mardi 29 mai 2012

Eclat d'Aile



" Celui qui écrit est celui qui cherche à dégager le gage. A désengager le langage. A rompre le dialogue. A désubordonner la domestication. A s'extraire de la fratrie et de la patrie. A délier toute religion. " (1)
 
Dans le mouvement d'aile qui l'occupe il saisit l'importance et la force des choses anciennes faisant sienne cette remarque de l'empereur Claude - que reprend P. Quignard  - : " Les choses les plus anciennes on été extrêmement neuves. ", la modernité pense-t-il, n'a d'importance que si elle est d'Or, lorsque A. Breton cherchait l'Or du Temps, c'est à cela qu'il pensait, l'ancien passé n'est bien heureusement pas fini, seul passe le présent, l'art qu'il lui arrive d'admirer est pour sa plus grande part d'un autre temps, l'art qu'il lui arrive d'ignorer est d'aujourd'hui, l'aile de l'oiseau le lui rappelle continûment.





à suivre

Philippe Chauché

(1) Les Ombres errantes / Pascal Quignard / Dernier royaume 1 / Grasset / 2002

16 commentaires:

  1. Celui qui écrit est celui qui cherche à dégager le gage.

    Supposons. Celui qui écrit peut aussi avoir une chose trop pressante, trop importante à dire pour prendre le risque de l'exposer, au moment où il le couche sur le papier, à autre chose qu'à la feuille. L'expulsion par l'écriture est un moyen de dompter les émotions en leur garantissant la liberté par la suite. Exprimées par l'écriture, elles colonisent la page et s'immissent chez d'éventuels lecteurs où elles continueront à vivre. S'il n'est pas d'autres lecteurs prévus, il suffit de ne pas le leur dire au moment de la libération.


    A désengager le langage.

    Alors ça, si la formule est spendide et l'oxymore spirituel, le contenu est une fière ineptie. Ecrire, c'est transformer l'âme en encre. C'est se battre avec la pudeur, c'est formuler l'initelligible, c'est penser au lecteur qu'on en veut pas connaitre mais qu'on veut convaincre. C'est retrouver les sensations d'un vécu et se faire croire qu'on évacue. Ecrire est une impérieuse douleur. N'était ce pas Stendhal qui disait "écrire est un acte d'amour sinon il n'est qu'écriture"? Cette belle formule est irrecevable.

    A rompre le dialogue.

    Bon, manifestement l'auteur décide de nous doucher à l'Ecossaise. Il tient bien la rhétorique mais à trop vouloir en faire, à moins qu'il ne soit dans le récit de la dévastation d'un chagrin d'amour, à trop vouloir en faire disais-je, il en devient relou comme on dit chez les capuches.


    A désubordonner la domestication. A s'extraire de la fratrie et de la patrie.

    Très probablement puisqu'écrire (et pas l'écriture) est ouvrir sur l'intime. LE PLUS intime de soi car écrire répond à une urgence. Bien sûr qu'il est acte libératoire, mais pas dans l'instant. Il faut que sèche l'encre et qu'elle commence à pâlir avant que les effets ne se fassent sentir.


    A délier toute religion."
    Reste ici l'abiguité de délier...

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  2. Monsieur ou Madame l'illusionniste :

    - toute écriture est une fiction, elle ne dompte rien, sauf la main qui tient la plume.
    - on ne peut transformer le rien en encre.
    - écrire s'est souvent ignorer son lecteur
    - la douleur existait avant l'écriture et heureusement elle lui survivra.
    - parfois Stendhal se trompe.
    - la dévastion est un chantier permanent.
    - relou ?
    - point d'urgence dans l'écriture, comme " point de lendemain " !
    - libérer la religion des hommes.
    Finalement je pense vous avoir reconnu !

    Bien à vous.

    Chateaubriand

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  3. Cher Philippe Chauché,

    Nous lisons tous vos textes — ceux que vous citez, comme les vôtres — toujours avec beaucoup de plaisir, et même de satisfaction : celle de savoir que ceux que nous connaissions, nous ne sommes pas les seuls à les goûter, et les autres, que nous découvrons, parce que vous les choisissez toujours admirablement. Personnellement, mon opinion sur P. Quignard est mitigée.

    À tout hasard : nous ne sommes pas les auteurs du précèdent commentaire.

    À part « Lin-tsi », chez vous et ailleurs, je signe de mon nom.

    Bien à vous,

    Vaudey

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  4. Manifestement nous ne faisons pas la même révolution.

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  5. Chers Libertins-Idylliques,

    Pas un instant, je n'ai pensé que vous aviez signé le texte guevarien, j'ai ma petie idée, mais j'ai toujours un vif à vous lire ici et là, et votre petit livre un temps publié dans l'Infin n'a jamais très éloigné de ma tour.

