mardi 30 novembre 2010

Des Balkans, de la Guerre et de la Littérature



" Lorsqu'on a affaire à un ennemi dont l'esprit brouillon et impulsif le rend incapable de prévision, à l'image de la " Terre " sous le " Lac ", il y a avantage à profiter de son manque de sang-froid pour prendre l'ascendant sur lui. " (1)

Les démocraties comme les dictatures ont raison de se méfier des écrivains, non contents de faire flamber le réel dans leurs fictions ou encore d'embraser leurs fictions par le réel saisissant et dérangeant, ils se mêlent de démêler le faux du vrai et le vrai du faux, mais sans épouser cela va de soi la moindre posture " journalistique ". C'est en écrivains qu'ils " enquêtent ", et c'est bien là note-t-il, tout l'intérêt de ces deux livres de David di Nota.

Mais avant d'aller plus loin, ajoute-t-il, rappelons que l'on doit aussi à l'auteur, ajoute-t-il, un petit ouvrage piquant et joyeux (1). Écoutons :

" Un jour, alors que je me promenais non loin de chez elle, je l'aperçus à quelques mètres de moi. Elle n'était pas en train de lire un livre ou d'étudier ses fiches. En fait elle émiettait un petit Lu devant la statue de Balzac. Nous étions en novembre, et le vent glissait le long des rues humides. Je n'ai pas voulu m'approcher, et je suis resté en retrait, feignant d'attendre un bus. Elle a fini son petit Lu, puis elle s'est réchauffé les mains. Ce n'était pas une jolie fille, je pense qu'elle avait un visage trop anguleux pour cela. Peut-être négligeait-elle aussi de se mettre en valeur, hormis les jours d'été, où sa poitrine, sous la frêle découpe d'un chemisier de lin, se détachait nettement de ses épaules étroites. Son corps dégageait cependant une impression d'apesanteur étrange. " (2)

" Une demi-heure plus tard, alors que je patientais, en plein vol, devant la porte des toilettes ( rentrant toutefois le ventre afin de laisser passer les hôtesses ), l'identité de cette jeune femme me fut révélée dans des circonstances étranges. La porte s'ouvrit sur un homme en manches courtes. Cet homme était censé quitter les lieux, mais, plutôt que d'en sortir, il me fit un clin d'oeil en reniflant d'un coup sec.
- Vous n'aurez pas manqué d'être curieux de son prochain tournage, j'espère.
- Que voulez-vous me dire ? demandai-je.

Alors seulement il remit ses bretelles.
- La femme qui est assises à côté de vous.
- Et bien quoi ?
- C'est Monica Bellucci, reprit-il, l'actrice.
A ces mots, je me tournoi vers la rangée d'où sa petite tête émergeait sur le carré vert et bleu de la compagnie Alitalia. Je restai un long moment suspendu, réfléchissant à la perspective qui m'était offerte de séduire cette jeune actrice plus avant. Le sujet de conversation était évidemment tout trouvé. Pourtant, je décidai de n'en rien faire. ( Entre Monica et moi, ça ne pourrait qu'être sexuel, pensai-je. ) (2)


Il est temps, de plonger dans ce que l'auteur nomme à juste titre la gesticulation onusienne à Srebenica. Une gesticulation spectaculaire que tout le monde semble avoir oublié, tant l'intensité des guerres visibles et invisibles occupe nos chers humanoïdes.
Et pourtant, il faudra bien se résoudre à activer sa mémoire, si mémoire il y a :

" La tendance est et restera celle du multilatéralisme onusien, avec les conséquences facile que l'on peut en tirer touchant le sort des massacres à venir et des individus précis, os, chair, cheveux. La folie des États, qui est une folie structurelle, a besoin de ce nouveau mensonge-là. Le yaltisme a changé de style. Il n'est lus temps d'abandonner les petits peuples, Hongrie ou Tchécoslovaquie, à cette Europe de l'Est, d'ailleurs imaginaire, qui nous convient. Pour contenir les afflux migratoires consécutifs aux guerres civiles, il devient plus pratique de jouer à l'humanitaire en parquant les suppliciés à leur place. " - Sur la guerre - (3)

Les écrivains, note-il, ne manquent pas d'air, on les invite à rester cloîtrés dans leurs petits romans familiaux-érotico-sentimentaux-télévisuels, mais ils se déploient sur des terres d'aventures romanesques et réelles ( les deux font la paire ) au risque d'y " laisser des plumes "- le cas Céline en est la vérification permanente, et la haine que lui portent les tenants de la moraline sociale est loin de disparaître consommée par les feux du temps, et nous ne dirons rien d'H. Melville, de Ph. Sollers, M. Houellebecq ou V. Retz.

