même regard en offrande. Qui peut dire qu’ils ne se croisent pas place du Forum ou au pied du grand escalier qui conduit aux arènes ? « Les destins que j’ai sollicités, je ne les ai pas choisis, ils se sont imposés à moi au hasard des lectures et des rencontres ». Il croise ses évocations romanesques, ses Cartographies du souvenir, à ses dessins aux lignes claires et sombres, visages et paysages, villes et mer, ciels entre deux clartés, peut-être un nuage, parfois une menace, une douleur qui fige un portrait, mais dans la nuance et la légèreté du gris et du noir. Frédéric Pajak est un écrivain et un dessinateur de la nuance, du doute, de l’intranquillité, un révolté d’un autre siècle, même si, dans ce Manifeste Incertain, il salue le mouvement des Gilets jaunes, ces nouveaux partisans : « La France grondait. Je grondais avec elle, dans mon coin, au fin fond de la province ». Frédéric Pajak se souvient d’un matou qui lui aussi croyait au Minotaure, du train poussif et courageux où il se glisse en direction de Bellegarde, de Lausanne, de Camille Pissarro, des œuvres aimablement délirantes de Charles Fourier, de la Casbah d’Alger, de Benjamin Constant, du désert, de Pessoa occupé, comme une armée sur une terre inconnue, par ses hétéronymes, et de son frère disparu : Écrire pour lui, c’était respirer. Les livres dessinés savent respirer, l’écrivain écrit comme il respire, une respiration inspirée.

« Il fait partie des “grands hommes d’inaction”, et cela le comble d’aise. Son travail, qui lui procure un salaire à peine suffisant pour vivre, ressemble à “une sieste paisible” ».

« L’Ode maritime est un des textes majeurs de l’ingénieur Álvaro de Campos. Sur un quai, un homme solitaire – l’auteur – observe mélancoliquement l’arrivée et le départ des paquebots. Il rêve d’embarquer sur l’un d’eux, il rêve d’une épopée folle, de tempêtes et de naufrages, de combats violents, de pillages, de viols. Il rêve de barbares et de pirates, qu’il supplie :

Donnez les baisers des haches, des fouets, de la rage,

A ma joyeuse terreur charnelle de vous appartenir

A ma pulsion masochiste de me livrer à votre furie… ».

Frédéric Pajak est le maître des ombres, des gris, du trait vif et fluide, le maître de l’instant saisi par la main agile et l’œil inspiré. C’est la même inspiration qui guide Frédéric Pajak sur le chemin de ses biographies. Il suit pas à pas ces destins qui se sont imposés à lui, nous sommes en 1915, Pessoa retrouve ses amis qui reviennent sur les bords du Tage, le 4 avril, ils font paraître Orpheu, « revue trimestrielle de littérature », deux ans plus tard c’est la naissance de Portugal Futurista. Pessoa l’Intranquille, Pessoa l’anarchiste, le Futuriste, Pessoa solitaire, angoissé, saisi par la Saudade, Pessoa et ses fantômes, ses hétéronymes qui se bousculent, Pessoa bouleversé par la mort de sa mère, Pessoa et Ofélia : Une ombre d’ivrogne dispose-t-elle toujours d’une place dans vos souvenirs ? Pessoa qui écrit, qui ne cesse d’écrire sous de multiples identités, ses hétéronymes ont une vie, un corps, et évidemment un style !

« Ma vie : une tragédie tombée sous les nuées dans anges, et dont on n’a jamais joué que le premier acte » (Le Livre de l’Intranquillité, Bernardo Soares, traduction de Françoise Laye, Christian Bourgois Éditeur, 1992).

« 2 décembre 1935, onze heures du matin – Le corps de Fernando Pessoa est enterré au cimetière des Plaisirs, aux côtés de Dionisia, sa grand-mère folle, dans le caveau familial. Une cinquantaine de personnes assistent à la cérémonie. Un demi-siècle plus tard, sa dépouille sera transférée dans le cloître du monastère des Hiéronymites, non loin des tombeaux vides du navigateur Vasco de Gama et du poète Luís de Camões ».

Pajak dessine et écrit Avec Pessoa ses Souvenirs une passionnante aventure humaine et littéraire, un profond détachement, et un Épilogue sous la protection d’Héraclite, pour clore ce Manifeste, ces Manifestes Incertains. En quelques pages, il dessine des portraits de Jésus, saisissants, troublants, visages inspirés, en larmes, mais aussi de douceur incarnée, et raconte la vie de Jésus, des instants de cette vie, et de celle d’Isaac Laquedem, « le Juif errant ». Jésus qui continue comme Isaac à errer sur la Terre, las de cette vie sur terre, et que Dieu le père n’écoute pas, ne l’entend pas, comme s’il était mort, et Jésus ne peut se changer en eauIl est donc là, et bien là, ici même. Maintenant, il marche dans les rues de Paris. Il marche ? C’est la fin d’une histoire, qui n’a pas duré deux mille ans, mais une décennie, mais peut-être une fin qui va renaître un jour, c’est tout au moins ce que l’on souhaite, tant ce Manifeste Incertain est admirable, troublant, passionnant, témoin d’un temps présent et révolu, demain peut-être reviendra-t-il, sous un autre nom, comme une résurrection blanche et noire.

Philippe Chauché

http://www.lacauselitteraire.fr/manifeste-incertain-tome-ix-avec-pessoa-l-horizon-des-evenements-souvenirs-fin-du-manifeste-frederic-pajak-par-philippe-chauche