    Bien cordialement.

    Philippe Chauché

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  6. Si l'écriture est un jeu social, en effet, telles les paillettes sur un costume de torero, fut-il mort, elle peut briller.

    Quand l'écriture devient dire, elle peut être chuchotis, ordre, révolte, invite, exutoire.

    Je me rappelle avoir lu letravail universitaire d'une mienne cousine sur la correspondance des poilus pendant la guerre de 14. Certains textes étaient truffés de fautes, lma langue n'était pas toujours belle mais les mots étaient là. Et s'ils parlaient du scripteur ils parlaient aussi du monde, de l'autre monde, celui de la Vie et pour ce faire il fallait un interlocuteur.
    Monsieur, si vous ne faites de l'écriture qu'un jeu, pour ma part, il m'arrive d'écrire.
    Au fait, quid des auteurs que vous semblez admirer?

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  7. Ça n'est donc qu'à mes seuls yeux qu'il manque un 't' à "Les choses les plus anciennes on été extrêmement neuves." ? ( J'avais vu la coquille il y a deux jours mais j'étais curieux de savoir si d'autres yeux allaient la voir, d'autres doigts l'indiquer...)

    Je réécris que c'est un plaisir de vous lire cher Philippe Chauché et je me joins aux mots que vous adressez à "Lin-tsi" (sa mort et sa re-né-sens sont belles).

    Et parce que j'aime jouer avec les mots et les pensées :

    Les choses qui sont extrêmement neuves vont devenir très anciennes.

    Bien à vous tous.

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  8. Eh non ! Tout le monde l’avait vue, cette coquille, M. Cédric, mais en fait tout le monde vous attendait, en se demandant combien de temps il faudrait patienter pour vous attraper grâce à ce petit coquillage !

    C’est fait.

    Disons que ce rôle vous est désormais dévolu : vous êtes les yeux de M. Chauché ; son assistant de bon cœur, en quelque sorte — tous les auteurs ont besoin d’un correcteur. On attend maintenant les remarques sur la ponctuation et tout le reste.

    Plaisanterie mise à part, c’est un plaisir de vous lire
    : votre belle inspiration ne tarit pas !

    Sinon, le « Quand l'écriture devient dire, elle peut être chuchotis, ordre, révolte, invite, exutoire. » ça vous inspire, ou bien ?

    Moi, c’est bizarre, je repense à l’admirable prose de Mao, surnommé l’Adolphe des nuits-câlines-nuits-de-Chine, ou encore le Joseph-du-Tibet, et à ces (ses) foules, non moins admirables, qui, dans un « recueillement » pas mondain pour un yuan, pratiquaient l’autodafé, le lynchage, et l’« autocritique ».

    Pour les poilus, quand je ne pense pas aux pin-up des seventies (cf. le site «lostintheseventies.blogspot.com/»),je relis plutôt les Lettres à Lou d’Apollinaire, ou ce poème dans Calligrammes qui me fait penser à Guy Debord (private joke… )

    C’était un temps béni nous étions sur les plages
    Va-t’en de bon matin pieds nus et sans chapeau
    Et vite comme va la langue d’un crapaud
    L’amour blessait au cœur les fous comme les sages

    As-tu connu Guy au galop
    Du temps qu’il était militaire
    As-tu connu Guy au galop
    Du temps qu’il était artiflot
    À la guerre

    — mais j’ai tout le respect du monde pour tous les autres poilus : deux de mes ancêtres en furent et moururent quelques années après la Grande Guerre, qui fut aussi la « guerre des gaz ».

    Pour finir avec les toreros, et pour déplaire un peu à Philippe Chauché, je tiens à apporter ma pierre (en forme de clef de voûte) à la querelle autour de la corrida et de la consommation de viande : je propose qu’à l’avenir seuls ceux qui pourront toréer leur taureau (et, à la limite, leurs aficionados) puissent manger de la viande ; on en finira ainsi avec les ersatz de viande issus du prétendu « élevage » « hors-sol » et la « chaîne » industrielle qu’il implique (à bas les chaînes !), et avec les abattoirs concentrationnaires.
    Pour tous les autres : régime végétarien façon Inde du Sud (riche, savoureux mais spicy !)

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  9. À l'anonyme révolutionnaire >


    Écrire, c'est mettre de l'ordre dans les mots qui circulent anarchiquement entre le coeur et le cerveau.

    Et chaque être humain, déjà venu ou à venir, a disposé, dispose et disposera d'un coeur, d'un cerveau et d'un ordre différents.