L'écrivain le précise en deux phrases :

" Une enquête est d'abord une enquête dans le temps, et tous les visages se renversent ou se décomposent éclairés sous un certain angle. Proust a raison : le temps se retourne comme un gant, mais ce n'est pas toujours un petit pan de mur jaune qui l'indique. " - Sur la guerre - (3)
Alors lisons, acte d'aventure s'il en est :

"... Mais que savent-ils au juste ? Rien, si ce n'est que la guerre est horrible. J'ai presque envie de leur répondre que la paix est horrible, et que la guerre est un bienfait, mais je m'assieds avec telle douceur, et, comment dire, une telle compénétration, qu'il devient très vite évident que nous allons nous plaindre, tous en choeur, de son absurdité. " (3)

" Parce qu'il entendait rétablir la paix, le général était partisan de la méthode forte. Mais lutter par la force eût signifié mourir pour les Balkans, une perspective tout à fait inimaginable alors que les intérêts vitaux des pays contributeurs n'étaient pas engagés. Au bout du compte, mieux valait tabler sur la négociation. Armés de ce principe, les soldats de la paix s'étaient moulés dans la guerre sans infléchir le moindre front. " (3)

" En somme, le général était un homme en colère, et c'est ainsi qu'il apparut aux diplomates réunis à New York. Que les belligérants soient accueillis à bras ouverts dans les chancelleries, que les civils soient parqués dans des camps où les enfants étaient opérés sans anesthésie et que les soldats de la paix soient dépendant du bon vouloir des chefs locaux, voilà qui, de toute évidence, semblait irriter le général. " (3)

" La cuisinière était assise dans le jardin. Je n'étais pas censé l'interroger sur la guerre, et nous parlâmes de choses et d'autres.
- Vous avez une petite amie en France ?
- Je crois.
- Et vous l'aimez ?
- Si on adopte la définition minimale de l'amour, oui.
- Quelle est la définition minimale de l'amour ?
- L'amour, c'est quand on souhaite coucher avec la même femme deux fois de suite.
- Effectivement, conclut-elle, c'est une définition minimale.
Un court instant, j'ai cru qu'elle allait me parler du siège de Sarajevo, mais elle ne s'est pas démontée, et j'ai dû me rabattre sur la vie. " (3)

" Dans un dispositif militaire conséquent, une armée doit pouvoir :
. un, savoir qui est l'ennemi
. deux, le frapper aux endroits stratégiques
. trois, neutraliser les contre-attaques en disposant d'une profondeur adéquate
. quatre, pratiquer le renseignement au niveau nécessaire.
Sans ces quatre principes élémentaires, il impossible de faire la guerre pour de bon ; tout autre déploiement relève de la parade, ou du folklore. " (3)


C'est notamment de ce folklore onusien et européen dont il est question dans ces deux livres, ils n'ont rien d'indispensable, simplement deux livres écrits sur le motif.

" Un gouvernement est fait pour gouverner et une armée pour faire la guerre, non pour servir d'auxiliaire à des juges. Voilà le genre de philosophie peu sympathique que nous aurions dû étudier, au lieu de quoi nous nous sommes enthousiasmés à la création du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et nous avons interprété le procès de Milosevic comme une avancée juridique remarquable. Mais il faut voir les conditions de ce procès : refuser que les vainqueurs soient possiblement inquiétés, botter en touche dès lors que notre position au cours de la guerre ( et notamment lors du massacre de Srebrenica ) se révèle compromettante - quelle sorte de justice est-ce cela ? Refuser de mettre fin au génocide des Bosniaques lorsqu'il se déroule sous nos yeux, puis de dépêcher de juger les coupables une fois que le mal est fait, à qui veut-on faire croire qu'il s'agit d'un procès moral dont les Européens auraient à se féliciter ? Un jour peut-être, des archéologues se pencheront sur notre petite époque passionnément éprise de Justice internationale, et, après s'être amusés entre eux dans une des succursales de la Sorbonne, ils intituleront leur colloque : " Les Kantiens ont-ils cru en leurs mythes ? " (4)

Il est amusant de constater que ces deux livres ont soit été ignorés soit vilipendés, " d'un Château l'autre " avait déjà ouvert le feu !

à suivre

Philippe Chauché

(1) Les 36 Stratagèmes / Manuel secret de l'art de la guerre / traduct. Jean Levi / Rivages Poche / Petite Bibliothèque
(2) Projet pour une révolution à Paris / David di Nota / L'Infini / Gallimard (3) J'ai épousé un Casque Bleu / Sur la guerre / David di Nota / L'Infini / Gallimard (4) Bambipark / Têtes subtiles et têtes coupées / David di Nota / L'Infini / Gallimard





lundi 29 novembre 2010

Ainsi va le Temps (16)

Aspect endormi du communisme balnéaire.

à suivre

Philippe Chauché

dimanche 28 novembre 2010

Ainsi va le Temps (15)


Le communisme balnéaire se contente de beaucoup.

à suivre

Philippe Chauché

samedi 27 novembre 2010

Ainsi va le Temps (14)



Aspect hollywoodien du communisme balnéaire, et ce n'est pas avouons-le, pour nous déplaire.

Ici même la vocation néo-féministe dominante, forme de croyance culpabilisée et morose, s'est exprimée, qu'il me soit permis de remettre comme l'on dit les " pendules à l'heure ". Les néo-féministes ont par essence un mal fou à s'accorder au Temps et à son retournement, comme d'ailleurs au sexe balnéaire et son détournement qui les glace, ce qui me fait pour le moins sourire.

Les néo-féministes outragées ressemblent à s'y méprendre aux nationalistes frileux.

" Convenons-en, entre malheur de la banalité et la banalité du malheur, le néo-féminisme n'invite guère au voyage. Le vent, la nuit, l'amour deviennent méconnaissables entre les murs désespérément parallèles des chemins de ronde. Tout y prend la couleur terne des collectivités fondées sur la gluance de la promiscuité. J'ai envie de crier : les êtres s'usent à se ressembler. " (1)

Ayant un temps lointain fréquenté les " divinités déclarées du féminisme militant ", ayant baigné dans leur catéchisme gluant et dominateur, je ne peux aujourd'hui que trouver amusant que quelques femmes s'en réclament, comme d'autres d'ailleurs se réclament du blabla " inter-mondialo-philosophique " de philosophes jetables comme le sieur Onfray et ses admirateurs staliniens, ou de l'analphabétisme crétin des chroniqueurs du " Monde Diplomatique " et cherchent querelle aux hommes libres, qui en toute conscience ont un " corps à la bouche ", et s'emploient tous les jours à embraser " l'Or du Temps " et embrasser les jambes dénudées de fées qui s'adonnent au communisme balnéaire.

" Un jour que champêtrement, par raffinement de volupté sur laquelle on se blase en ville, j'avais une bien belle et excellente fortune dans l'épaisseur du bois au Prater, dans le moment le plus intéressant, un bruit affreux se fait entendre en s'approchant de nous avec la plus grande rapidité.
A peine eus-je le temps de me dire : voici enfin la punition de tous mes péchés et entre autres celui qui se consommait que, quoique je regardasse à terre plutôt qu'au ciel, je vois sauter trente biches au-dessus de notre tête.
On conviendra que c'était bien de quoi arrêter le pécheur le plus endurci. " (2)

Mieux vaut deux jambes élancées et dénudées de Cyd Charisse ou de Marilyn Monroe que n'importe quelle leçon de moraline sociale.
Il faudra vous y faire !

à suivre

Philippe Chauché

(1) Lâchez tout / Annie Lebrun / Sagittaire / 1978
(2) Lettres et pensées du Prince de Ligne / In Texte Tallandier







vendredi 26 novembre 2010

Ainsi va le Temps (13)


De telles jambes valent largement leurs beaux discours.
à suivre
Philippe Chauché

mercredi 24 novembre 2010

Ainsi va le Temps (12)



Le communisme balnéaire a plus d'un tour dans son sac.