    Que chacun s'exprime ; l'originalité et la vérité ne viendront de toute façon, quoi qu'on entende, quoi qu'on lise, jamais que de soi.

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  10. Shtroumpf rigolard1 juin 2012 à 03:59

    C est fait, Philippe Chauché a un zorro qui le suiS et qui montre qu écrire peut être engagement. À corps et à cri.

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  11. @Che Guevara : ne vous inquiétez donc point pour le contenu de votre commentaire fort remarquable qui dit des choses bien plus concrètes que l'auteur de ce blog qui jette pelle mêle sur ses publications des tas d'extraits d'auteurs dont il n'a pas la maitrise, mais vous savez aussi bien que moi qu'à force de vouloir faire son intéressant on finit toujours par se faire remarquer par qui est prédisposé à vouloir s'intéresser aux autres.
    Il n'assume pas ce qu'il écrit pour affirmer qu'en quelque sorte ce n'est pas lui qui écrit, ou l'auteur, depuis la nuit des temps nous ne lisons que de l'écriture automatique, nous nageons en plein ésotérisme, pauvres imbéciles que nous sommes en tant que lecteurs et pauvres auteurs dont certains doivent se retourner dans leurs tombes !!! Quant aux philosophes je ne vous en parle même pas, ce n'est pas leurs pensées profondes que nous lisons à chaque fois, mais les effets de leur main frénétique sur le papier ! Quant au fait qu'"écrire c'est ignorer son lecteur" ce n'est là qu'un jet d'écriture de quelqu'un de désabusé, désenchanté, désorienté, déstabilisé, décervelé et à qui on a supprimé les fonctions vitales comme celles du cœur et de la morale !!!
    Un cynique tordu qui n'attire son attention que par ce défaut tant il est inhabituel ! Puis, nous avons toujours envie d'aller voir du côté des forces démoniaques, c'est plus fort que nous, cela semble plus risqué et plus amusant de jouer avec le feu !!!
    Mais Che Guevara, s'il est un plaisir de vous avoir lu ici, il semblerait que vous pourriez faire profiter votre belle plume à des personnes moins hermétiques, moins prétentieuses, moins stupides !
    De toute façon il faut toujours se méfier de ceux qui ne citent que les autres, c'est une belle manière de ne pas s'engager et surtout pas dans la vie ! Vous avez à faire là à un mort vivant, et il semblerait que vous en revanche, vous êtes bien vivante ! Alors, c'est vous qui voyez !!!

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  12. Que les choses soient claires ! Je ne suis venue ici que pour soutenir un esprit brillant, celui de Che Guevara ! Le reste, ce blog, vos commentaires, les commentaires de vos amis qui ne me donnent pas envie d'être amie avec eux, restent dans le vague absolu, c'est ici l'éloge du rien prétentieux ! Beaucoup peignent, beaucoup jouent d'un instrument, beaucoup dansent, beaucoup écrivent...mais certains devraient, à la place, se mettre au tricot ! ça habillerait au moins quelques pauvres gens plutôt que de lire de telles inepties destinées à une classe qui s'ennuie !!!

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  13. A l'anonyme féminine > Ce qui est amusant avec la prétention, c'est qu'elle oublie toujours de se regarder elle-même. :-)

    La plus grande des prétentions, c'est de juger l'autre prétentieux.

    Et puis que savez-vous de la maîtrise du tricot de ceux que vous encouragez à s'y mettre ? ;-)

    Mais continuez, vous m'amusez, chère anonyme féminine. ( Et si Philippe Chauché ne souffre plus vos mots ici, venez commenter sur mon blog, tous les commentaires y sont les bienvenus, tous, même les fielleux...)

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  14. Houlà ! Anonyme féminine et Cédric le redresseur de lettre, vous connaissez vous personnellement ou parlez vous d'autre chose ...

    Pour le lecteur non averti, ça sent le cadavre de torero dans le placard tout ça ! Et après, notre hôte va nous dire que l'écriture désengage le langage et romp le dialogue ?

    Monsieur Chauché, Cédric et anonyme féminine sont des agents de Cuba ! Ils sont là pour faire tomber votre impérialisme sur votre territoire et sont à la solde de Che Guevara !

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  15. Rassure ses amis et ses ennemis, cette absence n'était que temporaire, le voilà de retour. Il va donc s'employer à démilitariser les militants, ridiculiser les mélenchonistes bavards, et poursuivre sa Défense de l'Infini.

    Un abrazo.

    Philippe Chauché

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  16. Planquez les bombes de peinture le proprio est là !2 juin 2012 à 19:54

    Dieu quoi :-) !

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