à suivre

Philippe Chauché

Ainsi va le Temps (11)



Robert Capa
Aspect splendide du communisme balnéaire.
à suivre
Philippe Chauché

mardi 23 novembre 2010

Ainsi va le Temps (10)

- Tout me pousse à penser qu'il s'agit-là cher ami d'un objet cher aux communistes balnéaires ?
- Vous n'avez pas tort, même si j'avoue que cette couleur n'a pas la mienne, mais enfin seul compte finalement la texture et l'ouvrage.
- Comme d'ailleurs vos étranges positions sociales !
- N'en doutez pas, si elles sont étranges c'est que cette époque l'est encore plus !
- Mais pour le reste ?
- Si vous attendez de moi que je vous en dise plus sur notre communisme balnéaire, je vous invite à patienter un peu, ou à vous plonger dans les oeuvres complètes de Ramon Gomez de la Serna, communiste du Rastro s'il en est, et le Rastro, vous en conviendrez s'ouvre sur la mer !
à suivre
Philippe Chauché

lundi 22 novembre 2010

Ainsi va le Temps (9)


Aspect publicitaire du communisme anglais.

à suivre

Philippe Chauché

dimanche 21 novembre 2010

Ainsi va le Temps (8)


Aspect désopilant du communisme grincheux et négligé.
à suivre
Philippe Chauché

vendredi 19 novembre 2010

Ainsi va le Temps (7)


Aspect troublant du communisme balnéaire.
à suivre
Philippe Chauché

mercredi 17 novembre 2010

Ainsi va le Temps (6)



Aspect ancien et amusant du communisme urbain.

à suivre

Philippe Chauché








mardi 16 novembre 2010

Presque Tout et son Contraire (16)





A F. S.

Aspects amusants du communisme balnéaire.

à suivre

Philippe Chauché















lundi 15 novembre 2010

Presque Tout et son Contraire (15)

" Les rêves sont des sensations à deux dimensions seulement. Les idées sont des sensations à une seule dimension. Une ligne est une idée. " (1)

Les humanoïdes devraient y regarder à deux fois avant de parler.

" Je suis ici, sur ce lit, comme un fainéant ; non point qu'il me déplaise d'être un terrible paresseux ; mais je hais de rester longtemps que ça, quand notre époque est la plus favorable aux trafiquants et aux filous ; moi, à qui il suffit d'un air de violon pour me donner la rage de vivre ; moi qui pourrais me tuer de plaisir ; mourir d'amour pour toutes les femmes ; qui pleure toutes les villes, je suis ici, parce que la vie n'a pas de solution. " (2)

Sans les hommes, les femmes s'ennuieraient, c'est aussi pour cela qu'elles nous quittent.

" Un vieillard, me trouvant trop sensible à je ne sais quelle injustice, me dit : " Mon cher enfant, il faut apprendre de la vie à souffrir la vie. " (3)

" La jouissance me donne des ailes ", aimait-elle m'avouer. Je l'invitais à se prémunir contre les trous d'air.

" Vise à être aimé sans être admiré. " (4)

Le rap est à la musique, ce que le beaujolais nouveau est au vin.

" Il ne tient qu'à moi d'être vieux. J'ai de quoi. Mais j'ai dit : je ne le suis pas, et cela me réussit. On peut s'empêcher au moins d'être un vieillard : c'est la paresse de corps et d'esprit qui la constitue. Tant pis pour ceux qui s'y laissent aller.
Je ne dis aussi : je ne veux pas mourir. Je ne sais comment cela réussira. " (5)


Si l'on m'attribue un jour un prix, ce sera celui du plus mauvais coucheur.

à suivre

Philippe Chauché


(1) Le retour des dieux / Manifestes du modernisme portugais / Fernando Pessoa / traduct. José Augusto Seabra / Éditions Champ Libre
(2) Oscar Wilde est vivant ! / Maintenant / Revue littéraire / octobre-novembre 1913 / Arthur Cravan / Oeuvres / Ivréa
(3) Caractères et Anecdotes / Chamfort / Gallimard
(4) Remarques mêlées / Ludwig Wittgenstein / traduct. Gérard Granel / GF Flammarion
(5) Prince de Ligne / Lettres et Pensées / Fragments de l'histoire de ma vie / Tallandier

dimanche 14 novembre 2010

Ainsi va le Temps (5)

" Je passe parfois des heures, sur la place du Torreiro do Paço, au bord du fleuve, à méditer vainement. Mon impatience veut sans cesse m'arracher à cette quiétude, et mon inertie m'y retient aussi sans cesse. Je médite donc, dans une torpeur de l'être physique qui ressemble à de la volupté autant que le murmure du vent peut évoquer des voix, dans la perpétuelle insatiabilité de mes vagues aspirations, dans la constante instabilité de mes impossibles désirs. Je souffre, en tout premier lieu, de cette maladie de pouvoir souffrir. Il me manque quelque chose que je ne désire pas, et je souffre parce cela n'est pas réellement souffrir.
Le quai du fleuve, la tombée du jour, l'odeur de l'eau - tout cela entre, et entre conjointement, dans la composition de mon angoisse. Les flûtes d'impossibles bergers ne pourraient être plus suaves que leur absence même, et que l'évocation, grâce à cette absence, de ces flûtes irréelles.
De lointaines idylles, sur les berges de quelque ruisseau, me blessent d'une heure semblable, au-delà de moi (...) " (1)

Il passait souvent des heures à regarder le fleuve, laissant les derniers rayons du soleil d'hiver disparaître dans le gris sombre des eaux, c'est ce qu'il écrit. A quelques pas de là, s'étaient nouées quelques aventures dont il avait ailleurs dessiné les contours. Un corps y avait coulé, et il se demandait si c'était le sien. Une ombre errante l'enveloppait et lui faisait perdre ses dernières désillusions.

" Organiser notre existence de façon qu'elle soit aux yeux des autres un mystère, et que ceux mêmes qui nous connaissent le mieux nous ignorent seulement de plus près que les autres. J'ai façonné ainsi ma vie, presque sans y penser, mais avec tant d'art et d'instinct que je suis devenu pour moi-même une individualité, mienne sans doute, mais qui n'est ni clairement ni entièrement définie. " (1)


à suivre

Philippe Chauché


(1) Le livre de l'intranquilité / II / Fernado Pessoa / traduct. Françoise Laye / Christian Bourgois Éditeur

samedi 13 novembre 2010

Michel Portal Danse



La musique est une danse permanente, c'est ce qu'il pense, en écoutant les musiques de Michel Portal (1).
La musique danse lorsqu'elle embrase ainsi le Temps.
La musique est un verbe en mouvement permanent qui dénoue nos doutes.
Michel Portal, oscille entre Mozart et ses propres compositions, cet homme c'est Ulysse qui s'embarque sur les mers musicales.
Ses voiles : des clarinettes et des saxophones.
Ses manières : une danse.
Son style : une certaine idée de la beauté.



Que serions-nous sans la musique ? Peu de choses, note-t-il.

Écoutez par exemple, " Ombres " (1), c'est Picasso. Clarinette et guitare, beauté éblouissante de la mélodie, le visible et l'invisible, le vide en retenue, fleurs d'accords, posture chinoise s'il en est. La saveur et le savoir du musicien.
Michel Portal, écrit-il, ouvre sa musique comme José Tomas sa cape. C'est net et clair, profond, magique, fleuri.

Écoutez aussi, " Citrus Juice " (1), c'est une floraison d'accords, sauts et suspensions du Temps, toute la musique noire y explose.
Mingus est là, mais aussi Miles, Barney Wilen, Ornette Coleman, Gil Evans dans sa période espagnole, une permanence de l'histoire de la musique américaine, une passion troublante de la mélodie, dans ses éclats et ses déchirements, le corps mis en avant comme dans une naturelle.

Michel Portal a une mémoire d'éléphant dansant et de philosophe amusé, la musique vient de là, de la forêt et des rues où passent quelques hommes adeptes de dérives sensuelles.
Michel Portal est un magicien blanc qui explore avec grâce le continent noir de sa musique, c'est un musicien noir qui fait chanter et danser Mozart (2) comme personne, c'est un musicien européen a l'accent américain, un américain à Paris, un musicien stylé et joyeux.

Seule la musique sauve provisoirement du désastre.





à suivre

Philippe Chauché

(1) Baïlador / Michel Portal / Universal
(2) Wolfgang A. Mozart / Clarinet Quintet. Kegelstatt-trio. Adagio et Fugue / Michel Portal - Jean Claude Pennetier - Quatuor Ysaÿe / Ysaÿe Records

mercredi 10 novembre 2010

Ainsi va le Temps (4)













Ces hommes ont du style, et c'est une belle manière de retourner le temps.

à suivre

Philippe Chauché

Ainsi va le Temps (3)



L'auteur amusé par son garde du corps.

à suivre

Philippe Chauché

dimanche 7 novembre 2010

Ainsi va le Temps (2)




La peinture qui n'est pas une machine de guerre est sans intérêt.
Et vous, combien de divisions ?

à suivre

Philippe Chauché

samedi 6 novembre 2010

Ainsi va le Temps.



L'art se vit sur le motif.
Essayez de vérifier si cela marche aussi pour l'amour ?

à suivre

Philippe Chauché

vendredi 5 novembre 2010

Presque Tout et son Contraire (14)



Pierre Auguste Renoir 1841-1919

" La plus célèbre des fleurs et la plus enchanteresse des femmes s'unissent pour charmer les regards ;
Elles font qu'un sourire joyeux ne s'efface jamais sur un visage auguste.
Si le printemps s'écoute et s'en va, que ( lui ) importe ? " (1)

" La folie de la vie nous fait parfois assister à d'absurdes invitations où nous mangeons et entendons ce que nous ne voudrions ni manger ni entendre. " (2)

Elle traversait la vie comme un aveugle une autoroute.

Toute ressemblance avec des personnes ayant existé, ou existantes est parfaitement volontaire.

" Liste des couleurs des villes

Brooklyn, biscottes.
Le Caire, terre et ciment.
Istanbul, gris plomb et vert tilleul.
Londres, spéculoos et abricot.
Paris, gris pigeon.
Saint-Sébastien, jaune argile.
Venise, corail. " (3)

Il se dit, le matin une rose et un baiser, le midi un baiser et une rose, le soir silence des fleurs.

Il garde mille éclats de son passage, miroir brisé.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Strophes improvisées / Li-Taï-Pé / Poésie de l'époque des Thang / traduct. Marquis d'Hervey-Saint-Denys / Éditions Ivrea
(2) L'Homme perdu / Ramon Gomez de la Serna / traduct. François-Michel Durazzo / André Dimanche Éditeur
(3) Encyclopésie capriciseuse du tout et du rien / Charles Dantzig / Grasset

mercredi 3 novembre 2010

Jour des Vivants



" Boire du vin et étreindre la beauté
Vaut mieux que l'hypocrisie du dévot ;
Si l'amoureux et si l'ivrogne sont voués à l'Enfer,
Personne, alors, ne verra la face du Ciel. " (1)

Ce qu'il aimait chez les femmes : leur inconstance.
Ce qu'elle détestait chez les hommes : leur fidélité.
Morale : le petit théâtre des sexes fait florès.

" Ces hommes silencieux, sombres, méchants, possèdent quelque chose que vous ne pouvez leur disputer, une jouissance étrange et rare du dolce farniente, une tranquillité de crépuscule et de soleil couchant, telle que seul la connaît un coeur qui fut trop souvent consumé, déchiré et empoissonné par les passions. " (2)



Le cinéma l'occupait tellement que lorsqu'elle s'offrait, elle se faisait doubler.
Le cinéma l'amusait tellement que lorsqu'il lui parlait, il se soutitrait.

" On n'apprend rien dans le fond.
On apprend tout dans le ton. " (3)

Au risque de déplaire, il s'amusait à plaire.
Au risque de plaire, il s'amusait à déplaire.
Au risque de la faire fuir, il lui souriait.


De chaque instant de sa vie il faisait un toreo, et il s'étonnait de prendre des coups de corne.

Son style : des pertes de mémoire.


à suivre

Philippe Chauché

(1) Les quatrains / Omar Khayyam / traduct. Charles Grolleau / Éditions Gérard
Lébovici
(2) Aurore / Friedrich Nietzsche / traduct. Julien Hervier / Gallimard
(3) Commérages / Esnaola / Distance

mardi 2 novembre 2010

Jour des Morts



Les morts ont leur jour, et les vivants ?



à suivre

Philippe Chauché

lundi 1 novembre 2010

Question de Style (2)



Le Style contre la censure et la société, c'est bien de cela qu'il s'agit, un acte permanent de résistance active.



Le Style une autre façon d'aimer, les fleurs, ces corps en mouvement ont beaucoup de choses à en dire.

Le Style, une absence visible.

à suivre

Philippe Chauché